Audi A6 2.8 Avant vs Lancia Kappa 3.0 SW, duel de breaks chics, dès 3 500 €
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Plus luxueux que réellement volumineux, ces deux breaks sont tout de même plus pratiques que les berlines dont ils dérivent. De plus, dotés de puissants V6, ils se montrent agréables à conduire et performants. Lequel choisir ?
Les forces en présence
Audi A6 2.8 V6 Avant (1998-2001) : break 5 portes, 6 cylindres en V, 2,8 l atmo, 193 ch, 1 510 kg, 234 km/h, à partir de 3 500 €.
Lancia Kappa 3.0 V6 SW (1996-2001) : break 5 portes, 6 cylindres en V, 3,0 l atmo, 204 ch, 1 610 kg, 218 km/h, à partir de 4 000 €.
Dans les années 90, les Allemands ne se sont pas encore accaparé le segment des grandes routières premiums. Certains résistent encore, tel Lancia qui propose dès 1994 une estimable Kappa dont la gamme va s’étoffer. Elle se décline en un très élégant break SW dès 1996, et peut bénéficier du fabuleux V6 3,0 l Alfa Romeo de 204 ch qui l’emmène à près de 220 km/h.
Mais en 1997, Audi dégaine son A6 C5, remarquablement bien dessinée et assemblée. Dotée d’une gamme encore plus complète que celle de la Lancia, elle se décline en break Avant en 1998, et reçoit un excellent V6 2,8 l maison développant 210 ch qui lui fait dépasser les 230 km/h. Elle peut aussi s’équiper d’une transmission intégrale Quattro quand la Kappa demeure une simple traction. Cela dit, il ne faudrait pas en déduire trop vite qu’elle rafle la victoire…
Présentation : deux breaks très élégants
Pour la deuxième génération d’A6 (qui correspond à la cinquième de la 100 dont elle descend), Audi ose une nouvelle plateforme, montée sur des trains roulants assez raffinés, composés de triangles superposés à l’avant alors que l’arrière se contente d’un essieu de torsion sur les tractions. La carrosserie n’est pas en reste. Très originale avec son pavillon en arc de cercle, elle se révèle également aérodynamique, le Cx de ressortant à 0.28. Sous le capot, là encore, Audi n’a pas lésiné. Une pléthore de moteurs est proposée, dont deux V6, le plus puissant, un 2,8 l à 5 soupapes par cylindre, développant 193 ch. Il peut s’allier à une boîte 5, manuelle, ou automatique Tiptronic, propulsant l’allemande à plus de 230 km/h. Bien entendu, la transmission intégrale Quattro est disponible.
En clair, l’A6, à la fois belle et technologique, rencontre un beau début de carrière. En janvier 1998, elle se décline en break Avant qui, comme la Kappa, voit son coffre diminuer face à celui de la berline : 455 l (- 100 l !) ou 1 479 l banquette rabattue. Trois finitions sont proposées. La Pack, incluant le régulateur de vitesse, le radar de stationnement, la clim, la sono et les jantes alliage. Bien, mais elle est facturée 284 000 F (59 000 € actuels selon l’Insee), et la boîte auto reste en supplément à 13 000 F. La Pack Cuir ajoute en toute logique le cuir et se facture 295 000 F (61 300 € actuels). En 1999, cette dernière est renommée Pack Plus, et en 2000, l’ESP débarque, tout comme la boîte Multitronic à variation continue. En 2001, à l’occasion du restylage de la gamme A6, le V6 2,8 l disparaît, remplacé par un 3,0 l de 220 ch. Cette génération d’A6 sera remplacée en 2004.
Après l’échec de la Gamma, Lancia se refait une réputation dans le haut de gamme grâce à l’excellente Thema, élégante et distinctive. Lui succède en 1994 la Kappa, qui déçoit quelque peu par sa ligne bouffie, à la limite de la banalité. Heureusement, elle se révèle très réussie techniquement, dotant sa plateforme inédite de la très belle suspension arrière McPherson héritée de la Gamma. Sous le capot, outre des 5-cylindres tout nouveaux et le bloc de la Delta Integrale, la Kappa accueille le superbe V6 Alfa Romeo, un 3,0 l développant 204 ch. Disponible en finitions LS (clim auto, Alcantara, jantes alliage, sono, vitres et rétros électriques) et LX (sièges électriques en cuir, radio CD), il peut s’atteler à une boîte auto à 4 vitesses ou une manuelle à 5 vitesses.
