La 44e édition du Salon international de l'agriculture (SIA) se tient à Paris Expo, Porte de Versailles, du samedi 3 au dimanche 11 mars 2007. C'est l'occasion d'évoquer l'agriculture française sur le marché mondial et les biocarburants. Le débat sur le sujet est vif. La concurrence des pays émergents est de plus en plus importante et grignote à la France des parts de marché depuis la fin des années 1990. Les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les échanges agricoles et les futurs pourparlers en Europe sur l'évolution de la politique agricole commune (PAC) obligent, en outre, à s'interroger sur l'avenir de la puissance agricole française. Notamment sur sa vocation exportatrice. La France est troisième exportateur mondial, marché européen compris, et huitième, hors exportations européennes.
Dans le cadre des négociations de libre-échange que l'OMC tente de relancer, l'organisation souhaite voir réduire les droits de douane européens et supprimer les subventions à l'exportation. Ces mesures risquent de fragiliser les agriculteurs français, notamment sur le marché européen. L'évolution de la PAC, dont la nouvelle version, entrée en vigueur en 2006, est censée rester en place jusqu'en 2013, pourrait tout autant les affaiblir au niveau international. Les Français redoutent une révision à la baisse du budget de la PAC, jugé par certains pays colossal (autour de 50 milliards d'euros, soit plus de 40 % du budget européen). Lors du bilan de santé de la PAC, prévu en 2008, la question ne manquera pas d'être posée, comme celle d'une réorientation des aides vers les pratiques environnementales et le développement rural. Déjà, dans les colloques, les points de vue d'experts émergent, tentant de convaincre les agriculteurs à l'évidence : il faudra réformer. "L'opinion publique n'est pas prête à payer pour que nos producteurs nourrissent les Chinois, mais l'est pour que sa propre sécurité alimentaire soit assurée", explique Lucien Bourgeois, économiste à l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture. Pour lui, comme pour d'autres, l'avenir passe essentiellement par le marché européen, et non par l'éparpillement des forces sur les pays lointains (ou plus humblement le bassin méditerranéen, marché traditionnel des exportations françaises). L'Union européenne (UE) représente en effet le principal marché de l'agriculture française (72,5 % de ses exportations en 2006). Ce "repli" européen, en outre, pourrait être favorisé par le développement sur le marché intérieur de la production de biocarburants, un nouveau débouché pour le blé, le maïs ou encore la betterave.
L'innovation, la valeur du futur
La réforme de l'organisation du régime sucrier européen, en 2006, va dans ce sens. D'ici 2013, l'UE devra privilégier ses importations par une diminution conséquente de la production (et donc la fermeture de sites), une ouverture des frontières et la fin des subventions à l'exportation. Les professionnels n'imaginent pas, toutefois, tirer un trait sur le marché mondial : "Si les prix mondiaux restent élevés, nous pourrons demain exporter sans subventions. Mais, pour cela, il faut pouvoir conserver notre potentiel de production", s'alarme Alain Jeanroy, le directeur de la Confédération générale des betteraviers. Les agriculteurs craignent par-dessus tout l'arrivée en masse, en Europe, des produits des pays émergents. "Nous avons besoin de tous les débouchés, des biocarburants comme des exportations vers les pays lointains", estime François Gâtel, directeur de France Export Céréales, un organisme de promotion des produits français. "Quand on voit la demande agricole mondiale à venir, alimentaire et énergétique, on a des raisons d'être optimistes sur la place de l'agriculture française", relève Xavier Beulin, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) chargé des questions internationales. "Mais il y a un bémol, poursuit-il, car, au moment où s'exprime cette demande, l'Europe lâche progressivement son agriculture." L'ensemble de la profession met en avant ce "paradoxe". "Avec 9 milliards d'humains, il va falloir doubler la production mondiale pour nourrir la planète, affirme Christian Pèes, président de la coopérative Euralis et auteur de L'Arme alimentaire. Les clés de l'indépendance. Le Brésil ne pourra pas tout faire et la France reste bien placée." L'agriculture française a effectivement de beaux arguments : surfaces disponibles importantes, bons rendements, compétence technique, sols et climat avantageux qui permettent une production régulière.
Source : Le Monde
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