Les éditions P.O.L viennent de publier une traduction (signée Marc Cholodenko) intégrale de Témoignage de Charles Reznikoff. Ce livre est un monument de la littérature (poésie) américaine de la seconde partie du siècle passé. Je ne pouvais pas ne pas vous en proposer un extrait où il est notamment question de « voiture » et de « conducteur ». Ouvrons donc, une fois n’est pas coutume, les guillemets.
Un dimanche – un jour sinistre et bruineux –
Patrick Connoly, parfaitement sobre,
monta dans un tramway.
Après un moment
« sans que sa conduite ait été le moins du monde inconvenante »,
il fut soudain frappé
d’apoplexie
et se mit à vomir.
Il y avait beaucoup de passagers :
certains quittèrent la voiture ;
d’autres exigèrent qu’il descende.
Quand on lui demanda s’il était ivre,
il secoua la tête
et dit,
« Je vais descendre »,
mais,
se levant pour ce faire,
il tomba de tout son long par terre
où il resta sans pouvoir bouger.
Le conducteur avec l’aide d’un passager
le souleva
et le transporta hors de la voiture
et le laissa dans la rue
– entre les rails du tramway et le caniveau,
à environ un demi-mètre ou un mètre des rails.
Immédiatement après,
un mouvement convulsif,
lui fit changer de position
de sorte que ses jambes étaient en travers d’un rail.
Une femme qui passait
vint à son secours
et avec l’aide d’un homme
le mit sur le trottoir. Il resta là
sous la bruine.
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