Comment acheter un vélo sur internet et quels sont les pièges à éviter ?
Acheter un vélo neuf sur Internet, c’est un peu comme essayer de commander une pizza sans voir la carte ou acheter des vêtements sans les essayer. Il y a une part de chance dans la correspondance à votre physique. Mais il y a un autre point important et risqué : la correspondance à vos attentes. S’il n’y a pas de solution magique, il existe des méthodes pour réduire le risque d’être déçu. Voire d’être satisfait de son achat.
Avantages de l’achat d’un vélo en ligne plutôt qu’en boutique
Prix souvent plus bas : En achetant directement chez des détaillants en ligne, vous pouvez économiser de 10 à 25 % (environ) par rapport aux magasins physiques. Ce qui vous laisse plus d’argent pour les accessoires indispensables, comme la sonnette tendance, les vêtements, des pédales automatiques, un porte-bagage ou un siège enfant.
Du choix : Les sites comme Chain Reaction Cycles ou Bike24 offrent une vaste gamme de marques et de modèles que vous pourriez ne pas trouver dans une boutique locale. Mieux, certains sites internet (comme Biciescapa) possèdent des boutiques physiques en Espagne, mais livrent en France. Mais attention, il y a une différence entre les vélos vendus en boutiques, mais achetés via le Net, et ceux qui sont vendus uniquement par Internet (comme Canyon, ADO, Fiido). Mais nous y reviendrons.
Confortable : soyons honnêtes, acheter un vélo via son smartphone depuis son lit est tout de même confortable, sans parler du gain de temps et du transport qu’il faut assurer soi-même ou payer au magasin. Enfin, le gain de temps est relatif et nous verrons pourquoi plus loin.
Il n’y a pas qu’Internet qui explique la différence de prix. L’un est un vélo haut de gamme, avec des composants qualitatifs. L’autre se situe à l’opposé. Reste à savoir si le moins cher suffit…
Inconvénients et contraintes de l’achat d’un vélo en ligne
Absence d’essai : l’un des plus grands inconvénients est de ne pas pouvoir essayer le vélo. Acheter des vêtements par internet est entré dans les mœurs (et encore) et ils peuvent être renvoyés s’ils ne conviennent pas. Mais renvoyer un vélo est une autre paire de manches. Le carton est énorme, le coût est élevé. Or, même en prenant des mesures précises (longueur de jambes, de bras, du tronc), il se peut que la géométrie du vélo ne vous convienne pas, que vous ne soyez pas à l’aise dessus.
Faire le montage soi-même : les vélos commandés sur le Net arrivent dans des cartons et ne sont que partiellement montés. Certains constructeurs facilitent grandement le travail, comme Lemmo par exemple, qui a pensé son packaging pour vous simplifier la vie, ou Canyon qui a l’habitude de vous avancer le travail au maximum. Mais parfois, et particulièrement chez les marques bas de gamme, il y a des soucis un peu plus complexes à gérer, comme un disque de frein ou une jante voilée, un câble mal ajusté, une transmission dont une vitesse passe mal ou tous les soucis en même temps. Il faut donc être capable de mettre les mains dedans et de régler les problèmes soi-même. Et cela nécessite parfois de faire appel au SAV pour se faire livrer de nouvelles pièces.
Ce montage contrebalance le « gain de temps de l’achat sur Internet » vu plus haut.
NDLR : les ateliers de vélos n’aiment pas toucher aux vélos dont les constructeurs de pièces leur sont inconnus. Moins par ego (vous n’avez pas acheté le vélo chez eux et avez choisi de payer moins cher) que pour se couvrir (certaines pièces sont tout simplement jetables et il ne serait alors ni rentable ni viable en satisfaction client de s’en occuper).
Conseils personnalisés : Il y a deux points essentiels à l’achat en magasin. Le premier est le conseil. Si la personne qui vous conseille correctement, soyez sûr que vous repartirez avec le vélo qu’il vous faut, et parfois en respectant le budget initial. Le second point est le réglage. Vous ne quittez pas une boutique avec le vélo mal ajusté (ou alors, c’est une boutique à fuir). Généralement, le vélo est ajusté à votre taille, les freins sont réglés et testés, la transmission aussi, la batterie chargée. Vous repartez souvent avec les accessoires dont vous avez besoin : antivol (nous en reparlerons), sonnette (le petit plaisir souvent), éclairage, casque, gants, siège enfant le cas échéant. C’est donc un service réel qui accompagne la vente. Et ce service a un coût.
Les pièges à éviter lors d’un achat de vélo sur Internet
Prix trop bas et dropshipping : oui c’est tentant d’acheter un vélo à -60 %. Puis la marque n’est pas connue, mais elle existe sur Internet. La plupart du temps, c’est du dropshipping. Ce n’est pas un gros mot, mais une stratégie de vente directe du producteur au consommateur. La place de marché est un site Internet. C’est devenu péjoratif dans la mesure où ce sont souvent des sites éphémères, monoproduit qui, dans le meilleur des cas, livrera un produit moins bon qu’attendu (et dans le pire des cas ne livrera rien).
Autre possibilité d’un prix bas : un stock initialement non destiné à la vente. C’est une stratégie popularisée par les sites discount comme Vente Privée et qui s’est étendue aux marques de luxes : les produits ne sont pas conformes à la qualité exigée pour la vente en boutique.
