Notre hôte, Ferrariste dans l’âme

Abandonné par son copilote souffrant, Eric Dermont, chef d’entreprise venant du Pays Basque, nous offrira gentiment l’accès au baquet de droite de sa rutilante Ferrari F430 à boîte F1 et disques céramiques. Tout au long du voyage, il se pliera aussi volontiers à mes questions sur sa passion pour les bolides de Maranello.

« C’est un rêve de gosse, j’ai toujours voulu avoir une Ferrari. Avant de pouvoir m’en offrir une, j’ai hanté la concession Daverat pendant des années, jusqu’au jour où, finalement, j’ai pu sauter le pas, sans jamais être revenu en arrière depuis. La première était une F355, rouge évidemment, à boîte mécanique. Puis j’ai suivi l’évolution classique, en passant à la 360 Modena, toujours rouge mais cette fois-ci avec une boîte F1, un régal sur la piste. Après 60 000km à son volant, je l’ai vendu pour passer à la F430. »

Me sentant étonné par ces kilométrages semblant élevés pour ce genre de véhicule, il poursuit :

« Les Ferrari ne méritent plus leur réputation de fiabilité désastreuse, mon ancienne Modena a maintenant 100 000km au compteur ! Personnellement, à part un souci d’embrayage sur cette dernière, qui a été remplacé sous garantie, je n’ai jamais eu le moindre problème. Ces voitures sont faites pour rouler, je ne comprends pas qu’on les laisse dans des garages. »


Rallye de Paris 2008, 200 voitures d'exception en liberté

Sortie de l’usine il y a seulement un an et demi, sa F430 affiche déjà 18 000 km. Quant à sa Maserati GranTurismo livrée il y a 6 mois et dont il se sert tous les jours, elle vient de franchir la barre des 10 000km.

Sur la route, je suis étonné des réactions positives des autres usagers, et des passants durant la traversée des villes, faisant des appels de phare ou agitant la main avec un grand sourire. C’est toujours comme ça ?

« Je n’ai jamais eu de problèmes, aucun vandalisme ou même de vilain geste. On me demande même régulièrement d’appuyer sur l’accélérateur pour faire entendre le bruit du moteur. Je réponds le plus souvent possible à ces signes de sympathie, et tout se passe bien. »

Et après la F430 ? « Je serais bien passé à la Scuderia, mais je me suis décidé trop tard, elles étaient déjà toutes vendues. »

Sur la route

Sur le road book offert aux participants, six étapes sont au programme, réparties sur pas loin de 1000km principalement de la nationale aux dépens de l’autoroute. Bien évidemment, aucun chronométrage n’est effectué, le classement ne se faisant que sous forme de pénalisations en cas d’oubli de passage dans un des contrôles dont les emplacements auront été tenus secrets jusqu’à la dernière minute.


Rallye de Paris 2008, 200 voitures d'exception en liberté

Malheureusement, les indications données par le road book s’avéreront assez complexes à assimiler par de nombreux concurrents, donnant lieu à de nombreux égarements et à un spectaculaire bouchon de supercars juste après le premier contrôle.

Bien sûr, avoir tant de chevaux sous les capots sur des routes aussi somptueuses donne forcément lieu à quelques accélérations enthousiastes mais les excès demeureront marginaux.

Sur les circuits

Deux prestigieux circuits sont au programme : Magny-Cours et Val-de-Vienne. Les participants sont séparés en plusieurs catégories et l’épreuve porte sur la régularité plutôt que la performance pure : quatre tours doivent être effectués, le premier sert de référence et les trois suivant doivent être effectués dans les mêmes temps.

Avec des voitures dont les prix ont six chiffres, on pouvait s’attendre plutôt à un genre de balade sur le circuit comparable à un manège pour enfant, mais il n’en est rien : le premier virage après la sortie du pace-car donnera lieu à la première passe d’armes entre une Ferrari 430 Scuderia, une Porche 911 GT3 RS, une Lotus Exige et une Marcos TSO, à quatre de front.

A ce petit jeu, une Porsche 911 GT3 finira dans les pneus à Magny-Cours. Plus de peur que de mal, avec un peu de tôle froissée et des traces noires sur les flancs qui n’empêcheront pas son conducteur de rallier Poitiers le soir même et de tourner le lendemain au Val-de-Vienne.


Rallye de Paris 2008, 200 voitures d'exception en liberté

Qu’on se le dise, il existe toujours en France des irréductibles gardant contre vent et marée une indéfectible passion pour la belle mécanique malgré une époque où chaque voiture semble être considérée comme plus polluante que l’Amoco Cadiz à Tchernobyl et sur la route comme une arme plus mortelle que la peste et le choléra réunis.

Politiquement incorrect, le Rallye de Paris ? Certainement, mais malgré cette fièvre automobile, aucun incident véritable ne sera noté, grâce à une organisation visiblement très bien rôdée à l’exercice et des participants responsables méritant dans leur grande majorité le nom de gentlemen drivers.

Un grand merci à Eric Dermont pour avoir accepté de lourdement pénaliser les performances de sa voiture en m’acceptant comme lest à son bord.