Enquête - Assurance auto: divisez l'addition par deux... sans négliger les garanties
Le Mondial de l’automobile représente une période propice au renouvellement de voiture, neuve ou d’occasion. Dès lors, pourquoi ne pas en profiter pour changer de compagnie d’assurance ? En fouinant un peu, vous allez constater que l’herbe est souvent plus verte ailleurs…à condition d’éviter quelques pièges basiques.
Le marché de l’assurance automobile en France représente plus de 40 millions de véhicules, avec des cotisations dont le montant cumulé dépasse 16 milliards d’euros, valeur en hausse de 2 à 3% chaque année depuis 2010. Un bon gros gâteau que se partagent près d’une centaine de sociétés. Qu’il s’agisse d’assureurs classiques, de mutuelles ou de banques, ces acteurs se livrent une concurrence féroce, laquelle est exacerbée depuis l’entrée en vigueur le 17 mars 2014 de la loi Hamon permettant le changement d’assurance à tout moment après un an de cotisation (ou avant un an en cas de changement de situation type déménagement ou changement professionnel). Avantage fondamental de cette loi, c'est le nouvel assureur qui a la charge d’effectuer toutes les démarches à votre place. Bref, inutile d’invoquer quelque « phobie administrative » pour ne pas changer d’assurance.
Dans ces conditions, il peut être tentant de ne pas « s’endormir » sur ses contrats et de prospecter régulièrement pour savoir si telle ou telle compagnie n’est pas en mesure de vous présenter, à garanties comparables, une offre plus intéressante d’un point de vue financier. En effet, les assureurs ont tendance à privilégier certains profils en fonction de critères qui leur sont propres. Ainsi, une compagnie qui se montrera inintéressante pour un jeune conducteur (c’est souvent le cas des assureurs « directs », notamment) saura en revanche déployer ses plus beaux atours pour attirer une mère de famille ou un senior. Bref, rien n’est gravé dans le marbre. Il est même possible qu’une compagnie auprès de laquelle vous avez prospecté il y a quelques années sans donner suite soit aujourd’hui en mesure de se montrer très persuasive.
Pour se convaincre de l’intérêt d’une étude de marché, il suffit de se connecter à l'un des nombreux comparateurs d’assurances disponibles sur Internet et qui permettent, une fois intégrées les données vous concernant, de constater de très importants écarts d’un assureur à l’autre.
Gardez tout de même à l’esprit que se limiter à la recherche d'un tarif bas est dangereux, car cela peut conduire à négliger des garanties fondamentales, ce qui coûte parfois fort cher. En matière d’assurance, on court ainsi parfois de grands risques à chercher de petites économies. Pour viser juste dans votre prospection, suivez donc le guide Caradisiac.
Interview
Olivier Gayraud, juriste à l’association de défense des consommateurs CLCV*:
"Ne mentez jamais à un assureur!"
En favorisant le changement de compagnie, la loi Hamon a-t-elle bouleversé le marché de l’assurance auto ?
Non, on n’a pas observé un tel phénomène. Cette loi résulte de la demande d’associations cherchant à faciliter la vie des consommateurs qui étaient jusqu’alors tenus de respecter une fenêtre de tir chaque année s’ils voulaient changer de contrat. Les assureurs avaient crié au loup, craignant des changements effrénés. Or, on est bien loin ! Cette loi permet simplement à la concurrence de se faire un peu mieux. Et cela rend les consommateurs plus mobiles, ce qui leur est forcément bénéfique.
Que risque-t-on à se focaliser sur les tarifs quand on cherche une nouvelle assurance ?
C’est une énorme erreur, qui peut finalement vous coûter très cher. Une prime peu onéreuse peut cacher des franchises d’un montant très élevé et/ou des garanties au rabais. Au passage, relevons que la teneur précise des garanties est souvent très mal connue des automobilistes, qui s’exposent à de mauvaises surprises. Par exemple, si votre voiture est volée dans la rue alors que votre garantie vol stipule que celle-ci doit être stationnée dans un garage, vous vous exposez à un refus de remboursement. Les contrats sont très compliqués et bien peu d’assurés en connaissent la teneur exacte.
Existe-t-il des assureurs avec lesquels les risques de litiges sont plus importants que d’autres ?
Non, pas à ma connaissance. Quoi qu’il en soit, dans le domaine de l’assurance, on n’est pas seul face aux compagnies. En cas de désaccord, on peut d’abord s’adresser à la compagnie elle-même qui dispose d’un service spécifique. On peut aussi saisir des associations de consommateurs tels que la CLCV, des médiateurs spécialisés, ainsi que l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), le gendarme du secteur, qui fournit toute l’info en cas de litige avec un professionnel. Enfin, il reste possible de saisir la justice. Le juge interprète et statue selon les cas et le contrat d’assurance, on n’est pas désarmé face aux grandes compagnies. Gardez toutefois en tête que c’est une TRES mauvaise idée de mentir à son assureur pour payer moins cher sa cotisation, car si un problème survient, on s’expose au mieux à une réduction proportionnelle de l’indemnisation et au pire à un refus pur et simple de couverture ainsi qu’à des poursuites.
*Consommation Logement et Cadre de vie
NOTRE TEST : des tarifs qui varient du simple au double
Nous nous sommes connectés à des sites de comparaison d’assurance avec trois profils différents: le salarié quadragénaire marié qui achète une Renault Mégane neuve et veut l’assurer tous risques, le retraité qui acquiert une Peugeot 508 d’occasion, et le jeune permis qui cherche à assurer au tiers une Clio de dix ans d’âge. Le propos n’était pas de nous focaliser sur l’étendue des garanties de telle ou telle compagnie, mais d’évaluer, à couvertures globalement comparables, l’étendue des écarts de tarifs. Nous vous communiquons les tarifs bruts, lesquels pourraient notamment être abaissés en jouant sur le montant des franchises. Par ailleurs, nous ne saurions trop vous conseiller de renforcer votre couverture avec une garantie conducteur optionnelle (indemnisation nettement supérieure en cas de décès ou invalidité), même si cela augmente un peu le montant des cotisations annuelles. Avec l'assurance, l'important n'est pas de dépenser moins mais de dépenser mieux.
