Il faut vous dire que le salon de Genève est généralement un salon à part. On y sent une véritable frénésie. Les journalistes s'y précipitent avec curiosité. Les constructeurs réservent souvent leurs nouveautés les plus importantes pour ce salon.
Cette année, il faut le voir pour le croire. Le vivre. Tout a commencé tôt ce matin à huit heures, premier jour d'ouverture du salon pour les journalistes. Tout d'abord, quasiment pas d'embouteillage pour se rendre sur le parking. Ensuite, aucune file d'attente pour entrer dans le salon. Direction la salle de presse. On s'y bat généralement pour trouver sa place. Mais cette année, on se croirait dans une poussiéreuse maison de la culture de province. Aucune ambiance. C'est manifeste, il y a de manière certaine moins de journalistes à Genève.
Moins de journalistes, moins de voitures exposées
Les dix rédacteurs de Caradisiac ne perdent pas pour autant leur enthousiasme et se ruent dans le premier hall du salon. Il est neuf heures. Première impression encore curieuse dès le départ : les années passées, les allées étaient noires de monde. Cette fois, on voit à l'horizon un long ruban de tapis rouge.
L'impression que ce salon n'est pas comme les autres se confirme quand on observe les stands de nombreux constructeurs. Dans l'une des allées centrales, le stand Suzuki fait quasiment face au stand Renault. Un espace en bordure de l'allée d'une trentaine de mètres carrés est vide, sans auto. Un peu plus loin, le stand de Mazda a conservé la même superficie que celle de l'année passée. Mais au centre du stand, un grand nombre de chaises et de petites tables occupe l'espace, une sorte de restaurant au coeur de l'espace, sans auto (pas de Mazda RX8 ou MX5 par exemple).
Mais c'est chez Fiat que l'on ressent sans doute le mieux ce malaise. Les voitures exposées? Quatre Fiat 500 seulement, plus la 500 cabriolet. Une misère. Un désert qu'il a fallu combler. Comment? En réservant la majeure partie du stand à une installation où ne figure aucune voiture. On y voit des escaliers qui mènent vers un petit jardin. Sur les marches sont juchées des hôtesses. A l'entrée de cet espace, des vigiles qui en ferment l'accès.
Chez Subaru, chez Volkswagen, là aussi, il y a beaucoup de places entre les voitures exposées.
Des cache-misère qui voudraient nous faire croire que rien n'a changé
Bref, moins de journalistes, moins de voitures exposées, moins de nouveautés, pour l'anecdote moins d'hôtesses et beaucoup de cache-misère qui voudraient nous faire croire que rien n'a changé. De fait, ce salon fera peut-être date. Il y aura un avant et un après Genève 2009.
"Avant", ce serait avant la crise qui frappe depuis quelques mois l'industrie automobile dans le monde. L'époque de l'opulence et de croissance à deux chiffres. "Après", ce serait une nouvelle ère. Une société où l'automobile ne tiendrait plus une place majeure. Le salon de Genève disparaîtra-t-il un jour ? A court terme, la réponse est non. Mais à quinze ans, êtes-vous sûr du contraire? L'auto de demain justifiera-t-elle encore la tenue de tant de salons dédiés dans le monde?
Un espoir ? La slow auto
En attendant, pendant que certaines marques, et malheureusement des françaises, continuent de produire des voitures comme si le monde ne changeait pas (on pense au designers de Renault qui avec les nouvelles Clio et Scénic ne font pas oublier l'échec esthétique de la dernière Laguna, on pense à ceux de la Peugeot 3008 qui ont dessiné une calandre coupe-frites d'une agressivité douteuse), d'autres évoluent vers des formes plus rondes, vers une approche de l'auto qui s'inscrit mieux dans une société en souffrance, qui correspond sans doute autrement à ce qu'attendent les automobilistes aujourd'hui.
Le Cube de Nissan et son concept "slow" est de ce point de vue intéressant, de même que les silhouettes des Kia Soul, Citroën C3 Picasso, Toyota i-Cube et ancienne et visionnaire Daihatsu Matéria. Qu'en pensez-vous ? Ferez-vous partie des futurs grands-parents qui raconteront à leurs petits-enfants qu'à une époque des salons étaient consacrés uniquement aux voitures, que des automobilistes du monde entier les visitaient, pour rêver, pour les acheter, et que vous avez fait partie de ceux-là?
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