La démocratisation des véhicules électriques arrive à grands pas et il est temps pour le gouvernement de se pencher très sérieusement sur la mise en place d'une infrastructure de bornes de recharge efficace. Et alors que le sénateur des Alpes-Maritimes Louis Nègre remettait récemment son Livre Vert sur le sujet, force est de constater que sans une copieuse aide de l'Etat, la facture risque d'être salée pour les automobilistes.


Pour effectuer ses prévisions, Louis Nègre s'est appuyé sur une agglomération fictive composée de 500 000 habitants et dans laquelle circulent 275 000 véhicules thermiques en 2010. En se basant ensuite sur le taux de pénétration estimé des véhicules électriques, il est parvenu à déterminer que l'on pouvait compter dans cette même agglomération sur 3300 véhicules électriques en 2015 et 15 000 en 2020. Deux types de recharge sont alors envisagés et apparaissent comme réalistes par rapport aux habitudes de stationnement dans l'agglomération ; une principale, faite sur le lieu de stationnement habituel de l'utilisateur (pour 20% d'entre eux ils se fait sur la voirie), qui concerne 90% des recharges, et une secondaire, effectuée dans des lieux publics dans les 10% des cas restants.


L'offre la plus raisonnable consisterait alors à proposer un point de recharge par véhicule. Sur les 3300 bornes nécessaires, 660 seraient installées sur la voie publique, le reste étant installé dans des lieux privés tels que le domicile ou encore le lieu de travail. S'ajouteraient également 250 bornes permettant de recharger plusieurs véhicules en même temps et des bornes de recharge rapide disponibles dans certains endroits bien précis.


Ce sont donc en moyenne 900 bornes qui devront être installées par la collectivité, soit un investissement de 5,5 millions d'euros. Et qui règlera la facture ? Cela reste à voir. Sans aucune aide de l'Etat, le prix d'équilibre supporté par l'utilisateur sera en moyenne de 13 euros par plein (25kWh pour un véhicule capable de parcourir 160km), un prix qui baissera ensuite de 20 à 30% après atteinte du seuil de rentabilité en 2014. 13 euros pour une recharge « de base », mais 24 pour une charge accélérée et jusqu'à 36 euros pour une charge rapide, tarif auquel il convient d'ajouter 2 euros pour l'électricité. Un calcul qui fait dire à Louis Nègre qu'il faudra compter pour un utilisateur rechargeant majoritairement son véhicule sur l'espace public un coût atteignant 9000 euros sur 8 ans, soit 1125 euros pour une année.


Louis Nègre conclut son rapport en insistant sur l'importance d'une aide de l'Etat pour faire décoller le marché du véhicule électrique et préconise l'adoption d'un « signal tarifaire » permettant de recharger son véhicule sur l'espace public au même prix que sur l'espace privé. L'Etat a de son côté annoncé le déblocage d'une enveloppe de 50 millions, un chiffre loin des 300 millions nécessaire au développement des 44 000 bornes publiques qui devront équiper en 2015 les 25 plus grandes agglomérations françaises.


Source : AutoActu