La France autophobe qui tue toute passion automobile, ce n'est pas de la paranoïa mais le constat d'une réalité qui est perceptible par toutes et tous et pas seulement dans le strict segment automobile. Bref, dans cette ambiance, trouver des gens qui entreprennent encore dans le secteur de la déraison automobile (en opposition aux voitures électriques et autres citadines anémiques) n'est pas facile. Cette année à Top Marques, nous en avons rencontré 5 qui s'expriment dans des secteurs totalement différents. Revue de détails de la résistance française.
Vintech P550
La petite Vintech P550 conçue par le Groupe D3 était exposée sur le stand du préparateur lyonnais Dellavilla à la faveur d'un partenariat entre les 2 entreprises. Cette Vintech est un véritable démonstrateur du savoir-faire de l'entreprise méconnue dirigée par Hermidas Atabeiki. Tel quel, l'auto ne sera jamais commercialisée car son prix de vente a été jugé inadapté au marché visé. Il faut dire que la Vintech est un concentré de technologie sous ses dehors de voiture vintage.
Esthétiquement, l'hommage est multiple et dans ses formes subtilement galbées on peut voir un peu de Porsche 550, de Mercedes 300 SL ou encore de Jaguar Type E. Mais sous la coque, on découvre un monocoque carbone résolument moderne sur laquelle est au centre et fixé très bas un 4 cylindres à plat de 3,0 l de cylindrée conçu exclusivement pour cette voiture. De bons vieux carburateurs trônent de chaque côté et une boîte d'origine Porsche complète l'ensemble motopropulseur. Ce 4 à plat unique produit 240 ch, une puissance cohérente avec le reste de l'auto puisque le poids n'est que de 562 kg. Tout est parfaitement fonctionnel et démontre tout le savoir faire de l'entreprise D3 qui regroupe des secteurs d'activités allant du design au prototyping en passant par la fabrication ou le modelage 3D/manuel.
Selon le Groupe D3, la Vintech coûterait plus de 500 000 euros si elle était commercialisée. Persuadés qu'il n'existe pas de marché, ils réfléchissent à une variante construite différemment qui serait logiquement moins chère. Mais pour eux, la Vintech P550 a déjà largement été rentabilisée puisqu'après l'avoir exposée à Pebble Beah l'été dernier, la société a signé dans la foulée 2 très gros contrats avec des constructeurs de portée mondiale.
Delavilla
Si vous êtes amateurs de préparation sur base Porsche, pas besoin de traverser le Rhin, suivre le Rhône sera suffisant. À quelques kilomètres de Lyon, le préparateur Delavilla propose des programmes d'améliorations esthétiques sur base du Cayenne ou un couvre-capote (HardBack) pour les types 991, 997 et 996 qui donne à votre 911 un look Speedster. Delavilla propose également de l'upgrade moteur sur le duo Boxster/Cayman avec un bloc réalésé à 3,8 l (385 ch) ou 4,0 l (440 ch et 410 Nm). Delavilla commercialise aussi ses propres modèles à l'instar des tuners allemands avec notamment les Delavilla VRC, R1 (jusqu'à 420 ch) sur base Cayman, la VRS sur base 996 et 997 (jusqu'à 530 ch) ou la Speedroad cabriolet.
CMH Luxury Carrosserie
Basée à Cagnes sur Mer, cette enseigne de carrosserie cherche à proposer une activité haut de gamme de conception et de réalisation de modèles automobiles uniques. Le rêve d'enfant du patron devenu carrossier était de disposer d'une auto au look ancien sur un châssis techniquement moderne. Ce que l'on appelle le « restomod » aux USA peut aussi être réalisé en France. Par contre, pour l'homologation, ce pourrait être un peu plus difficile mais comme la clientèle ne sera pas forcément française, cela peut solutionner une partie du problème. Toutefois, l'équipe va essayer d'homologuer le modèle de démonstration exposé (probablement sans les échappements latéraux petit délire de création du propriétaire) qui combine un châssis raccourci de Mercedes CLK 55 AMG avec la carrosserie d'un SL190 de 1956.
