Si vous avez manqué le premier épisode, vous le trouverez en cliquant ici.
Après une nuit étrange qui tenait plus d'une sieste en pleine après-midi et un solide petit déjeuner à base de café et de saumon, il est temps de choisir un nouveau véhicule pour se rendre à la prochaine étape, Gvendarbrunnar, le réservoir d'eau potable de Reykjavik, où se déroulera une nouvelle conférence de presse. Cette fois-ci, je me fais violence et j'opte pour un Mercedes GL420 CDI beige. Malgré mes a priori négatifs pour tout ce qui concerne de près ou de loin le diesel, il convient aussi d'être un minimum professionnel. Et puis un V8 4.0l biturbo délivrant 700Nm ne peut pas être mauvais quand même, tout diesel qu'il soit.
Vingt minutes plus tard, nous nous retrouvons dans le parking du réservoir, avant d'être embarqué dans des cars fonctionnant à l'hydrogène pour nous rendre jusqu'aux bâtiments. Probablement un lointain cousin d'Ari Vatanen, le chauffeur du bus entame une course effrénée avec un de ses collègues sur la piste de terre. Après quelques freinages tardifs et un dépassement par l'intérieur d'un virage presque réussi, nous voilà arrivés.
Dans le bâtiment jouxtant le réservoir devant lequel trône un Mercedes GL320 CDI à la teinte gris mat du plus bel effet, le constructeur allemand fait la promotion du Bluetec, ce programme ayant pour but de créer des véhicules diesel plus propres. Après la conférence de presse, l'emploi du temps de la journée étant chargé, il est temps de reprendre la route, alors que le soleil se fait enfin moins timide.
Dès les premiers kilomètres, la route est magnifique, même si bordée d'un imposant pipe line acheminant de l'eau. Tortueuse à souhait et serpentant joyeusement entre des canyons, elle semble tout simplement parfaite. Peut-on troquer le GL contre un Mercedes SLK55 AMG ? Non ? Tant pis. Nous faisons un nouvel arrêt photo afin de contempler une vallée dans laquelle se trouve la Nesjavellir, la plus grande station géothermale d'Islande, qui alimente Reykjavik en électricité et vers laquelle se dirige des pipe-lines venant de toutes les directions.
Après avoir longé le Pingvallavatn, le plus grand lac naturel d'Islande et haut lieu de la jet set locale (Björk y possèderait elle-même une maison), il est temps d'abandonner une nouvelle fois la route goudronnée pour des pistes de terre escarpées. Au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude, la température descend d'autant, flirtant maintenant avec les 4°. Conservées par une redoutable bise glaciale, des plaques de glace parsèment les abords de la route, premiers indices de la proximité des glaciers. Le paysage est de plus en plus lunaire avec d'énormes étendues de pierres bordées par des sommets enneigés.
A notre droite, le Langjökull, le second plus grand glacier d'Islande, se dresse majestueusement sur une montagne volcanique. Après un parcours d'une centaine de kilomètres, nous arrivons au restaurant Hùsafell pour un repas bien mérité, toujours à base de saumon, qui est absolument délicieux. Pas le temps de digérer, une nouvelle destination nous attend : Hvammisk, situé près du Hvalfjördur, le fjord des baleines, situé à 100km de là. Alors que nous contournons ce dernier, pluies et éclaircies se succèdent : comme les Islandais se plaisent à répéter, eux aussi ont quatre saisons, sauf que chez eux elles se succèdent en une seule et même journée.
Soudain, alors que je suis à allure modérée un autre GL du groupe, un éclair blanc passe devant la Mercedes. Léger impact. Nuage de plumes dans le rétroviseur. Je viens de percuter quelque chose. Je freine en catastrophe sur le bas côté, je mets les warnings et je remonte en courant vers le lieu du choc. Une magnifique mouette d'1m50 d'envergure gît dans l'herbe à côté de la route, définitivement immobile. Le moral dans les chaussettes, je décide avec mon copilote de la mettre dans le coffre afin de le déclarer à l'arrivée de l'étape, ne sachant pas trop quoi faire dans ce genre de situation particulière et ne connaissant pas les lois locales. La fin du trajet se fait dans un lourd silence jusqu'à Hvammisk alors que nous traversons l'une des seules forêts du pays. A l'arrivée, l'incident fait plutôt rire le comité d'accueil allemand, qui doute des capacités du cuisinier à passer le malheureux volatile au barbecue. Devant ma mine déconfite, ils décident d'aller plutôt l'enterrer dans la campagne avoisinante.
