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Dès l’an prochain, Vinci autoroutes va expérimenter un tronçon de « route qui recharge »

L'INFO DU JOUR. Situé sur l’A10 entre Paris et Orléans, ce tronçon de 2 km de route électrifiée permettra de tester des poids lourds, des bus, ainsi que des véhicules légers.

Dès l’an prochain, Vinci autoroutes va expérimenter un tronçon de « route qui recharge »

Imaginez une route sur laquelle un véhicule électrique se recharge au fil des kilomètres parcourus. Imaginez une technologie qui, en déportant la problématique de la recharge sur l’infrastructure, contribuerait à mettre fin aux inconvénients des grosses batteries que représentent l’utilisation des matières premières, l’encombrement, le surpoids, les temps de charge nécessaires et bien sûr les coûts de fabrication. Voilà qui fait rêver, non ? Le principe de la « route qui recharge » pourrait un jour devenir réalité, et des travaux en ce sens sont actuellement menés par l’Université Gustave Eiffel à Nantes. Ceux-ci précèdent une expérimentation en conditions réelles qui sera menée sur le réseau Vinci Autoroutes à partir de la fin du premier trimestre 2025, et pour laquelle les premiers travaux débuteront en novembre. 
Le principe de fonctionnement en est assez simple : des bobines, alimentées par un puissant dispositif électrique en bord de route (une armoire tous les 2 km et des relais au ras du sol tous les 40 mètres), sont installées à une dizaine de centimètres sous la surface et au milieu de chaque voie. Ces bobines, mesurant environ 1,5 mètre de long pour 1 de large,  alimentent les batteries des véhicules électriques, par l’intermédiaire de récepteurs placés dans les châssis, et assurent ainsi une alimentation de l’ordre de 250 kW, selon un principe de fonctionnement s’apparentant à celui des plaques de cuisine à induction. « Un transfert d’énergie se fera au moment du passage des véhicules au-dessus des plaques. Les bobines secondaires du véhicule profiteront du champ électromagnétique pour se recharger », résume Séverine Ollivier, chef de projet Charge as you drive chez Vinci construction. Le système équipant les véhicules est assez simple techniquement, et il serait même envisageable de l’installer en retrofit.

En attendant l'installation des boucles magnétiques sur l'A10, l'université de Nantes teste actuellement le système sur un "manège de fatigue": la chaussée intégre des boucles magnétiques de recharge, et les bras simulent la charge des essieux de poids lourds . Photos Gaël Arnaud – Vinci Autoroutes
En attendant l'installation des boucles magnétiques sur l'A10, l'université de Nantes teste actuellement le système sur un "manège de fatigue": la chaussée intégre des boucles magnétiques de recharge, et les bras simulent la charge des essieux de poids lourds . Photos Gaël Arnaud – Vinci Autoroutes

 

 

 

 



"Des boucles magnétiques de ce type seront intégrées sous la chaussée de l'A10, à 10 cm sous la surface", explique Séverine Ollivier qui supervise la partie intégration dans la chaussée pour Vinci construction. "Elles seront ainsi préservées des aléas climatiques."
"Des boucles magnétiques de ce type seront intégrées sous la chaussée de l'A10, à 10 cm sous la surface", explique Séverine Ollivier qui supervise la partie intégration dans la chaussée pour Vinci construction. "Elles seront ainsi préservées des aléas climatiques."

"Le but est que le système fournisse l’énergie nécessaire au déplacement et en même temps recharge la batterie", ajoute Pierre Delaigue, de la Direction mobilité connectée autonome électrique chez Vinci Autoroutes. « Vous êtes chauffeur de poids lourd et arrivez sur l’autoroute avec une batterie vide, et le système va alimenter celle-ci de sorte que quand vous quitterez l’autoroute vous aurez suffisamment d’énergie pour rejoindre votre destination et revenir sur l’autoroute équipée sans avoir à recharger. » En installant un tel système énergétique sur tout le réseau autoroutier, l’intégralité du territoire serait donc accessible aux poids lourds électriques sans qu’il soit besoin de recourir à des chargeurs tels qu’on les connaît aujourd’hui.

Une route qui coûte

Reste que la route à induction, qui s’inscrit en réponse d’un appel à projets de la Banque publique d’investissement, coûte cher. « Rendez-vous dans deux ans pour donner des chiffres plus précis. Mais le ministère des transports avait estimé les coûts en 2021 aux alentours de 4 millions d’euros par kilomètre linéaire, donc dans les deux sens », détaille Pierre Delaigue. « C’est cher, mais ce n’est qu’une fraction, de l’ordre du quart, de ce que coûte une autoroute neuve. De plus, c’est moins cher que l’approche avec bornes statiques telle qu’on la connaît aujourd’hui car on peut mutualiser les investissements sur l’infrastructure. De plus, on économise en réduisant les tailles de batteries. Même si l’infrastructure en tant que telle est un peu plus chère, le coût final global est moins élevé. » « C’est cette première analyse qui avait permis de lancer les expérimentations à grande échelle », renchérit Pierre Hornych, responsable du projet Charge as you drive pour l’Université Gustave Eiffel. « D’autres pays d’Europe, comme la Suède ou l’Allemagne, mais aussi les Etats-Unis ou le Canada, ont lancé leurs propres expérimentations. Il y a besoin de ce retour d’expérience complet pour acquérir des connaissances et capitaliser et faire progresser ces solutions. » Rendez-vous dans quelques mois sur Caradisiac pour un premier test de cette technologie prometteuse, quoiqu’onéreuse.

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