Des épaves à des prix de malade, ça vous dit ?
L’adjudication de la « collection » de Rudi Klein, surtout composée de voitures classiques délabrées, a donné lieu à des prix insensés sous le marteau de RM Sotheby’s. Vous reprendrez bien un peu de rouille ?
Vous vous rappelez la vente Baillon organisée par Artcurial ? C’était à Rétromobile en 2015, et des voitures en sale état y ont atteint des prix monstrueux. On se rappellera les 16 288 000 € obtenus pour la Ferrari 250 GT California SWB, alors record absolu pour ce modèle, pourtant à restaurer.
Eh bien ! La maison canadienne RM Sotheby’s s’est engagée dans le sillon tracé par Artcurial. Du 26 au 28 octobre derniers, elle a présenté aux enchères une collection, si l’on peut dire, celle de Rudi Klein, un casseur californien. On vous prévient, c'était la prime à la crasse !
Dénommée « The Junkyard », « La Casse », elle regroupait tout de même certaines des voitures classiques les plus recherchées à l’heure actuelle, dont une rarissime Mercedes-Benz 300 SL Caisse Alu, dont 29 unités seulement ont été fabriquées. Si elle n’a plus sa couleur initiale, cette splendeur allemande de 1956 conserve toute sa mécanique d’origine, ce qui est très rare.
Jamais vue en enchères, elle a donc affolé les acheteurs, qui se sont battus pour se l’offrir. Et malgré son piteux état (en bon casseur, Rudi Klein avait même vendu quelques-unes de ses pièces !), les offres se sont envolées, pour culminer à 9 355 000 $, bien au-delà de l’estimation haute à 6 000 000 €. Là aussi, il s’agit d’un record du monde.
Là, on se demande si les super-riches sont fous. Certes, quand ils sont deux à se disputer un lot, ils en oublient les montants, juste pour le plaisir de battre leur opposant. Mais cette Mercedes 300 SL, si décatie soit-elle, possède une histoire très originale et se révèle d’une authenticité peu commune (Rudi Klein l’a achetée en 1ere main à Luigi Chinetti).
Comme tout ceci est désormais public, on peut imaginer qu’elle suscite déjà la convoitise d’autres collectionneurs milliardaires. Donc, elle peut se revendre au moins au cher qu’elle a été payée. Et quand on dépense près de 10 millions de dollars pour une voiture, que représente le prix d’une belle restauration ?
La vente ayant généré 29,6 millions de dollars, on se doute que d’autres modèles fatigués ont crevé le plafond. C’est le cas. Une autre Mercedes a réalisé un chiffre énorme, une 500K Roadster Spezial de 1935, pas très fraiche non plus, mais construite spécialement pour Rudolf Caracciola, pilote-star des années 30. Elle a déjà été restaurée, donc est intrinsèquement saine, et s’est vendue la bagatelle de 4 130 0000 $... Un voile de peinture, et hop !
L’autre 300 SL, un roadster de 1957 équipé de roues Rudge, était vraiment décati et incomplet. Il est quand même parti pour 1 187 500 $, soit le prix d’un exemplaire très bien restauré.
Quant aux Lamborghini Miura, elles faisaient peine à voir. L’une, une P400S de 1969, avait carrément perdu sa carrosserie avant, ce qui ne l’a pas empêchée de partir pour 967 500 $. L’autre, une P400 de 1968, cabossée, rouillée et couverte de poussière, a carrément atteint 1 325 000 $.
Mais il y avait pire encore ! Citons la Ferrari 365 GTC4 défoncée qui a réalisé 106 400 $, la Porsche 356B 1600 Roadster Drauz de 1960 complètement explosée (70 000 $), la Maserati Mistral de 1968 réduite d’un quart (64 400 €) ou la bouillie Ferrari 330 GTC adjugée 39 200 $.
Il y avait des dizaines de restes de voitures de sport, badgées Porsche, Maserati, Ferrari ou Aston Martin, des reliquats de Mercedes, et des pièces détachées, dont des moteurs prestigieux mais ruinés en pagaille dont on se demande bien ce que les acheteurs pourront en faire. Ils pourront toujours dire : « j’y étais ».
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