En attendant le dîner, plusieurs activités sont proposées, comme du VTT, du canoë kayak sur le fjord et de la pêche à la truite. Ayant réalisé mon quota de victimes pour, je l'espère, plusieurs années à venir, j'opte pour les deux premières pour me changer les idées. Le VTT est siglé Mercedes Benz. Cadre en aluminium, freins à disques et suspensions, il aurait peut-être même mérité un petit autocollant AMG, surtout avec un moteur aussi puissant sur sa selle.
Une courte balade sur les bords du fjord juste le temps de me couvrir de boue jusqu'aux cheveux et je descends du vélo pour sauter dans un kayak. Après m'être équipé de tous les éléments de sécurité nécessaires quand il s'agit de s'aventurer sur des eaux glaciales et avoir écouté les instructions du moniteur au look très Brice de Nice, je pagaie joyeusement aux côtés de Johannes Reifenrath, dit Jojo, qui se trouve être simplement le directeur de la communication de Mercedes Monde. Le moment est unique et restera gravé dans ma mémoire. L'air est vif, le silence seulement troublé par le bruit des pagaies dans l'eau et le paysage somptueux.
Epuisé par un retour face au vent, je me repose ensuite sur la berge à côté du moniteur qui s'avère être un joyeux compagnon. Après m'avoir demandé pour quel organe de presse je travaillais, je passerai ensuite de longues minutes à essayer de lui faire répéter le nom de façon satisfaisante.
« Caradisiac.
- KaRRRadijaaaaak ?
- No, Caradizzziiiiiiac.
- KaRRRadijaaaaak ? »
Note pour plus tard : trouver un autre nom si nous décidons de nous attaquer au marché islandais.
Une fois quelques saumons à nouveau engloutis (je vous ai dit qu'il était excellent ?), un service de navette à base d'omniprésents Mercedes Viano se charge de nous ramener à Reykjavik, la police locale ne tolérant aucun taux d'alcool supérieur à 0. Fatigué par cette longue journée, je décide d'à nouveau laisser mes confrères devant un match de balle au pied pour rejoindre mes pénates alors que la soirée est à peine commencée, après une nouvelle courte balade dans la ville.
Réveillé à 1h00 du matin, il fait jour. C'est vraiment très déconcertant. Ne parvenant pas à retrouver le sommeil malgré le très seyant masque fourni par l'hôtel, je me rhabille et me décide à aller faire un tour. Les rues sont désertes. Normal, nous sommes en pleine nuit. Sauf qu'il fait jour au milieu de la nuit en Islande. Cela donne une ambiance de fin du monde quelque peu angoissante, je décide donc de rentrer dans le premier bar venu qui se trouve être le Kaffibarinn, dont l'un des propriétaires est, je l'apprendrai plus tard, Damon Albarn, le chanteur de Blur et de Gorillaz. Contrastant de façon saisissante avec l'extérieur, l'établissement est plein, bruyant et très enfumé. Le temps de commander une Viking, une bière locale très légère, et je me retrouve invité à la table de jeunes islandais, pour qui la soirée a déjà commencé depuis longtemps. Forcément, avec ma tête exotique de méditerranéen bon teint, j'imagine qu'on doit me voir venir de loin au milieu de tous ces grands blonds scandinaves et ses petits bruns à la peau laiteuse et aux yeux bridés. Leur capacité à absorber de l'alcool fort est particulièrement remarquable. Ma charmante voisine de droite, Halldóra, enchaîne ainsi cul sec plusieurs verres de vodka sans sourciller, alors que je sirote toujours doucement ma première bière. Devant mon étonnement, celle-ci me répond que, de toutes façons, il n'y a que ça à faire ici. Car la jeunesse islandaise, descendante des terrifiants Vikings, s'ennuie, bloquée sur sa petite île où les activités possibles ne sont pas très nombreuses et les conditions climatiques difficiles, et ne rêve que de s'envoler pour la vieille Europe ou pour le continent américain. Alors en attendant, elle se réfugie dans l'extrême, pour passer le temps. Alcool donc, nombreux tatouages, piercings et comportement désinhibé semble être la norme. Vers 4h00 du matin, je me décide à prendre congé de mes hôtes pour garder quelques heures de sommeil en perspective. Bien sûr, il fait toujours jour.
Retrouvez le troisième épisode ici et l'essai complet (et sérieux) du Mercedes GL dans le magazine de Caradisiac.
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