1969 : l'année folle
Porsche, frustrée et furieuse contre ses propres insuffisances veut laver l'affront en 1969. Atteint par la limite d'âge, l'emblématique baron von Hanstein, cède la direction sportive à Rico Steinemann, tandis que Ferdinand Piech, le petit-fils de Ferdinand Porsche et le neveu de Ferry, prend la direction du service compétition. Sous l'impulsion de ce dernier, Porsche est soudain atteint de gigantisme. Piech lance le programme 917, une fausse "Sport" à moteur 5 litres produite à 25 exemplaires pour obtenir son homologation. En attendant que celle-ci soit opérationnelle, il adjoint au coupé 908, un nouveau spider. Profitant des nouvelles libéralités du règlement (hauteur de pare-brise réduite, suppression de la roue de secours), le spider 908 est une voiture "minimum" .
Développée sur le châssis tubulaire en aluminium du coupé dont il reprend exactement les mêmes cotes, il est habillé d'une carrosserie très basse et anguleuse. Légers et maniables, mais nettement moins rapides en pointe, les spiders seront réservés aux circuits dit lents tandis qu'une nouvelle escadrille de coupés à carrosserie longue est mise en chantier pour les tracés rapides. Une vaste politique de construction de 52 voitures pour la seule année 69 avec en plus des 25 modèles 917, 27 coupés ou spiders 908 ! Une inflation qui résulte de plusieurs facteurs : la volonté d'enlever le titre mondial à tout prix, mais aussi la mise en concurrence, parfois très sévères des différents équipages. Cette surenchère va impliquer un nombre inhabituel d'accidents en course ou en essais et ainsi une production galopante de voitures de rechange, d'autant que Porsche aligne régulièrement cinq et même six voitures à chaque épreuve. D'autre part, les coupés 908 déjà peu stables souffriront de l'interdiction des ailerons mobiles intervenue en mai. Porsche mettra alors en chantier une seconde génération de spiders dotés d'une carrosserie mieux profilée capable de procurer un gain de 20 km/h en pointe. Surnommés "Flunder" (sole) à cause de leur ligne très plate, ces spiders prennent curieusement l'appellation 908-02, alors qu'elle aurait dû être réservée aux spiders de la premières génération.
Tout se compliquera encore un peu plus, lorsque Porsche commencera à écouler le surplus de sa flotte dès le mois de juillet 1969 auprès d'écuries privées. Peu à peu, certains spiders A seront à leur tour dotés d'une carrosserie 02 et pour faire face à une incroyable demande, certains châssis de réserve ou d'anciens coupés seront alors transformés en coupés... Une vingtaine de 908 vendues et revendues à de bonnes équipes privées continueront ainsi à triompher sous toutes les latitudes pendant des années. Si cette longévité était coutumière à l'époque pour les grosses "Sport" (Ford GT 40 ou Lola T70), elle était, en revanche, inédite pour un "vrai prototype". Une épopée qui restera unique dans l'histoire du sport automobile.
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