Pas besoin de dessin ni de photos pour comprendre que les modifications ont été nombreuses sur le châssis raccourci de plusieurs centimètres (coupé puis ressoudé) ou encore sur la carrosserie tout aluminium qui a dû également être adaptée aux nouvelles mensurations. L'intérieur qui est celui du CLK sera modifié par la suite et ressemblera à celui, plus joli, du SL190. Reste un prix annoncé autour de 600 000 euros qui pourrait faire réfléchir à 2 fois avant de céder à ses rêves d'enfant.
Monstaka
Monstaka, un nom à consonance japonaise pour une entreprise bien française (basée à Mandelieu) qui a pour cœur de métier la modification des moteurs en provenance de l'Archipel mais qui peut également travailler sur des blocs de toutes origines. Quand ils parlent de modifications, cela ne signifie pas seulement changer une puce mais bien pousser le plus loin possible la performance d'une auto. Pour exemple, la Nissan GT-R présentée peut revendiquer jusqu'à 1600 ch « sans rentrer dans du délire » selon le responsable de la marque. Par contre, le délire est pour le passager qui d'après eux, peut s'évanouir dès lors que l'on pousse la mécanique à fond (expérience vécue) !
La préparation se révèle donc profonde et Monstaka se positionne comme le plus gros revendeur de pièces détachées français « grosse prépa » pour ce type de voitures. Sur une GT-R, pour dépasser les 750 ch, il faut modifier la boîte qui, on le sait, coûte 25 000 euros chez Nissan. Leur boulot est donc de garantir une fiabilité à toute épreuve histoire de respecter au plus près les conditions de garantie drastique de la voiture (température d'utilisation de la boîte respectée par l'adjonction d'un radiateur par exemple).
Certes, ce genre de préparation peut coûter 70 % du prix de la voiture (neuve) mais pour obtenir une évolution à 630 ch, cela ne reviendrait qu'à 3 000 euros.
Genty Akylone
La Genty Akylone existe déjà depuis 6 ans dans la tête de ses concepteurs français désormais basés dans l'Allier. Les instigateurs de cette aventure pas commune étaient présents au salon Top Marques non pas pour présenter un prototype mais une maquette ¼. Cela peut sembler un poil léger pour une entreprise qui ambitionne de vendre une supercar française de 1 200 ch capable d'aller chercher des Koenigsegg mais c'est à l'image de ses créateurs, c’est-à-dire, sensé.
Le projet vit sur leurs fonds propres depuis le début. L'auto est désormais entièrement développée et existe sur le papier, les partenaires sont tous pour la plupart engagés (Michelin pour les pneus, Öhlins pour la suspension, 9ff pour les motorisations, Movit pour le freinage… etc.) dans le projet qui ne réclame maintenant que des fonds pour lancer la production du véhicule prototype à l'échelle 1 qui servira à l'homologation.
Pour cela, Frédéric Genty et ses associés ont besoin d'investisseurs, voilà la raison de leur présence ici. On imagine qu'ils entrent probablement dans la partie la plus compliquée de l'aventure. Pour convaincre, sachez qu'ils ont déjà enregistré un tout premier protocole de pré-vente, 4 autres commandes et la construction sera vraiment lancée. Dix-huit mois plus tard, l'auto sera prête
Le Genty Akylone est une stricte propulsion qui mesure 4,46 m de long, 2,05 m de large et 1,13 m de haut. Comme elle ne pèse que 1 100 kg et que son V8 biturbo d'origine Mercedes (en fait un ancien bloc Sauber de F1 revu par 9ff) va envoyer 1 200 ch sur l'essieu arrière via une boîte X-Trac 7 rapports robotisée, elle promet des performances ahurissantes (sous contrôle de l'ABS et d'un ESP déconnectable tout de même !). La production totale sera de 15 coupés suivis de 10 roadsters dont les plans existent déjà et le système de toit électrique rétractable déjà étudié. La production sera alors de l'ordre de 10 voitures par an. Le prix unitaire est fixé à 1,3 million d'euros.
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