BMW 318i Touring vs Lancia Lybra SW 2.0 : des breaks de charme à bon marché
C’est le moment de partir un mois en vacances, et plutôt que de perdre sèchement 3 000 € en louant un banal SUV, pourquoi ne pas opter pour un break sympa, performant et charmeur au même prix ? Les BMW 318i Touring et Lancia Lybra 2.0 SW s’offrent à vous, et à la rentrée, vous pourrez récupérer votre mise, au moins en partie.
Les forces en présence
- BMW 318i Touring (2001-2005) : break 5 places, 4 cylindres, 2,0 l atmo, 143 ch, 1 390 kg, à partir de 3 000 €
- Lancia Lybra 2.0 SW (1999-2005) : break 5 places, 5 cylindres, 2,0 l atmo, 154 ch, 1 390 kg, à partir de 2 500 €
Au début de ce siècle, si on voulait un break chic et de gabarit raisonnable, on n’était pas obligé de se fournir en Allemagne. On traversait les Alpes et on trouvait par exemple la très particulière Lancia Lybra SW, agréablement présentée et dotée d’un onctueux 5-cylindres essence. Un vrai choix d’esthète. On pouvait aussi se rendre outre-Rhin et opter pour une dynamique BMW 318i Touring, moins excentrique que l’italienne mais au moins aussi attirante grâce à ses sensations de conduite, typiques d’une propulsion. Toutes deux passent les 200 km/h et effectuent le 0 à 100 km/h en moins de 10 s : des performances toujours à la page.
Présentation : deux breaks forts en caractère, dans des registres différents
Après une Série 3 E36 qui a habilement modernisé son design, BMW joue la sécurité en la remplaçant par une E46, très similaire par son concept, son langage stylistique et ses choix technologiques, mais infiniment mieux réalisée.
Présentée en décembre 1997 en berline, puis en 1999 en break Touring, elle séduit d’emblée par sa finition remarquable et ses qualités routières, sans oublier ses moteurs. Mais ceux-ci se bonifient encore fin 2001, lors du restylage. La 318i passe de 117 ch à 143 ch en adoptant un bloc N42 inédit et ultramoderne.
Réalisé en alliage, il bénéficie d’une culasse 16 soupapes dont les arbres à cames s’équipent non seulement d’un calage variable Vanos mais aussi d’une gestion électrique des soupapes Valvetronic, système qu’il inaugure chez BMW. Le prix est élevé : 28 150 €, soit 36 600 € actuels selon l’Insee. À ce prix on n’a droit qu’à une radio k7 et une clim manuelle. Mieux vaut prendre la Pack, qui, à 29 700 €, ajoute la régulation électronique de la clim ou encore la banquette en deux parties.
Pour le régulateur de vitesse ou les vitres électriques, il faut recourir aux options. Néanmoins, la Série 3 E46 se vend très bien, et quand l’E90 la remplace en 2005, sa finition affiche une étonnante baisse.
Remplaçant en 1999 une Dedra qui s’est correctement vendue mais accuse déjà 10 ans, la Lybra en conserve des éléments de plate-forme. Elle étire tout de même son empattement et bénéficie d’une toute nouvelle suspension arrière multibras.
Mais c’est par sa carrosserie que la Lancia surprend réellement. En effet, le constructeur s’est dit que pour séduire une riche clientèle quinquagénaire, il fallait conférer à l’auto un look néo-rétro. Du coup, la Lybra se voit affublée d’une face avant dotée de deux gros feux rappelant ceux de l’Appia de 1953, dont l’inspiration se retrouve aussi sur les portières de la Lybra.
Un choix étrange qui tranche avec l’habitacle splendide et les moteurs séduisants. Notamment, en essence, le musical 5-cylindres 2,0 l de 154 ch, doté d’un déphaseur d’arbre à cames. Pour 2002, année que nous retenons pour la comparaison avec la BMW, la Lancia existe en trois finitions : LX (27 100 € - 34 300 € actuels selon l’Insee), Intensa (28 100 €) et Executive (31 600 €).
Toutes sont très bien équipées : clim bizone, hifi Bose, phares et essuie-glaces automatiques, rétroviseur photosensible, jantes alu, 4 vitres électriques. L’Intensa ajoute la sellerie cuir-Alcantara, les chromes brunis et les xénons, alors que l’Executive a carrément droit aux sièges en cuir à réglages électriques, au GPS, au régulateur de vitesse voire au téléphone. Le top de l’époque ! Néanmoins, et malgré ses qualités, la Lybra sera un échec commercial et n’aura pas de remplaçante lors de sa disparition en 2005.
Fiabilité/entretien : Deux autos robustes, mais aux tares spécifiques
Contrairement aux diesels, les moteurs à essence BMW se révèlent très fiables, sans tare particulière. Simplement, ils apprécient qu’on réduise les intervalles de vidange indiqués par l’ordinateur de bord.
Passé les 100 000 km, on écoutera la distribution, les tendeurs de chaîne pouvant devenir bruyants, alors qu’on relève des défaillances du Vanos. Plus régulièrement, les bobines sont à changer à ce kilométrage, de même que les silentblocs de train avant. On vérifiera aussi les attaches de train arrière, qui s’arrachent sur les autos maltraitées (cas très rare sur la 318i). Dans l’habitacle, le témoin d’airbag passager s’allume car la nappe électronique située dans le siège est défaillante. Mais grâce à la qualité des matériaux, le cockpit vieillit remarquablement bien.
Pour sa part, la Lancia profite aussi d’un moteur très endurant, mais nécessitant un changement de courroie de distribution tous les 5-6 ans (100 000 km maxi). Une opération à 1 000 € au bas mot, le bloc n’étant pas très accessible. Les bobines d’allumage rendent parfois l’âme à ce kilométrage, tout comme les silentblocs de train avant.
L’habitacle vieillit globalement bien mais moins que celui de la BMW, à cause de boutons de commande fragiles. Surtout, l’électronique peut causer plus de soucis que celle de la BMW, souvent par la faute d’une connectique défaillante, principalement avant 2002. En cause, un assemblage variant parfois beaucoup d’un exemplaire à l’autre : une Lybra peut durer très longtemps sans connaitre aucun pépin ou vous pourrir la vie dès sa mise en circulation. En principe, celles qui restent sont les bonnes.
Avantage : BMW, de peu. L’allemande profite d’une qualité de montage supérieure et bien plus constante, ce qui limite les pépins. Mais mécaniquement, elle n’est pas meilleure.
Vie à bord : plaisir des sens à l’italienne
BMW a particulièrement soigné la finition de sa Série 3 E46, on l’a dit, mais l’habitabilité arrière reste fort moyenne. Si la position de conduite est parfaite, tout comme l’ergonomie (ah, ce splendide tableau de bord à la console centrale orientée vers le conducteur), les sièges ne procurent qu’un confort médiocre, tandis que l’équipement, à moins de recourir aux nombreuses options, reste étonnamment chiche. Les vitres arrière sont manuelles par exemple. De son côté, le coffre se montre pratique à charger, mais son volume demeure à peine convenable : de 410 l à 1 345 l banquette rabattue.
Pour sa part, la Lancia se targue d’une présentation très flatteuse. Ce n’est pas que du tape-à-l’œil car la qualité des matériaux atteint un niveau fort respectable. Tout est doux au toucher (sellerie en Alcantara ou en cuir), et les sièges procurent un confort enviable. Pour sa part, la position de conduite est bien étudiée, mais l’ergonomie un peu plus fouillis que dans l’allemande.
L’habitabilité arrière surpasse nettement celle de la BMW, tout comme l’équipement, comme nous l’avons décrit plus haut. En somme, la Lancia propose un espace de vie autrement agréable ! Mais le coffre déçoit : moins pratique que celui de la BMW à cause de son seuil, il n’est par ailleurs pas plus spacieux : de 420 l à 1 300 l banquette rabattue.
Avantage : Lancia. Beaucoup mieux équipée, plus spacieuse et chatoyante que la BMW, la Lybra prend ici l’avantage malgré sa finition moins léchée et son coffre un peu juste.
Sur la route : un salon roulant appelé Lancia
Régalant par sa position de conduite et son ergonomie impeccables, la BMW met tout de suite à l’aise. Le moteur n’émet pas un son très plaisant, mais il se montre souple, à l’aise à mi-régime et plutôt enclin à flirter avec la zone rouge. Il procure des performances très suffisantes, même si les reprises pâtissent du manque de couple. Il suffit de jouer de la commande de boîte, assez agréable à manier, pour bien relancer ce bloc volontaire. L’embrayage est typiquement BMW, donc peu progressif, dommage.
Côté châssis, c’est précis, sain et très équilibré. L’amortissement réalise un bon compromis entre confort et maintien de caisse, et l’auto se laisse volontiers brusquer. En la provoquant, on peut la faire survirer à l’accélérateur, brièvement sur le sec, et bien plus amplement sur le mouillé : attention. Les freins sont efficaces, mais l’endurance n’a rien d’exceptionnel.
La Lancia, c’est une ambiance. Outre la beauté de la présentation, la mélodie du moteur donne le sourire dès la mise en route. Confortablement installé, on a envie de sentir la puissance du 5-cylindres, mais pour ça, il ne faut pas hésiter à le solliciter car il est un peu creux à bas régime. Ensuite, passé 4 000 tr/min, il chante merveilleusement, mais on reste un peu sur sa faim côté punch, l’étagement assez long de la transmission n’arrangeant pas les choses. Heureusement, la commande de boîte est très agréable : tant mieux, car pour bien avancer, on va s’en servir !
Les liaisons au sol soignées préservent à la fois le confort, excellent, et la tenue de route, parfaitement sûre, alors que la précision ne fait jamais défaut. La direction se montre consistante et informative, mais à la limite, la Lancia sera moins joueuse que la BMW. En revanche, sur le mouillé, sa stabilité est supérieure. Enfin, la sono Bose offre une qualité d’écoute autrement supérieure à celle de l’installation basique de la BMW !
Avantage : Lancia. Dans le cadre d’un usage familial, le confort et la sécurité de la Lancia valent mieux que le dynamisme et les performances un poil supérieurs de la BMW.
Budget : frugalité allemande
Si on cherche des autos affichant environ 150 000 km, on devra dépenser 3 000 € pour la BMW et 2 500 € pour la Lancia. Et si abaisse le kilométrage, l’écart se creuse : on peut encore trouver une Lybra de 100 000 km pour 3 000 €, alors que la 318i passera les 5 000 €.
D’un autre côté, l’Allemande consomme environ 7,5 – 8 l/100 km sur route, la Lancia réclamant un bon litre de plus. Par ailleurs, du fait de son assemblage plus rigoureux, elle pâtit de moins de petits pépins, donc se montre un peu moins chère en entretien, et se revendra à coup sûr plus aisément que la Lancia.
Avantage : BMW. Certes plus chère à l’achat, la 318i prend le dessus grâce à son prix de revient kilométrique inférieur.
Verdict : cœur italien, raison allemande
Aux points, il sera difficile de départager nos deux protagonistes, ce qui, en soi, constitue une petite victoire pour la Lancia, dont l’image de marque est très inférieure à celle de la BMW. L’italienne la surpasse par son agrément moteur, son équipement, son habitabilité et son confort, voire la sécurité de son comportement routier sur le mouillé. Sans oublier l’originalité !
Mais cette caractéristique pourra aussi en rebuter certains, qui iront apprécier la finition, le dynamisme, les performances et la relative frugalité de la 318i, par ailleurs plus facile à revendre. Si on reste purement raisonnable, on choisit la BMW, si on laisse parler le cœur, on prend l’italienne, qui n’oublie pas une certaine rationalité.
Le classement final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | BMW |
Vie à bord | Lancia |
Sur la route | Lancia |
Budget | BMW |
Verdict | Égalité |
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : BMW Série 3 E46 Touring, Lancia Lybra
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