Petit rappel des faits pour ceux qui ne suivent pas. Lors d’une interview avec un journaliste australien, le responsable international de Renault Sport a annoncé que la petite puce de la gamme RS ne réalisait pas les chiffres de ventes espérés et que son renouvellement n’avait donc, pour l’instant, pas été confirmé. Des résultats décevants qu’il explique par un positionnement tarifaire trop proche de celui d’une Clio RS d’occasion (considérée pour sa part comme une « vraie » RS), pas un dessin de la Twingo 2 pas aussi marquant que celui de la Twingo 1 et par une puissance qui - sur le papier - semble trop faible.
La question du tarif est certes imparable, mais il suffit de se pencher une seconde sur la concurrence pour constater que la petite Renault peut difficilement faire mieux : une Abarth 500 demande 18 800 €, une Suzuki Swift Sport réclame 17 190 € tandis que la Twingo RS ne nécessite que 16 900 €. Ce simple regard permet d’aboutir à deux constats. Tout d'abord, Renault a probablement eu tord de mettre autant en avant dans les médias la version Gordini (facturée 18 100 €) plutôt que d’insister sur le tarif d'appel. Ensuite, les concurrentes sont soumise au même problème d’un tarif trop élevé pour séduire sa clientèle visée. Pourtant, une marque comme Suzuki conserve la Swift Sport au catalogue.
Mais alors pourquoi s’obstiner à proposer des engins de ce genre, lorsque l’on sait qu’ils ne représentent qu’une fraction ridicule des ventes tout en demandant un véritable investissement en ingénierie ? Pour Suzuki, on peut argumenter sans trop de risques qu’il s’agit d’un produit d’appel, d’un engin destiné à attirer l’attention sur la Swift et sur la marque d’une façon générale. Mais chez Renault, la Megane RS attire suffisamment l’attention des médias et du public sur la gamme Renault Sport et la Twingo possède une aura suffisamment importante à elle seule pour qu’une version sportive soit superflue. Alors, se demande-t-on a nouveau, pourquoi sauver la Twingo RS ?
Je souhaite aujourd’hui avancer deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit à mon sens d’un formidable outil de découverte de la conduite sportive. Ce n’est pas en s’installant pour 5 tours de circuit au volant d’une supercar que l’on apprend à gérer les transferts de masse. Et ce n’est pas au volant d’une Clio Diesel d’auto-école que l’on découvre la finesse nécessaire pour ajuster une trajectoire ou s’essayer au freinage dégressif. C’est en cumulant des kilomètres de route avec une voiture saine et prévenante, mais vivante, que cet apprentissage se fait. Précise et joueuse tout en étant très sûre, la Twingo RS est la meilleure des écoles de pilotages que j’ai eu l’occasion de conduire lors de mes années en tant que journaliste-essayeur. L’étape d’après étant par exemple une Mazda MX-5 afin de découvrir les joies des propulsions… Ce point, Renault l’avait parfaitement compris en offrant des stages de pilotages à 1€ lors de l’achat d’une Twingo RS. Même en ces temps de crise et d’économies de bouts de ficelle, se positionner comme marque éducative et responsable mérite bien les quelques centaines d’euros que coûtent une telle opération. Surtout si on gagne le coeur du public avec une campagne de publicité TV sur fond de : « Parce que nous pensons que sécurité peut rimer avec plaisir de conduite. Parce que nous pensons que la formation est une méthode bien plus efficace que la répression. » Etc.
La seconde, c’est que la Twingo RS est tout simplement l’une des voitures les plus fun du marché. Pas du marché des citadines ou des petites voitures : non, du marché automobile dans son intégralité. Comme tout bon passionné, je m’extasie devant les pompes à feu italiennes, allemandes, américaines ou japonaises. Mais, comme beaucoup d’entre vous, je n’ai aucune envie de perdre mon permis et mon budget « amendes » est très limité. Et croyez moi sur parole, pour autant s’amuser qu’avec la Twingo à 80 sur une départementale, les Audi R8, Nissan GT-R et autres Ferrari F430 imposent de dépasser les 200-230 en permanence. Même la Megane RS demande de rouler à des vitesses fatales pour le permis avant de distiller des sensations. La Twingo RS est bien la 205 GTI des temps modernes. Le bonus, c'est que contrairement à la Peugeot, la Renault ne finit pas enroulée autour d’un arbre au moindre levé de pied. Il s’agit indéniablement d’un futur collector. Et Renault devrait tout faire pour la préserver. Même si elle n'en vend pas autant que prévu, la marque devrait être fier d’oser garder un tel produit.
Et pour une fois, nous devrions être fier que Renault, malgré tout ses défauts par ailleurs, propose un tel jouet.
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