Les ventes débutent correctement, et l’arrivée du break SW en 1996 vient les renforcer. Dessiné chez Pininfarina, ce dernier présente bien plus de personnalité que la berline. Mais voilà, à trop jouer le style, il oublie la praticité : son coffre est 20 l plus petit que celui de la berline (505 l) mais on peut l’agrandir à 1 500 l, ce qui demeure toutefois moyen. Curieusement, la Kappa SW n'est pas disponible avec la finition LX, et le V6 s’attèle exclusivement à la boîte auto. Mais de série, le break reçoit le correcteur d’assiette arrière et la direction à assistance variable. A 253 100 F (54 500 € actuels selon l’Insee), il n’est pas particulièrement bon marché. En 1998, la gamme Kappa subit un léger restylage (faux bois verni sur le tableau de bord, volant modifié, régulateur de vitesse, GPS et xénons en option) puis termine sa carrière en 2001, produite à 117 000 unités.
Fiabilité/entretien : pas les écarts qu’on imagine
Chez Audi, le V6 a pu connaître des soucis de surconsommation d’huile en début de carrière, mais le souci est depuis longtemps résolu. Le moteur se révèle très endurant mais, comme celui de la Lancia, demande un changement de courroie de distribution, en l’occurrence tous les 120 000 km ou 10 ans. Côté boîte, si la Tiptronic ne cause guère d’ennuis si elle a été respectée et vidangée avant 100 000 km, la Multitronic peut devenir un piège : mieux vaut l’éviter. Toujours sous le capot, la pompe de direction assistée est un point faible. De son côté, la suspension avant a connu pas mal d’ennuis (triangles rouillés, jeux), tout comme les biellettes de direction, alors que dans l’habitacle, très bien fini au demeurant, les vitres électriques sont un point faible.
La Lancia Kappa est une auto bien née, ne souffrant d’aucune tare particulière. Ses avaries sont surtout électriques : panne de la fermeture centralisé, capteurs d’airbags défectueux. Plus rarement, la centrale d’airbags est à remplacer. De son côté, le moteur se révèle très solide, mais son entretien coûte cher car il faut en remplacer la courroie de distribution tous les 80 000 km maxi. Pas de soucis particuliers non plus au sujet de la boîte, si elle est vidangée avant 100 000 km. Reste que la disponibilité de certaines pièces devient problématique.
Avantage : Kappa. Etonnamment, la grande Lancia a connu moins de soucis que l’Audi, surtout du côté de la transmission et du train avant.
Vie à bord : chaleur italienne vs rigueur allemande
L’Audi n’offre peut-être pas autant d’espace que la Lancia, mais sa finition et son tableau de bord en mettent plein la vue. Design, qualité des matériaux, assemblage, tout ceci frise la perfection. Par ailleurs, l’équipement semble un peu plus riche que celui de l’italienne, mais les sièges apparaissent plus fermes. A l’arrière, le coffre n’est pas plus spacieux que celui de la Kappa mais ses formes plus régulières ainsi que son seuil plus bas facilitent le chargement.
La Lancia se caractérise par un habitacle chaleureux et surtout très spacieux. On est bien installé dans des sièges moelleux, alors que tout est doux au toucher : Alcantara, plastiques… Les passagers profitent aussi d’une bonne dotation de série, et la finition atteint un joli niveau. Pour sa part, le coffre manque un peu de volume et beaucoup de praticité, la faute à ses formes tourmentées. Toutefois, il profite d’un double fond appréciable
Avantage : Audi. Mieux finie que la Lancia, l’Audi profite aussi d’une dotation supérieure et d’un coffre plus pratique.
