Enfin des règles pour recycler les voitures électriques
Pour remédier au vide technique mais aussi juridique et afin de pouvoir mieux appréhender les risques liés au traitement et au recyclage des véhicules électriques, Mobilians dévoile un guide des bonnes conduites à adopter par les centres agréés VHU. Mutation en vue.
Alors qu’environ 2 millions de véhicules électrifiés (électrique et hybride) circulent sur les routes françaises absolument rien n’était jusqu’alors officiellement défini concernant leur traitement par les centres de véhicules hors d’usage. Ni au niveau technique, ni au niveau juridique. « Tout le monde parle de batterie et de leur recyclage, mais rien n’était dit concernant leur démontage ou encore leur stockage » introduit Patrick Poincelet, président de la branche VHU de Mobilians. Face au vide abyssal auquel ils étaient confrontés, les professionnels ont donc décidé d’édicter leurs propres règles et d’établir un guide de bonne conduite sur le sujet. Fruit de dix-huit d’étude menée conjointement avec l’INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) le rapport de cent trente pages pose « l’état des lieux des risques liés au traitement et au recyclage des véhicules électriques et propose aux professionnels un guide de recommandations. » dont la divulgation officielle aura lieu le 13 juin prochain.
6 étapes de traitement
De l’acheminement du véhicule jusqu’au transport de la batterie en sortie de centre, le process complet comprend 6 étapes incompressibles. Mise en sécurité et consignation du véhicule, dépose et évaluation de la batterie, stockage tout est clairement répertorié. Un vade-mecum complet qui fait d’ores et déjà autorité aux dires de Patrick Poincelet. « L’administration, la Direction générale de prévention des risques (DGPR) et le ministère de l’environnement s’en sont saisis » pour en faire une norme qui devra s’appliquer à partir de juillet 2024 jusqu’en 2026. Mais cela va demander de profondes transformations.
De gros investissements
Les centres de récupération des VHU devront être équipés de zones de déchargement et de quarantaines dédiées. Selon qu’il soit considéré à risque (batterie défectueuse) ou non le véhicule sera orienté vers des zones de stockages différentes. Mais toutes devront avoir des murs coupe-feu de 6 mètres d’épaisseur (contre 4 actuellement), des caméras thermiques, des bâches anti-feu ou encore des bassins ou bennes spécifiques nécessaires à une éventuelle immersion du véhicule… Le stockage des batteries de réemploi doit permettre de conserver leur qualité. Le local dans lequel elles sont entreposées doit conserver une température comprise en 10° et 25° C. leur état de charge doit être compris en 30 % et 50 % avec une vérification de l’état de charge trimestrielle. Les distances entre les véhicules stationnés, leur nombre maximal acceptable, la hauteur du stockage des batteries ou encore les distances entre les bâtiments en fonction de leur finalité… Les infrastructures et installations nécessaires réclament de forts investissements et des capacités d’accueil idoine. Ce qui fait dire à Patrick Poincelet « que sur les 1 700 centre VHU 600 à 800, seulement, pourront prétendre obtenir l’agrément pour le recyclage des VE. » Le jeu en vaut néanmoins la chandelle.
Très précieuses batteries
La loi autorise, voire encourage, l'utilisation de pièces de réemploi dans le process de réparation automobile. Or, les PIEC (pièces issues de l’économie circulaire) sont utilisées aujourd’hui dans seulement 8,5 % des cas. Mais dans les dix prochaines années leur taux d’utilisation devrait plus que doubler. Y compris pour les batteries. En la matière, les centres de VHU n’ont pas complètement la main. Si réglementairement, ils sont les seuls habilités à collecter et traiter les véhicules hors d’usage, les données des batteries leur manquent. Détenues par les constructeurs, ces derniers ne sont pas toujours enclins à fournir les informations nécessaires. La raison est tout simplement économique. Lancés eux aussi dans le reconditionnement, « les producteurs et les marques voudraient récupérer ces produits (batterie et périphériques) aussi pour les reconditionner » précise-t-on du côté de Mobilians. Et d’avertir que les constructeurs ne peuvent pas « s’approprier la totalité du marché. » Quand on sait qu’en moyenne le prix d’une batterie neuve de 52 kWh coûte aux alentours de 8 500 € et plus de 19 000 euros pour une 90 kWh, on comprend que la bataille des modèles de réemploi ne fait que commencer.
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