C'est l'histoire d'un retraité appelé Günther Küpper qui habite près de Cologne et à qui on ne la fait pas. Le senior a fait ses calculs : il paye un peu plus de 30 euros par an pour avoir accès à un parking résidentiel. Mais le problème, c'est que ce dernier est toujours plein. Il a donc fait son enquête pour découvrir que la mairie avait délivré trop de cartes : 2,8 voitures pour une place de stationnement. Voilà le résultat de ses comptes. Criant à l'arnaque, il a donc décidé de stationner où bon lui semble, ce qui lui a valu pas mal de prunes.
Mais Günther n'est pas du genre impressionnable. Touchant, à 67 ans, une maigre pension d'à peine 600 euros, il a décidé de laisser courir et d'attendre l'ordonnance pénale pour filer en taule. Pour autant, ne vous inquiétez pas pour lui. Franchir les portes du pénitencier, c'est pour cet aîné le bonheur assuré :«C’est royal!» assure-t-il à la source. « Les policiers me téléphonent à l’avance. Nous prenons rendez-vous. Ils sont toujours ponctuels. Moi aussi. Ils me conduisent personnellement au centre.» L'environnement ? Pas de souci : «La dernière fois, il y avait un dealer et un gars condamné pour banqueroute frauduleuse. Très gentils.» Et puis la cantine est bonne : «La prison est rutilante. Les sanitaires sont superbes. Au petit-déjeuner, il y a sept sortes de petits pains. Le personnel est exemplaire! On me donne même de l’argent pour rentrer chez moi.»
Du coup, pourquoi se priver de ce qui, plutôt que de ressembler à une contraignante peine, est asymptote d'un tourisme pénitencier ? Et les Allemands semblent avoir choisi : alors que l'enfermement relevait jusque là de l'exceptionnel, les directeurs de prison ont remarqué que le nombre de contraintes judiciaires était en train d'exploser. Un phénomène tout aussi révélateur de la situation sociale que dangereux pour les comptes publics : le cas de Günther a coûté 105 euros par jour sans compter les frais de justice estimé à une cinquantaine d'euros par dossier. Si bien qu'à présent, c'est le juge que dissuade la prison, et non plus le prévenu.
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