2. Essai - Fantic Caballero 500 Rally : la moto Prosecco Superior* !
De l'art italien. Car la Rally de Fantic est une moto d'art, très joliment dessinée, à la fois pétillante et fruitée, capable de vous ravir et de vous enivrer, toujours raisonnablement, pour ne garder que l'allégresse. Par contre, tout abus d'elle ne semble pas dangereux pour la santé, surtout lorsque l'on a posé les fesses sur son assise accueillante. Il y a du confort, et une bande-son que l'on apprécie immédiatement d'entendre résonner. Ça vous donne presque le frisson.
Il y a de quoi scrambler. Rien qu’à la mise en route du moteur. Déjà, le démarreur donne une indication, et parfois l’impression que l’on ne va pas partir tout de suite. À chaud, certains confrères peinaient même à remettre le moteur de leur monture en route. À l’ancienne, donc. À chaque moto son caractère, son comportement, ses petites manies.
Immédiatement, le son de l’admission d’air et de l’échappement enrobe le conducteur. Un son sourd, profond et à consonance métallique. Un ténor, à la fois puissant et clair. Assurément une réussite. L’ambiance est libre, pour tout dire, et l’on savoure chaque rotation du poignet droit. Ça pétille comme le champagne italien, ça pétarade au rétrogradage, ça chante comme Pavarotti, bref ça cause.
Le tirage court de l’accélérateur Domino est agréable, même si résolument ferme. Malgré quelque à coups à bas régime, qui évitent la monotonie et incitent à jouer de la poignée de gaz, la précision de l’injection est correcte, tandis que l’on apprécie instantanément l’équilibre et la facilité de la partie cycle. Surtout si l’on est parvenu à trouver sa place sur l’ample selle écartant copieusement les cuisses et les pieds au sol. L’arcade de selle est là pour le confort, sans compromis pour les petites jambes. Du coup, l’abordable 860 mm de haut revendiqué en paraît un peu plus. Demi-fesse sur la selle à l’arrêt ou un seul pied au sol de mise pour être à l’aise, même avec un grand débattement de suspensions ! La trail et la scrambler attitude jusqu’au bout.
Parcours mixte. Pour autant, pas de casque néorétro ni de masque de cross pour nous, mais un excellent Shoei Hornet ADV et une tenue standard, comprenant des chaussures moto TCX et non pas une paire de bottes enduro, pourtant plus compatibles avec le réglage d’origine des commandes aux pieds (sélecteur relevé). Forcément, nous n’avions pas imaginé faire autant de petits chemins et si peu de route. Car sitôt abordée une portion d’asphalte, nous attaquions les photos dans les chemins et les pierriers. La portion bitumée et viroleuse au milieu des vignes et à flanc de colline nous aura cela dit permis de nous rendre compte de l’incidence de la roue avant de 19 pouces sur le guidage de la moto, mais surtout de la texture des pneus à pavés fortement ressentie de prime abord. Les passages d'un angle à l'autre s'en ressentent, tandis que l'on profite d'une aisance sans commune mesure pour effectuer la manœuvre. Qu'elle est légère, cette plume italienne !
Un mono reste un mono, surtout un 500. À basse vitesse, les dalles de caoutchouc des pneumatiques semblent toutes se poser au sol, alourdissant légèrement la direction façon pneu basse pression. Avec la vitesse, le profil s’avère plus agréable et la moto reprend en maniabilité. Elle demeure agile et stable, tandis que l’on apprécie son amortissement, toujours serein et les relances moteur, très agréables. Le jeu des suspensions à grand débattement est d’autant plus agréable que la fourche sera bien réglée et limitera les transferts de masse, que nous n'avons jamais subis. N’hésitez pas à chercher un peu de souplesse, tout comme dans votre conduite. Si le monocylindre offre une grande plage d'utilisation et une belle douceur mâtinées d'une énergie contrôlée, les deux derniers rapports seront à proscrire en agglomération. C’est un mono, souvenez-vous en et sa course est assez longue.
Réactive, mais pas nerveuse. Niveau moteur, donc, la bonne surprise est au rendez-vous. Vaillant, le monocylindre ne joue pas tant sur la démonstrativité de sa puissance que sur les sensations pures qu’il offre. Un cran au-dessus du feutré, un cran en dessous du nerveux compulsif, pas tout à fait linéaire, donc, il se montre équilibré et réactif tout en permettant de ressentir un regain de peps discret aux deux tiers de sa montée en régime. Subtil, donc, et parfaitement exploitable, sans remiser pour autant un peu de fun.
On l’imagine volontiers plus agréable en ville et sur les petites routes que lors de jonctions autoroutières… La première est assez courte et la seconde pousse aux environs de 50 km/h tout en donnant l'impression de déjà fuser. D’autant plus qu’il se montre assez vivant niveau vibrations. Des sensations mécaniques résolument bienvenues, tandis que la chaleur du moteur ou de la ligne d’échappement ne nous a jamais dérangés lors de ce court et frais roulage.
Un freinage à apprendre. Lors des phases de freinage en ligne, on regrettera un ABS assez intrusif à l’arrière et donnant parfois l’impression que l’étrier ne mord pas suffisamment. Pourtant, en désactivant ledit ABS, on retrouve un stabilisateur de premier ordre. À l’avant, l’ABS se montre cette fois discret et performant. Le simple disque pincé par un étrier Bybre (la marque low cost de Brembo) n’a aucune peine à stopper la faible masse en mouvement. On peut même parvenir à lever la roue arrière tout en contrôle. Le plaisir au guidon est instantané. À dire vrai, nous avions un peu l’impression de nous retrouver sur une Yamaha XT 500. Moins que sur la version Cabballero Scrambler, cela dit, mais tout de même.
À l’aise partout. L’atout de cette version Rally du Fantic Caballero étant principalement des suspensions spécifiques et un bras oscillant en aluminium, nous avons bien entendu testé les capacités de la bête dans l’exercice du tout chemin. C’est là qu’elle a révélé son réel potentiel, que l’on imaginait déjà orienté par l’histoire de la marque et les connaissances de ses ingénieurs. Fantic est en effet spécialisé de longue date dans les motos off road. Cette Rally ne fait pas exception, même s’il faudra un bon appel de fourche pour lever l’avant et un peu d’élan pour tenter de s’envoler. Elle absorbe le relief des chemins, se montre très facile à guider et une fois encore, son poids léger fait le reste. En imprimant un bon rythme sur terrain glissant, en faisant aisément dériver l’arrière d’un coup de cul, en le remettant en ligne du regard, on se dit que l’on tient là un engin d’une belle polyvalence. Les pneumatiques Pirelli nous sont par ailleurs apparues convaincantes dans l’exercice et très rassurantes. De quoi exploiter pleinement le potentiel de la moto sur terrain accidenté.
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