On s'y attendait : l'absence d'éthylotest ne sera pas verbalisable. La détention d'un tel équipement est toujours bien recommandée, « y compris pour les conducteurs de cyclomoteurs, mais sans sanction », a confirmé Armand Jung, le président du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR), dont les premières mesures étaient présentées ce mercredi matin. Le but est de « privilégier l'usage des éthylotests », plutôt que d'inciter les conducteurs « à ne pas les utiliser » pour pouvoir en présenter « en cas de contrôle ».
La deuxième mesure du CNSR est plus surprenante, pusiqu'il s'agit d'uniformiser la signalisation des radars fixes de vitesse : de la cabine traditionnelle, aux nouveaux radars tronçons, en passant par les radars discriminants. « Le CNSR recommande de les annoncer systématiquement par un panneau standard, à une distance (…) variable », a déclaré le député Jung. Parmi les 200 nouveaux appareils attendus pour cette année 2013, tous les fixes devront donc être précédés d'un panneau classique et non pas d'un radar pédagogique. A terme, d'ailleurs, ces derniers devraient tous disparaître devant les radars, et être remplacés par de simples panneaux.
Manuelle Salathé, secrétaire générale de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), a en effet rappelé que les radars pédagogiques coûtaient « à l'installation 6 500 € et encore 2 500 € en entretien annuel », alors qu'il fallait débourser « uniquement » 2 300 € pour un panneau standard. Cette mesure pourrait donc vite être rentabilisée par l'économie engendrée, a-t-on en substance essayé de faire comprendre. Sauf qu'a priori les 2 000 radars pédagogiques que l'on devrait compter sur les routes d'ici la fin de l'année ne finiront quand même pas à la poubelle. Ils pourraient être simplement « déplacés, notamment dans les villes » où leur utilisation paraît plus adaptée, nous a confié Manuelle Salathé. A charge pour les communes de régler la note de leur maintenance ? Pas sûr qu'elles acceptent.
Le message que le président du CNSR entendait en tout cas faire passer lors de cette conférence de presse, c'est que les mesures présentées ce matin doivent « symboliser une nouvelle démarche... Nous voulons convaincre plutôt que réprimer ». La tâche s'annonce délicate, même au sein du CNSR. Chantal Perrichon, membre du Conseil en tant que présidente de la Ligue contre la violence routière, n'a pas caché son désaccord et sa colère, en marge de ce rendez-vous. Selon elle, les mesures ont surtout été prises « à la va-vite, sans réelle concertation » avec les associations, mais aussi « les experts ». Dans ces conditions, « Manuel Valls pourra difficilement prendre les bonnes décisions qui s'imposent... »
Pour ce qui est des autres mesures attendues du CNSR, elles porteront notamment sur les deux-roues, mais potentiellement aussi sur « les boîtes noires » citées par Armand Jung. Mais aucun calendrier n'a été ébauché. « Notre mission est de trois ans, ce n'est donc qu'un début », a simplement précisé le député socialiste, tout en reconnaissant que « nous n'avons plus de mesures phares telles que le permis à points, les radars et la ceinture de sécurité qui ont toutes été d'une efficacité redoutable »... Autant dire qu'aucune de ces grandes mesures, prises par les gouvernements précédents, en particulier le contrôle automatisé des infractions routières, ne sera remise en cause. Armand Jung a eu beau insister sur la « nouvelle démarche » qu'il compte imposer, dans le fond, il ne devrait pas y avoir de grands bouleversements à attendre. A suivre.
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