La décade prodigieuse
Organisée dans le cadre de la Coupe du Monde de football qui se déroule à Mexico en 1970, cette épreuve unique longue de plus de 24 000 km dure trois semaines. Pour l'occasion, Ford construit sept prototypes, spécialement renforcés et dotés de moteur 1850 cm3 de 140 ch. Fortes de leur robustesse, d'une logistique sans faille et surtout d'une puissante assistance technique, les Escort 1850 GT vont balayer la concurrence. Mikkola vainqueur à Mexico devance une solide armada de Ford (Aaltonen 3e, Makinen-Staepeleare 5e, Greaves-Fall 6e, Zasada 8e)...
Au-delà de l'exploit, c'est aussi un super coup médiatique qui vient à point nommé pour sauver la saison de l'Escort. Le moteur Lotus ne peut donner plus de 160 ch sans perdre totalement sa fiabilité et malgré le talent de ses pilotes, la Twin Cam est condamnée à la figuration dans le nouveau Championnat International rassemblant des plateaux nettement plus relevés. Porsche et Alpine font la loi. Hormis une nouvelle victoire de Mikkola aux 1000 Lacs devant Timo Makinen, les Escort doivent se contenter des seconds rôles (Clark, 5e à Monte Carlo, Andersson 3e à l'Acropole, Piot 6e en Corse). Dans le même temps, la version 1800 cm3 à culasse seize soupapes Cosworth développant de 205 à 220 ch, poursuit sa mise a point dans le championnat britannique, signant un premier succès avec Clark au circuit d'Irlande. En mai 1970, la version de série RS 1600 (dont la cylindrée est fixée à 1601 cm3 pour "qualifier" l'Escort en classe deux litres) prend le relais de la TC sur les chaînes de l'usine de Halewood. Les cadences seront suffisamment élevées pour permettre l'homologation dans le nouveau Groupe 2 (tourisme Spécial-1000 exemplaires) en janvier suivant.
1971 marquée par des querelles de prestige entre les services compétition britanniques et allemands, par une nouvelle dispersion avec le projet GT 70 (un prototype routier à moteur central) et surtout par des restrictions importantes des budgets ne sera qu'une saison de transition. Il faudra attendre 1972 pour découvrir enfin le potentiel réel des RS 1600. Dominées par les Alpine et les Lancia HF, elles signent néanmoins deux succès retentissants, l'un au Safari faisant de Mikkola le premier vainqueur non-africain et le second au RAC où le Britannique Roger Clark brise plus de vingt ans d'hégémonie nordique. Cette victoire au RAC est aussi la première du nouveau bloc aluminium Cosworth BDA 2 litres-235 ch homologué pendant l'été. Arrivée à pleine maturité, l'Escort ne peut toutefois endiguer le raz de marée des Alpine parties à la conquête du premier Championnat du Monde des marques en 1973. Pourtant, sur des terrains qu'elles affectionnent, les RS se montrent intraitables: 1000 Lacs et surtout un triplé au RAC (Makinen, Clark, Alen). Après deux victoires similaires en 1974, l'Escort de la première génération cède la place à la Mk II reconnaisable à sa silhouette plus anguleuse. Disposant de la même mécanique éprouvée, la nouvelle Escort signe son premier succès dès le mois d'avril 1975 au Rallye du Pays de Galles avant d'effectuer une véritable razzia sur le championnat britannique. Sur le plan mondial, Ford se montre de plus en plus opportuniste en se concoctant un programme à la carte. Jouant sur leurs terrains favoris, les Escort manquent le rendez-vous des 1000 Lacs mais Makinen s'impose au RAC pour la troisième année consécutive.
Après une saison 76 tout aussi timide, Ford se lance cette fois résolument dans la conquète du titre mondial en 1977. Toute la saison se résumera à un passionnant chassé croisé entre les Ford et les Fiat. En dépit des trois victoires de Waldegaard (Safari, Acropole et RAC), Fiat en réalisant un triplé à San Remo empoche le championnat. En dépit d'une très forte équipe (Waldegaard, Mikkola, Vatanen) renforcée à l'occasion par des pigistes de luxe comme Jean-Pierre Nicolas, Ford subit une nouvelle fois la loi des Fiat en 1978. Cette lente montée en puissance atteint enfin l'apothéose en 1979 où le duo Mikkola-Waldegaard s'approprie cinq des douze manches. Ford remporte le championnat du monde des marques tandis que Waldegaard enlève le premier titre mondial réservé aux pilotes devant Mikkola. L'élimination stupide de Mikkola (une lourde pénélisation pour une infraction au code de la route!) au Monte Carlo prive néanmoins l'équipe d'un premier succès en Principauté. Après douze saisons, l'équipe officielle Ford décide alors de se retirer.
En 1980, le Team Rothmans de David Sutton prend le relai avec l'aide officieuse du service course de Boreham. Très affûtées (260 ch), les Escort de Vatanen et de Mikkola ne pourront pourtant rien contre un Walter Röhrl au sommet de son art au volant de sa Fiat 131 Abarth. A la fin de la saison, Mikkola quitte Ford pour Audi et Vatanen, qui vient de signer son premier succès mondial à l'Acropole devient le leader unique de l'équipe Rothmans. En 1981, la révolution Quattro est en marche, mais dès que la belle machine se grippe, l'Escort de Vatanen et la Talbot Sunbeam Lotus de Fréquelin occupe le terrain. Vainqueur à l'Acropole, au Brésil et aux 1000 Lacs, le Finlandais après une campagne marquée par de nombreux accidents parvient à devancer le Français au Championnat du Monde des pilotes. La première partie de l'aventure s'achève. L'heure des Groupes B à quatre roues motrices a sonné et l'Escort, condamnée aux seconds rôles, finit par quitter la scène. Le projet d'une version animée par un moteur turbo 1.7 litres de 350 ch ne dépassera pas le stade des essais en 1983. En attendant l'arrivée des RS 200 Gr.B en 1986 puis des Sierra Cosworth, Ford n'est plus représenté que par des Escort RS 2000 (170 ch) inscrites en groupe 2 ou A qui ne se priveront pas de rafler de nombreuses victoires de catégories.
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