Le bilan d'Alexandre Bataille : superbonus
Pas de surprises, Peu de nouveautés, mais toujours un très grand nombre de visiteurs. Le salon de Paris reste (pour combien de temps ?) cette année encore le salon automobile le plus fréquenté au monde avec 1 253 413 entrées. Il devance dans la hiérarchie Tokyo, Francfort, Pékin et Detroit. En 2012, 1.23 million de personnes avaient fait le déplacement. Selon les spécialistes, ce léger mieux suit la tendance du marché automobile européen qui semble enfin remonter la pente après cinq ans de déprime. Faut-il y voir un redémarrage des ventes ? En tout cas le chef de l’Etat est venu au Mondial annoncer une mesure dans ce sens avec la mise en place d’un superbonus de 10 000 € qui une fois de plus est soumis à de nombreuses conditions. L’Etat promet à l'acheteur d’un véhicule électrique une prime de 10 000 € si ce dernier met à la casse son ancienne voiture d’au moins 13 ans et s’il vit en zone considérée comme polluée par le ministère de l’Environnement. S'il ne répond pas à tous ces critères, son bonus écologique sera limité à 6 300 €. Un geste qui a pour but de développer un marché encore anecdotique en France. Cette mesure devrait s’accompagner de 32 000 nouvelles bornes de recharge d'ici 2019. D’ici là, ceux qui n’ont pas les moyens d’investir 30 000 € dans un véhicule de ce genre ou qui ont tout simplement besoin d’une autonomie supérieure à 200 km, devront se contenter d’un bonus de 500 € pour tout achat de véhicule thermique classique. Bercy prévoit ainsi de verser, 50 millions d'euros de superbonus l'an prochain aux acheteurs de véhicules électriques et hybrides rechargeables, ce qui devrait porter à 240 millions d'euros le montant total des bonus automobiles versés en 2015. Pour mémoire, en 2010, l'Etat avait versé 710 millions d'euros pour le bonus automobile.
Le bilan de Manuel Cailliot : changement d'ère (ou d'air)
L'automobile est morte, vive l'automobile ! C'est un peu mon sentiment cette année. Explications : on a, en fait, un peu l'impression que la bagnole "ancienne formule" n'est plus. Terminés les véhicules à gros moteur, qui pouvaient encore se permettre de consommer. Pas de consommer beaucoup, non, juste de consommer. Terminés aussi les concepts à moteur V12, à V10 atmosphérique. Terminés les fiches techniques où la puissance est affichée en gros et le nombre de litres engloutis aux 100 km en petit. Tout ça, c'est de l'histoire ancienne. Enfin, pour être honnête, ça faisait déjà un petit moment que ça se voyait…
Par contre, bienvenue aux moteurs downsizés. Tous ou presque le sont désormais. Bienvenue aux concepts à moteur électrique, à moteur hybrides. Même les concepts de supercars affirment aujourd'hui leur appartenance à cette nouvelle espèce d'automobile : celle qui soigne son bilan carbone, et qui "fera du bien à la planète" en limitant ses rejets polluants. Concept Citroën C4 Airflow ? Hybride et 2 litres aux 100 km. Renault Eolab Concept ? Hybride rechargeable et 1 litre aux 100 km. Lamborghini Asterion Concept ? Là encore hybride… mais 4 l/100 km pour 910 ch ! Le dernier Volvo XC90 ? Il existe en version T8 hybride rechargeable 400 ch mais moins de 3 1/100 km. Le Porsche Cayenne aussi s'y met. Tout le monde y arrive.
Presque plus un seul modèle de grande "consommation" sans stop&start. Oui, l'automobile "nouvelle formule", c'est ça, ou ce sera ça soyez-en sûrs. Ce n'est pas un mal en soi. C'est un changement. Changement d'ère, changement de mentalité, prise de conscience peut-être. Une automobile moins passionnelle en tout cas c'est certain, moins vivante, moins "communicative", même si elle devient plus "communicante".
Pour ceux qui voudront encore vibrer quelques années, je leur conseille de mettre de côté dans leur garage un bon vieux V8 glougloutant, et de le bichonner. Parce que bientôt, ce sera, comme au temps de la préhistoire, la véritable disparition de ces dinosaures.