Le père de famille: 126% d'écart pour le même profil (293 à 661 €)
Profil : homme salarié, 40 ans, marié, 50% de bonus, vivant à Tours (37) et cherchant à assurer tous risques une Renault Mégane TCe 100 neuve.
Tarifs : de 293 à 661 € par an, soit 126% d'écart (!)
Sur Assurland, qui scanne les propositions de 78 compagnies différentes, nous obtiendrons 9 offres pour ce profil de père de famille tranquille. La gamme de prix varie du simple à plus du double pour des prestations quasi-identiques, ce qui illustre bien tout l’intérêt qu’il y a à ratisser large dans votre étude de marché. Sans réelle surprise, les « assureurs directs » Direct Assurance (293 € par an) et Eurofil (294 €) se montrent les plus compétitifs, mais ne creusent pas réellement l’écart avec les compagnies classiques type Maaf (318 €) et MMA (342 €). Par contre, les 595 et 661 € (hors frais de dossiers !) réclamés par Euro Assurance et Assuréo nous semblent totalement démesurés.
Le retraité: 126% d'écart pour le même profil (326 à 738 €)
Profil : homme marié, retraité, 65 ans, 50% de bonus, vivant à Boulogne-Billancourt (92) et cherchant à assurer une Peugeot 508 HDi 112 d’occasion.
Tarifs : de 326 à 738 €, soit 126% d'écart (encore !)
Cette fois, nous avons prospecté par le biais du site Hyperassur, qui aura interrogé 15 compagnies d’assurance. 11 offres nous seront faites après, avec là encore de très importantes disparités, puisque s’étendant de 326 € (L’Olivier) à 738 € (AON). On note que Direct Assurance (433 €) et Eurofil, traditionnellement très agressifs, sont ici assez nettement distancés (respectivement 433 et 491 €). L’avantage de ces moteurs de recherche est aussi qu’ils interrogent des compagnies quasiment inconnues du grand public, auprès desquelles on ne penserait pas forcément autrement, comme AllSecur, qui avance des tarifs intéressants. Notons que la proposition de ce dernier coûte moins cher que celle de sa maison mère Allianz, même si celui-ci se rattrape avec des franchises moins hautes. AON est ici clairement hors-jeu, malgré le caractère bien peu risqué du profil qui lui a été soumis.
Le jeune permis: 17% d'écart pour le même profil (1250 à 1467 €)
Profil : femme de 18 ans, étudiante, résidant à Bidart (64), permis tout juste obtenu et cherchant à assurer une Renault Clio 1.2 de 2005
Tarifs : de 1250 à 1467 €, soit 17% d'écart
C’est LeLynx.fr qui a collecté les offres pour notre « jeune permis », et force est de constater que les assureurs ne se bousculent pas au portillon pour un tel profil. Sur 19 compagnies interrogées, seules trois se montrent intéressées, avec des tarifs qui, s’ils ne vont pas du simple au double, varient tout de même de plus de 17%. L’Olivier prend la pole position, devant le quasi inconnu AssurPeople et un Direct Assurance qui annonce 3 formules différentes. Parmi celles-ci, une intéressante proposition « You drive » comprenant un boîtier connecté analysant votre conduite, ce qui permet une réduction de prix de 50%. La cotisation annuelle va alors de 812 € à 1786 € par an, montant ajusté chaque mois selon votre conduite. La clientèle jeune, traditionnellement mal vue des assureurs, trouve ici un bon moyen d’abaisser la note. Les jeunes permis peuvent aussi se connecter au site Le-Jeune-Conducteur.com pour prospecter.
Les règles d’or de l’automobiliste bien assuré
Ne pas se focaliser sur les seuls tarifs, au risque de négliger des garanties importantes (garantie conducteur, notamment)
Ne jamais mentir à son assureur au moment de la souscription, au risque de s'exposer à un refus de couverture en cas de problème
Prendre le temps de lire son contrat et surtout les exclusions prévues par celui-ci
Chaque année, prendre le temps d'effectuer une rapide prospection par Internet
Bilan: ratissez large
D’après le Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO), entre 370 000 et 750 000 voitures circuleraient aujourd’hui en France sans la couverture obligatoire, soit 1 à 2% du parc total. « La fourchette que nous donnons est large, mais elle est certaine », précisait ainsi récemment à Caradisiac le directeur du FGAO. En cause le plus souvent, soit le non-paiement de la prime, soit le non-respect des clauses du contrat (par mensonge pur et simple), ce qui expose à un refus pur et simple de couverture en cas d’accident.
Pour éviter de se trouver confronté à ce type de situation, la meilleure solution consiste en une bonne prospection, qui permettra de trouver les tarifs les plus justes en fonction de votre profil et de vos besoins. A titre d'information, précisons que le montant moyen de la prime tous risques s'établit à 485 €. Des assureurs proposent ainsi des formules attractives pour les petits rouleurs, d’autres des dispositifs permettant d’alléger la note pour les jeunes permis, et d’autres enfin pratiquent le jeu de la classique ristourne avec des mensualités de cotisation offerte. L’autre bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de prospecter facilement depuis un ordinateur connecté à Internet, et qu’une fois séduit(e) par une offre, les démarches de changement de compagnie se voient grandement facilitées par les dispositions de la loi Hamon. A vos souris, donc.
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