En matière de sécurité routière il y a la réalité que l'on a et celle que nos dirigeants voudraient avoir. La première est le fruit d'étude précise et objective alors que l'autre est motivée par des objectifs à atteindre parfois bien éloignés du sujet traité. La preuve avec cet enseignement du baromètre 2014 d'Axa Prévention sur le comportement des Français au volant qui révèle une situation dont le traitement n'aidera sans doute pas à remplir les caisses de l'Etat.


Que dit cette étude qui en est à sa dixième édition ? Que nous roulons moins vite et que nous sommes plus responsables sur la question de l'alcool au volant. En revanche, nous sommes deux fois plus nombreux qu'il y a dix ans à utiliser notre téléphone au volant. 34% des automobilistes reconnaissent qu'il leur arrive de téléphoner au volant, contre 18% en 2004. La nouvelle génération est particulièrement exposée. 57% des 18-25 ans avouent téléphoner au volant. Pire, les mêmes annoncent consulter et lire aussi leurs SMS.


Une conjoncture à laquelle il fallait s'attendre néanmoins. L'intrusion du téléphone portable dans nos vie ces dernières années -et surtout depuis dix ans, spectre du constat- ne pouvait qu'annexer tous les espaces de notre vie quotidienne. L'habitacle de notre voiture y compris tandis que la génération qui a été élevée avec cette technologie ne peut que la porter sur elle à chaque instant de son parcours quotidien.


Autre phénomène à regretter, celui de la somnolence au volant. Il y aurait ainsi une banalisation des risques liés à la conduite de nuit. 47% des automobilistes reconnaissent prendre le volant en état de fatigue, et parmi eux, 62% de la dernière génération.


Il y a donc de l'éducation et de la prévention à faire. Maintenant, les tenants de la répression retiendront dans cette étude qu'en dix ans, la conduite en ville reste inchangée concernant le non-respect des limitations de vitesse et du feu orange. Un automobiliste sur deux roule toujours à plus de 65km/h en ville et trois sur quatre ne s'arrêtent pas systématiquement au feu orange. Il y a même des chances que nos politiques ne retiennent que ça.