Le bilan de Pierre Desjardins
Ce Mondial de l'Auto s'achève certes avec plusieurs nouveautés récentes présentées pour la première fois en France mais sans véritable surprise hormis la nouvelle génération de Renault Espace. Cette tendance s'installe d'année en année, principalement à cause des fuites plus ou moins orchestrées par les constructeurs entraînant l'organisation de nombreuses présentations statiques dans les semaines précédant les salons, comme celles de la Mercedes AMG GT, de la Jaguar XE ou encore de la Mazda MX-5. Du coup, à l'ouverture des portes, on ne peut pas s'empêcher d'avoir une forte impression de déjà-vu.
Mais cela n'empêche pas d'avoir quelques coups de cœur en parcourant les allées de la Porte de Versailles. Difficile par exemple de résister au concept Volkswagen XL Sport qui cache derrière son nom de survêtement le mélange habituellement tout britannique d'une caisse légère, avec 890 kg, et d'une mécanique de moto, un bicylindre Ducati de 1 200 cm 3 développant 200 ch et 134 Nm. Et on retrouve toujours avec plaisir le charme délicieusement néorétro des Nissan IDx Freeflow et Nismo, dévoilés en novembre dernier au Salon de Tokyo et qui nécessitent, nous l'exigeons, un passage en série dans les plus brefs délais.
Le bilan d’Antoine Dufeu : « so long ! »
Evidemment il y a les nouveautés. Côté raison, je retiendrai la nouvelle génération du Renault Espace. Le nouvel Espace semble concilier le meilleur de deux mondes : celui des monospaces et celui des SUV. Et si Renault répondait à l’équation crossover, ce que Mercedes par exemple – mais tant d’autres constructeurs également – n’a pas réussi à faire avec sa Classe R ? Mieux, le nouvel Espace impose le respect par sa finition et sa qualité. Conceptuellement, il transforme l’essai raté de l’Avantime. Nettement plus léger, il sera évidemment guetté au tournant de la fiabilité et des résultats commerciaux. Mais, indéniablement, il est positionné de manière très astucieuse alors que son design est juste intelligent. A l’autre extrémité de la gamme Renault nous rappelle qu’il sait… tout faire avec sa Twingo de troisième génération. Côté passion, la Volkswagen XL Sport emporte mes suffrages. Là encore, je n’ai qu’une envie : la tester.
Un événement tel que le Mondial est aussi l’occasion de s’interroger sur sa pratique, de journaliste, et sur vos attentes possibles, de déplacer les curseurs. Un fossé se creuse imperceptiblement entre le flux continu de nouveautés et sa perception par vous, grand public, qui n’êtes pas forcément à l’affût. Il nous revient – à nous journalistes – de jouer un rôle exigeant d’intermédiaire, d’interagir. Revenons à la Twingo 3 pour illustrer notre propos. Présentée en mars au salon de Genève, elle constituait encore une nouveauté à part entière sur ce salon quand bien même nous avons déjà eu l’occasion d’écrire quelques dizaines d’articles à son sujet. Rarement l’occasion nous est donnée de prendre du recul sur notre activité : le Mondial le permet notamment parce que l’ambiance rédactionnelle est juste formidable. « So long ! »
Le bilan de Patrick Garcia : bleu de chauffe
Les derniers salons de l’automobile de Paris tendaient résolument vers le vert, voire le blanc. Pour évoquer la pureté, la nature (pas le nucléaire non), en somme pour nous faire croire que l’automobile de tout de suite après allait se conjuguer obligatoirement avec électricité, éco-conduite, petits oiseaux et pâquerettes. Mais tout le monde le sait, le blanc, ça aveugle tandis que le vert peut vous filer la dépression (on peint rarement une chambre ou une salle de bain en vert).
Tout ça pour dire que j’ai été particulièrement heureux de retrouver du bleu dans ce Mondial 2014. Oui, le bleu est l’étape transitoire vers le jaune ou le rouge, qui illustrent généralement une époque plus optimiste. L’automobile est encore convalescente, on nous parle de voitures autonomes, de sécurité à tous crins mais on note quand même un petit retour vers une certaine dose de fun. Ce bleu très Subaru que l’on retrouvait sur le concept VW XL Sport ou encore sur la future Honda Civic Type-R réchauffe le cœur des amateurs de conduite dynamique et de vecteurs de sensations à 4 roues. Le bleu se répand aussi sur le concept Mini Superleggera Vision, la Lamborghini Asterion ou le décrié Lexus NX. Pour tout dire, même les Lodgy Stepway et Toyota FCV franchement pas les plus joviales des autos du moment ont passé la robe bleue. Certes, il y a encore beaucoup de blanc dans ce salon mais on remarque plusieurs touches de rouge (Fiat 500X, Opel Corsa OPC Line, Audi TT Sportback, Nissan Pulsar DIG-T 190, Smart Fortwo, Jaguar XE ...) et même de jaune (Ford Mustang, Skoda Fabia, C1 Urban Ride, Jeep Renegade), des couleurs vives qui nous rappellent les belles heures de l’automobile, lorsqu’elle était un instrument de joie et de plaisir.
