Un peu plus d'une semaine après les révélations du tabloïd britannique News of the World sur les moeurs dissolues et ambiguës de Max Mosley, la question de son départ n'a pas encore trouvé de réponse définitive. Les avis sont toutefois de plus en plus convergents dans le milieu.
En effet, après un premier temps de silence quasi général tout juste troublé par le soutien de la Fédération brésilienne, l'habituel j'menfoutisme de Kimi Raïkkönen et quelques réprobations timides, la confirmation de la réalité des images commence à faire causer au plus haut. Ainsi, les constructeurs commencent à cerner l’impact négatif qui portera forcément à conséquence. BMW et Mercedes ont sagement pris leur distance alors que les japonais de Toyota et Honda affirmaient clairement que la réputation de la F1 était en jeu. Même Stefano Domenicali de Ferrari lâchait un laconique mais explicite « Chaque personne à un rôle qui l’oblige à avoir une conduite en adéquation avec ce rôle». Les fédérations israélienne, hollandaise et américaine ont clairement évoqué leur stupeur ainsi que l’inévitable démission de Mosley dans l’intérêt du sport automobile.
Même rengaine auprès des personnalités du sport automobile. Paul Stoddart, Martin Brundle, Jackie Stewart ont été rejoints par Niki Lauda, Jacky Ickx et Jodi Schekter pour demander à Mosley de démissionner. Chez les acteurs de la F1 actuelle, les voix de Mike Gascoyne et de Vija Mallya, le patron de Force India, sont assourdissantes : Mosley doit partir ! Difficile de trouver un allié pour soutenir le président de la FIA qui cherche, de son côté, à gagner du temps. Ce dernier a en effet convoqué un Conseil extraordinaire mais contrairement à d’autres affaires récentes où ce type de réunion se tenait quasiment dans les 15 jours, ici, nous pourrions attendre 3 mois, soit le délai maximum si aucun des sénateurs de la FIA ne demandent à avancer la date.
C’est lors de cette réunion qu’un vote dira si oui ou non, la FIA démet son président si tant est que les textes le lui permettent, ce qui n’est pas acquis. Il subsiste un doute sur le statut réel du Président dans l’organigramme de la FIA. S’il est considéré comme un membre, il est passible de sanctions pour avoir porté atteinte à l’institution FIA mais sa position de Président pourrait lui valoir d’être au dessus de ces considérations !
Dans le même temps, News of the World vient d’en remettre une couche. En effet, dans son édition de Dimanche, le tabloïd publiait l’interview d’une des 5 prostituées qui affirme que les pratiques Nazi étaient une demande personnelle de Mosley. Pour prouver ses dires, le magazine vient d’annoncer qu’il allait mettre à la disposition des 222 associations du sport automobile à travers le monde un DVD dévoilant l’intégralité (5 heures !) de la partie sado-maso de Max Mosley.
Max Mosley œuvre depuis 15 ans pour le bien de la Formule 1. Il a notamment porté le niveau de sécurité des monoplaces et des circuits à un degré que personne n’imaginait possible. Mais Max Mosley s’est toujours flanqué dans la droite posture du défenseur des intérêts de la F1. Le fameux article 151c dont le président de la FIA s’est largement servi pour exclure McLaren l’an dernier ne dit rien d’autre que ceci. La FIA peut sanctionner :
“Any fraudulent conduct or any act prejudicial to the interests of any competition or to the interests of motor sport generally”. Toute conduite frauduleuse ou acte préjudiciable aux intérêts de n’importe quelle compétition ou aux intérêts du sport automobile en général.
Martin Brundle qui eut, comme beaucoup d’autres, maille à partir avec Mosley a assez bien résumé la situation d’un biblique « celui qui use du glaive, périra par le glaive ». Max Mosley s’est forgé en 2007 une image de garant de la morale en Formule 1 et même si les révélations ne remettront jamais en cause les qualités de management et de droiture de l’avocat dans les affaires publiques de la FIA, il n’en reste pas moins vrai que sa crédibilité ne sera plus jamais la même. Plus que la découverte d’une relation sexuelle, ce sont bien sûr les relents Nazi et les perversions qui assombrissent le tableau. Dans le futur et à supposer qu’il reste en place, lorsqu’il lui faudra être intransigeant, cette plaie sera une béance dans laquelle s’engouffreront les accusés pour réclamer leur maintien ou l’absence de sanction. Pour l’intérêt du sport automobile, de la crédibilité des instances et de leurs décisions futures, pour la légitimité de ce sport, Max Mosley ne peut plus être président.
Max Mosley est un grand président, son départ ne devra pas être considéré comme la victoire d'un camp ou d'un autre mais comme la fin d'un cycle auquel il aura mis fin par lui même. S'il part de son propre chef, il pourra le faire la tête haute. S'il reste, ...
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