Un cocktail explosif
Ce jeune noble anglais, large d’esprit et de corps, aussi riche que passionné par la course se prend d’amitié pour Hunt dont la réputation sulfureuse est loin de lui déplaire. Il lui propose d’abord le volant de l’une des F3 une Dastle. Curieuse monoplace volumineuse et large construite sur mesure pour son ami "Bubbles" Horssley, un pilote issu des midgets. Après quelques sorties peu glorieuses, la destruction des deux Dastle dans un accident à Brands Hatch met un terme définitif aux piètres exhibitions de la petite équipe en F3. Bubbles raccroche son casque, mais James, qui a reçu un châssis F2 comme prime de licenciement de la part de March, réussit à convaincre Hesketh de lui financer l’achat d’un moteur. Grand seigneur "Milord" lui prête le camion de son ex-écurie et son équipe de mécaniciens, mais sans trop de conviction. C’est à la télévision que Lord Hesketh découvre les exploits de son pilote. Avec sa March vieille d’un an mais animée par un bon moteur Hart, Hunt enlève une superbe 5ème place au "Rothmans 50 000", une épreuve richement dotée opposant des F1, des F2, des F5000 et même des barquettes Canam. Hesketh se pique au jeu et finance la participation de Hunt aux dernières manches du championnat d’Europe F2, James fait jeu égal avec les March officielles et monte même sur le podium à Oulton Park. Mal commencée, la saison 1972 se termine plutôt bien pour James qui retrouve sa place parmi les grands espoirs anglais. Lord Hesketh y croit lui aussi et achète une Surtees à moteur Ford pour le championnat d’Europe F2 1973. Hélas, cette année-là, il faut un moteur BMW pour simplement tenter de figurer parmi les cinq premiers. Impatient et vexé, Hesketh décide de brûler les étapes et de monter en F1 en trouvant un accord avec Surtees. Hunt débute par une belle 3 e place à Brands Hatch lors de la Course des Champions avec une ancienne TS9B de 1972. Encourageant mais la nouvelle Surtees promise à l’équipe n’en finit pas de se faire attendre Hesketh casse à nouveau sa (grosse) tirelire et commande un châssis 731 chez March. Et c’est une équipe haute en couleurs qui débarque à Monaco yacht, hélicoptère, jet privé. Rolls et une nuée de jolies filles, rien ne manque à la panoplie de Lord Hesketh. La March est d’une blancheur immaculée, sans le moindre autocollant de sponsor. C’eut été vulgaire ! Tout ce tapage fait sourire les observateurs mais dès que Hunt prend la piste, les sourires s’estompent 9 e aux essais. James est 6 e en course avant que le Cosworth ne rende l’âme. Il marquera son premier point quinze jours plus tard en France et grimpera sur son premier podium en Hollande. Chez March, où l’on s’est montré incapable de tirer quoi que ce soit de cette F1 on ne sourit plus en voyant les résultats de ce pilote "viré" un an plus tôt. On s’interroge aussi. On aurait dû prêter une oreille plus attentive aux projets de cet ingénieur maison, ce Harvey Postletwhaite parti chez Hesketh faire des miracles. Mieux profilée avec une calandre plus fine et une étroite boîte à air haut perchée, la March poussive est devenue d’une redoutable efficacité dans les mains de Hunt. "Harvey effectuait tous les réglages que je lui communiquais, proposait plein de petites "modifs" et cette March était parfaitement adaptée à mon style de pilotage"
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