Bien sûr, ce retour en force du bleu, cette couleur d’horizon dégagé synonyme de nuages disparus, ne change rien à la situation actuelle dans le segment mais ça me permet de garder le sourire. Oui, je suis très fleur ... bleue.
Le bilan de Lionel Lucas
Ainsi, c'est déjà la fin de ce Mondial de Paris 2014... On le quitte, comme d'habitude, avec une pointe de nostalgie. OK, ce n'était pas le salon du siècle, mais c'était quand même sympa, non ?
Pour ma part, je peux résumer ce Mondial avec un symbole : le logo du salon. Oui, l'automobile a tendance à devenir un objet monoforme, à l'image du succès des SUV / Crossovers et de cette ribambelle de pseudo 4x4 pour parisiens en manque de sensations.
Donc non je n'aime pas cette tendance, mais il y a quand même des signes positifs.
On peut toujours rêver avec la pléthore de supercars actuelles. On peut imaginer le futur des véhicules sportifs qui seraient écolos, et on peut imaginer un avenir positif pour nos constructeurs français. La 308 est plus légère, bien conçue, c'est une référence. La gamme DS est magnifique et promise à un bel avenir.
Du côté du losange, idem, l'Espace redonne de l'air, tout comme la Twingo, et Alpine continue de nous titiller...
Je reste sur ma faim avec Venturi qui fait tout ce qu'il peut pour ne PAS être un constructeur automobile (quand on voit ce qu'est devenu Tesla, on a envie de pleurer), alors qu'on aurait pu avoir un pionnier en la matière. Peu importe, d'autres prendront le relais... mais ne seront pas français.
J'espère qu'en 2016, Lotus sera là. J'espère aussi voir des américains plus présents et une NSX qui mette la fessée à tout le monde. On aura aussi l'Alpine, et qui sait ce que l'avenir nous réserve comme autres gourmandises ?
Alors soyons optimistes, j'ai hâte d'être en 2016 !
Le bilan d'Olivier Pagès : jeu d'illusion
D’habitude sur les salons règne une sorte d’ambiance euphorique qui veut prouver à tous les visiteurs que, malgré les difficultés rencontrées par la filière automobile, tout est bien dans le meilleur des mondes. Le Mondial n’échappe pas à cette règle bien évidemment, mais on a senti un certain fléchissement.
Ainsi, du côté français, on aurait pu s’attendre à un feu d’artifice de la part des constructeurs nationaux pour leur salon et ce ne fut pas le cas, mis à part peut-être Renault. Le groupe PSA (Peugeot et Citroën) l’a joué relativement modeste (hasard du calendrier, diront certains) même si le public a répondu présent. Parallèlement à cela, le groupe Volkswagen a étalé sa puissance de frappe dans le hall 4 avec une mise en avant d’Audi tandis que le hall 5 a retrouvé de sa superbe avec les arrivées de BMW au rez-de-chaussée et de Mercedes à l’étage. Toutefois, même si cette cuvée peut être considérée comme réussie, il me reste, en tant que professionnel de l’auto un goût d’inachevé : plus vraiment de surprise, certaines marques ont disparu de la circulation (Chevrolet, Lotus), d’autres n’ont pas fait le déplacement (McLaren, Bugatti) tandis que l’on sent que certains constructeurs sont sur la mauvaise pente (Lancia). Globalement, le paquet m’est apparu comme moins chatoyant, un peu plus inscrit dans la réalité. Progressivement le côté exceptionnel s’estompe pour faire face au contexte morose. Un peu comme si l’arbre si verdoyant perdait son feuillage laissant apparaître un arrière-plan moins glorieux. Mais à y réfléchir, c’est logique. Nous sommes en octobre et c’est bien connu : à l’automne les feuilles se ramassent à la pelle.
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