2. Du Sussex à Londres, la culture automobile est partout
Accueillis par une météo parfaitement en phase avec nos idées reçues sur l’Angleterre au débarquement du « shuttle » de l’Eurostar à Calais, on trace vers la côte du Sussex avec une première étape à Eastbourne. Comptant un peu moins de 100 000 habitants, cette cité balnéaire bordée de petites maisons au style victorien a inspiré des personnalités aussi variées que l’auteur Lewis Carroll ou le théoricien Karl Marx (qui verrait peut-être d’un mauvais œil nos virées bourgeoises en SUV). Malgré une température glaciale et un vent coriace, on y croise des promeneurs en shorts alors que des véliplanchistes s’amusent dans la Manche. Près du Pier, l’ambiance est absolument déroutante pour des Français plus habitués aux bords de mer méditerranéens.
Surprise à la sortie d’Eastbourne quand on remonte la côte du Sussex vers l’ouest : on y trouve une route magnifique en direction de « Beachy Head », le Cap Béveziers où dominent de grandes falaises en craie d’une hauteur de 162 mètres. Sinueuse et vallonée, la chaussée présente une bonne largeur et un revêtement moins mauvais que la plupart des « B-Roads » du pays. De quoi donner envie de les arpenter en Alpine A110 plutôt qu’en gentil SUV familial. Après un petit arrêt pour admirer la très belle vue sur les falaises et la mer déchaînée, on prend la route pour Brighton plus à l’ouest. Composée de 280 000 habitants (ou un demi-million en comptant les banlieues de la ville), Brighton attirait tous les aristocrates du pays jusqu’aux années 60 avant de tomber un peu en désuétude. On y trouve des oppositions étranges entre les vieilles maisons victoriennes et les immeubles modernes, quelques endroits encore branchés et d’étranges installations comme une tour de 160 mètres de haut permettant d’avoir une vue panoramique sur la région, ou des « piers » à l’abandon datant du 19ème siècle.
On met ensuite le cap vers Goodwood dans le Sussex de l’Ouest, un nom bien connu pour son Festival of Speed, son « Revival » et son circuit historique. Le genre de région où la concentration en voitures de sport vous permet de voir, garées à l’hôtel, une Ford GT et une Aston Martin Vanquish Zagato dont la valeur cumulée dépasse les deux millions d’euros. Après un passage par le pittoresque circuit de Goodwood et une petite étape à l’usine Rolls-Royce (hélas fermée aux visites), on file à l’ancienne base militaire de Bicester à deux heures de route au nord pour visiter « Bicester Heritage », un incroyable village consacré uniquement à la restauration et la préparation de voitures de collections. Rien que dans l’atelier de Classic Performance Engineering, les merveilles sont nombreuses : la Fergusson P99 à quatre roues motrices du championnat de Formule 1 1961 -pilotée par un certain Stirling Moss- côtoie un exemplaire de pré-série de la Ferrari 250 GT Lusso mais surtout l’improbable Bentley Type T « Special », un châssis de Formule 1 conçu par le constructeur de Crewe en 1970 et terminé par un client qui y a installé un V8 6,75 litres de Bentley de route. Cet exemplaire unique sort sur circuit une fois par an.
Nous ne résistons ensuite pas à la tentation d’explorer l’Angleterre rurale pour rejoindre, pas très loin d’Oxford, un village du nom de Chadlington. Le point visé ? « Diddly Squat Farm Shop », un petit magasin adossé à une grande ferme appartenant à un certain Jeremy Clarkson, la star du journalisme automobile reconverti dans l’agriculture dans sa nouvelle émission « Clarkson Farm » sur Prime Video. Notez qu’à côté de la longue queue de touristes venus de tout le pays pour repartir avec des souvenirs et des produits locaux, on y voit un petit Suzuki Jimny préparé appartenant à la ferme. Mais Jeremy Clarkson et son tracteur Lamborghini n’étaient pas présents.
Après encore deux heures d’autoroute sur les chaussées bruyantes de l’Angleterre, nous arrivons finalement à Londres. Eddy Clio piaffe d’impatience à l’idée de découvrir la concession de Joe Macari, un des grands noms de l’automobile de prestige au Royaume-Uni. Il avait raison : accueillis par une équipe particulièrement hospitalière, on s’est retrouvé en face d’une McLaren F1, d’une Ferrari 250 GTO, d’une 250 GT California, de plusieurs 250 GT SWB, d’une Bugatti Veyron Grand Sport Vitesse, d’une Maserati MC12, d’une Ferrari LaFerrari, d’une Porsche Carrera GT et de dizaines d’autres sportives d’exception ! Le concessionnaire laisse rentrer les visiteurs qui veulent simplement admirer les autos et la qualité de son stock n’a rien à envier à celle d’un grand concours d’élégance.
Et on ne vous parle pas de toutes ces TVR, Bentley, Jaguar, Porsche, Ferrari et autres Rolls-Royce croisées sur les routes pendant notre périple, obligeant Eddy à une réactivité maximale avec son gros appareil photo sur le siège passager. Je ne vous décrirai pas non plus le contenu des textes des chansons passées dans l’Austral par Eddy qui aime beaucoup les mélodies parlant d’amour physique entre deux personnes. Une chose est sûre : même avec une météo horrible, le charme de l’Angleterre de la cote du Sussex jusqu’à Londres donne envie d’y passer de longues semaines. Il n’y a pas que l’Ecosse dans la vie…
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