La crise du marché auto envahit peu à peu le Mondial : alors que beaucoup de marques vendent le rêve automobile, les salariés des constructeurs manifestent. Juste pour tenter de sauver leurs emplois.
N’en déplaisent à certains, le Mondial de l’Auto est bien loin de faire l’unanimité cette année : aujourd’hui, ce sont plusieurs milliers d’employés du secteur automobile qui ont suivi l’exemple des salariés Ford. Ces derniers avaient manifesté samedi dernier à la porte de Versailles avec leurs élus, pour refuser la fermeture de leur usine de Blanquefort (Gironde).
Aujourd’hui, ce sont entre 2 400 personnes (d’après la police) et 5 000 (selon la CGT) qui sont venus de toute la France pour dénoncer « l’obsession de la rentabilité financière » et surtout pour montrer aux visiteurs du salon « l’envers du décor. » Les manifestants ont défilé du quai d’Issy-les-Moulineaux (92), pour se rendre devant les grilles du Mondial.
Ford n’est pas l’exception qui confirme la règle : nombreux sont les constructeurs touchés par la mauvaise conjoncture économique… et qui le répercutent inévitablement sur leurs salariés. Rappelez-vous des salariés de l’usine Renault de Sandouville. Présent, Fabien Gâche (CGT Renault) a expliqué : « Nous sommes là pour montrer l'envers du décor car l'image qu'on donne dans un salon est très éloignée des conditions de travail et des annonces de licenciements. […] Les grandes entreprises n'ont pas d'autres objectifs que la rentabilité financière. »
On parle beaucoup des salariés des constructeurs automobiles, mais de nombreux sous-traitants sont touchés eux-aussi : on pouvait notamment rencontrer des employés de Valéo, Goodyear, Continental, Faurecia, Delphi, Plastic Omnium… Pascal Morel, de Renault Cléon (Seine-Maritime) explique : « Pour un emploi chez un constructeur, il y a 3 ou 4 emplois chez des équipementiers. Donc quand Renault annonce un plan social, eux ils trinquent aussi. »
Du rififi sur le stand Renault
Chez Renault, Sandouville est le lieu de production où les esprits s’échauffent de plus en plus, car ils risquent de perdent 1 000 collègues sur les 3 600 salariés : les ouvriers qui ont participé à l’élaboration de la nouvelle Laguna III se disent « dégoûtés. » L’un d’eux, Alain Hachim se sent « trahi » par le constructeur : « On nous a dit qu'il fallait réussir le Laguna 3. On l'a fait et maintenant ils nous remercient avec des licenciements. » Devant le ralentissement de la production, certains sont aussi au chômage technique et perdent jusqu’à 400 euros de salaire par mois, les obligeant même quelquefois à pointer au chômage.
Ford avait déjà ôté quelques autocollants sur le pare-brise de sa Ford Ka; le constructeur Renault a dû lui-aussi user de l’huile de coude. Des étiquettes CGT aux couleurs rouge flamboyant ont été collées sur la nouvelle Mégane III… Toutefois, pas de dégradation du stand ni des véhicules : selon les salariés, ils fabriquent des voitures, et ne sont pas là pour les vandaliser sur le salon.
Espérons que leurs revendications aient été entendues.
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