C'est en fin de semaine dernière qu'un jury de 40 personnalités du monde de la presse généraliste, économique et automobile a choisi de récompenser le Directeur du Centre de Style Citroën, Jean-Pierre Ploué.
Seulement âgé de 45 ans, il est le premier designer à recevoir cette distinction qui a souvent couronné par le passé des capitaines d'industrie.
D'ailleurs, Jean-Pierre Ploué était en concurrence avec Wendelin Wiedeking, le boss de Porsche, Ratan Tata que l'on ne présente pas et Katsuaki Watanabe, le patron de Toyota. Excusez du peu.
Nominé depuis plusieurs années, il décroche la timbale suprême grâce notamment à C5 qui marque l'arrivée à maturité du renouveau stylistique de Citroën. Jean-Pierre Ploué débarque en 2000 (il n'a pas 40 ans) au sein d'une marque atteinte de sinistrose aiguë. Directement bombardé responsable du design, il va mener Citroën vers les voies de la reconnaissance du milieu du design d'abord, puis de la reconnaissance du public avec, par exemple un monospace C4 Picasso explosant les ventes.
Récompenser un designer n'est pas anodin. À l'heure de la technique quasi universelle essentiellement détenue par des sous-traitants œuvrant pour tous les constructeurs, la force d'une marque est contenue dans son image. Et une image est ce qu'il y a de plus difficile et de plus long à créer.
Pourtant, il suffit d'une génération d'autos peu inspirées pour perdre le bénéfice d'une image patiemment bâtie. Le grand paradoxe des géants de l'industrie automobile actuel est que leur avenir a tendance à se jouer de plus en plus souvent entre les 4 murs d'un bureau de style où quelques dizaines de personnes griffonnent des autos sur des pages blanches et où la part du hasard est tout sauf minime ! Effrayant et pourtant si réel.
D'ailleurs, à ce propos, si vous êtes intéressé par le design automobile, je vous conseille la longue interview de Jean-Pierre Ploué sur le site du Journal de l'automobile. C'est très instructif et cela donne quelques clés pour la suite des évènements du double chevron.
En voilà, un petit extrait
JA. Vous dites aussi vous méfier du dessin et de ses possibles dérives, qu'entendez-vous par là ?
j-pp. Le dessin, ce n'est pas le cœur de la création. C'est un moyen, un passage obligé. Mais il faut toujours préserver l'idée et tout ce qui peut altérer cette idée me fait peur. Et je me méfie des designers qui ont beaucoup d'aisance en dessin car ils courent le risque de se faire plaisir et par cette facilité, de manquer de contenu, de force dans le concept.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération