BMW R73: l'art d'accommoder les restes...
Après la deuxième guerre mondiale, plusieurs dizaines de BMW R73 seront fabriquées. Pourtant, ce modèle n'a jamais figuré dans la gamme des motos produites par le constructeur allemand et pour cause... Caradisiac Moto revient aujourd'hui sur l'histoire de cette excellente machine et, cerise sur le gâteau, vous offre un essai de la belle.
Pour bien comprendre l'origine de cette moto, il faut revenir au début de la seconde guerre mondiale, au moment où la France est passée sous contrôle allemand.
Les différents corps militaires de l'occupant sont très bien motorisés (comparés à l'armée française), mais il faut pouvoir assurer l'entretien de tout ce matériel. Pour les motos, un ancien garage Simca est réquisitionné rue Pierret à Neuilly. Ce centre, appelé le "HPK 503", est très vite transféré dans un ancien garage d'autobus situé au 58, avenue Mozart dans le seizième arrondissement.
En parallèle, un bureau de sous-traitance est créé aux Champs-Elysées pour coordonner les travaux qui devront être réalisés par des ateliers français. Ces derniers, pas très ravis de travailler pour l'occupant, feront en sorte de "bacler" les usinages, ou ne fabriqueront qu'un seul élément pour ralentir la production. C'est ainsi qu'à la libération, plus de 30 000 ébauches de tubes de fourches télescopiques furent retrouvées...
En 1944, la capitale française est enfin libérée. L'Administration des Domaines prend le contrôle du "HPK 503"; elle met la main sur tous les stocks de pièces encore chez les sous-traitants, et récupère l'ensemble des motos laissées par les allemands sur le sol français. C'est ainsi qu'est créé le C.M.R. (Centre de Montage et de Réparation). Compte-tenu des nombreux éléments disponibles, au début, ce sont des BMW R12 qui seront assemblées. On estime à environ 300 le nombre de machines qui seront remontées et distribuées à la gendarmerie, l'armée et la police. L'écusson est modifié pour arborer les couleurs bleu-blanc-rouge.
Et cette BMW R73? On y vient...
Au milieu de l'année 1945, Mr Dormoy, qui était le technicien de l'équipe travaillant au C.M.R., commença à s'intéresser aux nombreuses autres pièces mécaniques encore disponibles. Il installa un moteur de BMW R75 dans une partie cycle de BMW R5 (cadre rigide). Afin d'améliorer cette nouvelle machine, Mr Dormoy utilisa un cadre de BMW R71 (suspensions arrières coulissantes. Pour le nom, rien de plus facile, 73 se trouvant juste au milieu de 71 et 75. C'est ainsi que naquît la seule BMW de série que les allemands n'ont jamais fabriquées.
Malgré une commande d'une centaine de machines, les stocks de pièces s'épuisant (certaines seront remplacées par des éléments français), on estime qu'environ quatre-vingts motos seront produites par le C.M.R.
Quelques petits garages parisiens, une fois la paix revenue, arriveront à monter des R73 à partir de BMW récupérées grâce au système D.
Enfin, si les premières C.M.R. avaient un cadre de R71 à tubes de section cylindrique, quand se dernier manqua, on fit appel à un artisan parisien, Mr Michel pour les réaliser. Ils se distinguent des cadre "d'origine" par leur section ronde, ainsi que par le dégagement opéré dans le tube transversal supérieur pour le passage du capot de la magnéto Noris.
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