Enfin, il y a bien le déstockage qui permet de libérer de la place dans un stock en bradant l’un des modèles. Gardez en tête que la loi interdit la vente à perte en dehors de la période de soldes (donc une méga affaire est, souvent, juste un tarif normal). Faites attention aux tailles des cadres de ce genre d’offre et surtout, ne prenez pas un vélo trop petit ou trop grand pour vous.
Produits de mauvaise qualité : La qualité des composants de certains vélos bas de gamme ne tiendra pas quelques mois. Ensuite, vous serez face à un engin inutile ou difficilement réparable.
Sites frauduleux : on le répète encore, car ce n’est jamais assez, mais : un site inconnu, aux CGV (conditions générales de vente) non affichées, qui ne vend quelques produits ou pire, qui affiche « en stock » un produit en rupture partout ailleurs est à bannir ! N’essayez pas, vous allez perdre du temps dans le meilleur des cas, votre argent dans le pire.
Les déstockages de marques en faillite ou qui quittent le territoire : l’industrie du cycle s’enthousiasme sur le futur, mais est en train de souffrir actuellement. Des sites de production délocalisent et des groupes font le ménage dans la distribution. Certaines marques quittent l’Europe. Ce qui rend le SAV très compliqué. Ce fut le cas de Rad Power, de Matra, de Vanmoof (qui vient de ressusciter en France, mais ce n’était pas gagné). Donc méfiez-vous et renseignez-vous.
Modèles en provenance de Chine
La Chine essuie une mesure antidumping depuis 2019. La Comission Européenne est en train d’examiner si elle poursuit dans ce sens. Cette mesure s’accompagne de l’exclusion des vélos chinois à l’éligibilité aux subventions. Néanmoins, certains constructeurs passent entre les mailles du filet. Quels sont les soucis de l’achat d’un vélo chinois ?
Qualité variable : les vélos bon marché importés de Chine, tels que ceux vendus par Alibaba ou Gearbest, peuvent être tentants, mais leur qualité est souvent inférieure. Les composants peuvent être de marque inconnue et de qualité douteuse. Mais il faut relativiser. Si certains constructeurs comme Engwe livrent des vélos souvent à problème (composants cassés ou abîmés), d’autres constructeurs comme Fiido distribuent des produits qualitatifs.
Normes de sécurité et légalité : c’est l’un des soucis de ces marques. Les vélos ne sont pas aux normes européennes. Parfois sur le plan de la sécurité, notamment celle des batteries, qui prennent facilement feu, au point d’en effrayer les États-Unis, dont les établissements interdisent le stockage des vélos en intérieur. L’autre point est l’aspect légal : le Fiido Titan, par exemple, est livré avec un moteur de 750 W. Certes, la vitesse d’assistance est bridée à 25 km/h, mais le moteur, lui, est illégal. Sur le plan juridique, on parle de délit. Rassurez-vous, cela ne se remarque pas. En revanche, les assurances se réfugient facilement derrière les certificats d’homologation non légaux et vous risquez des soucis en cas d’accident. Autre point problématique : la fameuse gâchette qui est autorisée jusqu’à 25 km/h si vous n’avez pas de pédale sur votre destrier, mais illégale sur un vélo au-delà de 6 km/h. Oui c’est aberrant.
Frais de douane : Les coûts supplémentaires liés aux frais de douane peuvent rendre l’achat moins intéressant que prévu. Par exemple, un vélo annoncé à 500 € peut finir par coûter 700 € après frais de douane et TVA. Les bons plans ne le sont plus.
Service après-vente difficile : En cas de problème, obtenir un service après-vente peut être compliqué et coûteux en temps et énergie. En temps surtout, puisqu’il faudra attendre les pièces. Mais les achats en boutiques de modèles européens essuient le même problème.
Service après-vente (SAV) en ligne
Enfin, le SAV en ligne n’est pas si mauvais qu’il n’y paraît. Il est même parfois meilleur que le SAV physique.
Les points à vérifier sont :
- Les frais d’expéditions en cas de retour du produit (oui, ça peut chiffrer) et surtout la prise en charge des frais d’expédition par la boutique en cas de SAV. Que ce soit pour une pièce ou pour le vélo complet.
- La durée de garantie des éléments critiques : un cadre peut être garanti 4 ans sans problème. Les batteries sont normalement garanties 8 ans. Les moteurs 2 ans. En dessous, ce n’est pas rédhibitoire, mais ça vous donne un ordre d’idée.
- La disponibilité des pièces : les réparateurs locaux, comme indiqué plus haut, ne sont pas forcément enclins à réparer les vélos. Mais, théoriquement, si le vélo utilise des composants disponibles en France, cela ne devrait pas poser de problème ni coûter trop cher.
Conclusion : Internet peut être intéressant, mais ça demande d’accorder du temps et de s’informer
Acheter un vélo neuf sur Internet présente de nombreux avantages, notamment en termes de choix et de prix. Toutefois, il est crucial de bien s’informer et de prendre certaines précautions pour éviter les pièges, notamment avec les modèles en provenance de Chine ou le déstockage de marques qui font faillite.
Enfin, le service après-vente en ligne peut comporter des contraintes supplémentaires qu’il faut prendre en compte avant de finaliser votre achat.
Gardez un pécule pour les accessoires et la personnalisation (ça fait plaisir) et n’oubliez pas qu’un vélo, ça se révise et que ces révisions ont un coût et nécessite du temps.
Bon ride.
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