Au volant : rigueur italienne vs froideur allemande
Grâce au volant réglable en hauteur et en profondeur, la Kappa propose une excellente position de conduite. On est bien installé dans le siège ample, a fortiori s’il n’est pas en cuir. Au démarrage : bonheur. La symphonie du V6 Alfa percole gentiment dans l’habitacle. Ensuite, à l’usage, ce moteur se révèle d’une onctuosité infinie, d’une musicalité rarement égalée même si, comme ici, elle est travaillée tout en nuances. De surcroît, il se montre très performant et vif dans les tours, même si la boîte auto, pas assez rapide, le bride quelque peu. Le châssis est à l’aune de cette mécanique.
Certes, l’amortissement fait sautiller la voiture à basse vitesse, mais ensuite, on apprécie l’excellent équilibre et le dynamisme de ce break de surcroît très sûr. Les aspérités ne le gênent pas : il demeure précis et rigoureux quoi qu’il arrive. A la limite, il va sous-virer, ce qu’on compense aisément en levant le pied, rendant alors le comportement tout à fait neutre. A vitesse autoroutière le confort est appréciable, tout comme l’insonorisation. Une homogénéité impressionnante, même si avant 1998, il manque un régulateur de vitesse.
Cet équipement, l’Audi en dispose, tout comme du radar de recul. Des éléments qui viennent compléter une position de conduite parfaite (volant réglable dans les deux plans) et un siège vraiment bien dessiné. Le moteur ? Ah ça, il ne sonne pas comme le V6 italien, mais il émet tout de même un joli feulement. Moins doux que le Busso, il est en revanche un peu plus performant, malgré sa puissance moindre, rançon d’une conception plus récente. De surcroît, la boîte auto à 5 rapports, contre 4 à la Lancia, permet de mieux l’exploiter surtout si l’on utilise la commande séquentielle (mal placée).
Bref, un excellent moteur ici aussi, même s’il reste moins démonstratif que son rival latin. Dynamiquement, si l’Audi profite d’une direction et d’un train avant très précis, elle pâtit d’un amortissement mal dosé. Sur revêtement lisse, tout va bien, mais dès que les bosses arrivent, l’A6 perd de sa superbe. Elle génère d’amples mouvements de caisse, pas dangereux certes mais préjudiciables au confort comme à l’efficacité. Et à la limite, l’allemande ne saura que sous-virer. Dommage, car l’auto offre un bon freinage et une excellente insonorisation.
Avantage : Lancia. Si l’A6 est un poil plus rapide, la Kappa se rattrape par son comportement plus efficace, son meilleur confort et son agrément moteur incomparable.
Budget : une Audi plus douce pour le portefeuille
Une fois n’est pas coutume, une Audi se montre moins chère à l’achat qu’une Lancia équivalente. En effet, l’A6 2.8 Avant se dégotte dès 3 500 € en très bon état, sans nécessiter de frais, avec environ 200 000 km compteur. A 4 500 €, on obtient une auto de 150 000 km environ, alors qu’à 6 000 €, on passe sous la barre des 100 000 km. L’offre est abondante en Europe, sinon en France.
Un avantage dont ne peut se targuer la très rare Lancia. Elle débute à 4 000 €, en affichant 200 000 km. Mais il faut déjà dépenser 6 500 € au bas mot pour une auto de moins de 100 000 km, qui ne sera pas simple à dénicher ! Les autos vraiment peu kilométrées passent les 10 000 €.
La consommation ? En mixte, comptez 10,5 l/100 km avec l’Audi et 11,5 l/100 km avec la Lancia.
Avantage : Audi. Moins chère à l’achat et plus frugale, l’A6 prend ici le pas sur la Kappa.
Verdict : égalité aux points, mais…
Nos deux rivales terminent à égalité de victoires, mais celles de la Lancia sont plus nettes. Elle est mécaniquement plus solide que l’Audi, beaucoup plus agréable à l’usage, mieux suspendue et surtout nantie d’un moteur mythique. L’A6 réplique par un habitacle globalement plus plaisant (surtout grâce à la finition impressionnante), un coffre moins tarabiscoté et un petit avantage budgétaire. La passion rencontre la raison de façon plus évidente avec la Lancia, mais il s’agira d’en trouver une à vendre…
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Lancia |
Vie à bord | Audi |
Au volant | Lancia |
Budget | Audi |
Verdict | Lancia |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Audi A6 Avant et Lancia.
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