Essai - Ford Fiesta ST Line EcoBoost 140 : petite joueuse

 Ford a adopté une nouvelle stratégie assez complexe pour sa gamme de citadines : la Ka+ est montée d'un cran en termes de gabarit pour passer du segment A (des mini-citadines) au segment B (citadines polyvalentes) tandis que la Fiesta représente le haut de gamme du segment B, en différentes variantes. L'Active pour les fans de crossovers, la Vignale pour le "luxe", la ST pour les sportifs et la ST Line pour ceux qui veulent du sport, mais pas trop. A quel degré de sport doit-on cependant s'attendre à bord d'une ST Line, qui plus est avec le moteur le plus performant de la gamme en dessous de celui de la ST ? Ce fut l'objectif de cet essai.

Aux limites, et au delà, sur un (grand) circuit...

Arrivés en début de matinée sur le circuit Paul Ricard à l'occasion des premiers essais de l'évènement des 10 000 tours du Castellet, l'ambiance est déjà chaude : les Ford GT40, Ferrari 250, Shelby Cobra et autres Porsche d'antan tournent à allure soutenue sur la piste fraîche du matin alors que nous nous tenons prêts pour le briefing sécurité. Les Fiesta sont alignées dans le paddock, il ne manque désormais plus qu'à enfiler son casque, monter à bord et patienter jusqu'à ce que les derniers coureurs rentrent des essais libres pour que nous prenions place sur la piste dans une première session de deux tours sur l'immense circuit long de presque 6 kilomètres.

En attendant d'entrer en scène, je commence à me demander ce que je vais bien pouvoir faire avec une "pauvre" Fiesta sur un tel circuit. Si les suspensions sont plus fermes et courtes que sur une Fiesta normale, elles ne sont toutefois pas calibrées pour la piste. Ni les freins, ni les pneus, ni la direction, ni la boîte, d'ailleurs... Rajoutez à cela que votre serviteur ne connaît pas du tout le tracé, et vous avez une configuration idéale pour le sous-virage à outrance, les ratés de trajectoire et le mauvais choix de rapports. 

Le feu passe du vert au rouge, les mamies rentrent au stand dans un vacarme assez incroyable, c'est à nous ! Nous démarrons en file indienne derrière une Focus RS qui jouera les rôles de meneuse. Les premiers lacets sont assez faciles et mènent très rapidement à la ligne droite du Mistral, coupée au milieu par une chicane (qui sera supprimée en fin de journée pour notre plus grand bonheur : nous avons alors vérifié la vitesse max de la Fiesta, qui plafonna pour ma part juste sous les 200 km/h avant le léger freinage pour entrer dans la grande courbe de Signes). Jusqu'ici, les pneus sont un peu froids et la Fiesta ST Line montre déjà ses limites : la boîte est trop longue et le freinage un peu spongieux (mais efficace). Le deuxième tour s'enchaîne rapidement avec un rythme plus élevé et des pneus qui répondent enfin. Malheureusement, le sous-virage souvent assez prononcé (d’autant plus que l'on a tendance à vouloir arriver - trop - vite en entrée de courbe) nous rappelle que ce n'est pas une ST, mais une ST... Line.

Les sessions de 15 minutes s'enchaînent toute la journée, nous permettant ainsi de progresser. Si les pneumatiques souffrent le martyre, la bonne surprise vient du moteur qui montre finalement un bel allant. L'EcoBoost 140 ch est un excellent bloc sous le capot de la petite Fiesta : les montées en régime sont franches jusqu'au rupteur à environ 6500 tr/mn, malgré un creux (que dis-je, un gouffre plutôt, sur une piste aussi rapide !) sous les 2500-3000 tr/mn qui oblige à toujours vérifier que l'on est dans la bonne plage. Sa sonorité se montre même assez agréable. Le guidage de boîte un peu approximatif nous ramène toutefois sur terre : non, non, nous ne sommes toujours pas dans une ST (pour ceux qui se poseraient la question, la future ST n'arrivera qu'en juin prochain...) ! D'autant plus que les rapports de boîte sont extrêmement long, le 0 à 100 en 9 secondes (un chrono plutôt "décevant") en est la preuve...

L'avant-dernière session est intéressante : notre troupeau de Fiesta fut mélangé à un groupe d'autos de tous types : de la Mercedes CLK à la Ferrari F40 en passant par une Nissan GT-R Nismo et une Ferrari 599 GTO. L'occasion pour nous de doubler, à bord d'une Fiesta, tous ces conducteurs amateurs venus de différentes contrées. Ceci, non pas grâce au talent (inexistant) de votre essayeur, mais plutôt au degré d'attaque plutôt faible de cette meute de passionnés. Prendre à fond le virage juste avant la ligne droite du mistral et passer ces voitures de prestige à l'entame de la chicane était tout de même assez... spécial (première et probablement dernière fois de ma vie que je double une Ferrari F40 sur circuit) ! 

Au terme de ces essais sur piste, un bilan s'impose : les 180 Nm et 140 ch du bloc sont clairement trop justes pour un circuit aussi grand, les suspensions plongent trop sur les freinages et les changements brusques de cap, et l'auto aurait peut-être mérité d'être un peu plus légère (1144 kg annoncés sur la fiche technique), au moins pour que l'EcoBoost 140 s'exprime encore mieux. La Fiesta ST Line n'en est pas pour autant une déception, et nous l'avons confirmé par un essai sur route...

... mais excellente sur route

Nous terminons notre journée par un essai routier de la Fiesta ST Line. Si la petite à l'ovale bleu a montré assez vite ses limites sur piste, que ce soit en termes de motricité en sortie de courbe, d'adhérence, de maintien des suspensions ou de freinage, le bilan routier est totalement différent. Ce qui était un point noir sur la piste devient une vraie qualité : le confort est remarquable, et le paramétrage des suspensions est idéal : ferme, mais juste ce qu'il faut pour avoir une bonne tenue de route.

La consommation de l'EcoBoost 140 ch demeure également très raisonnable, avec une moyenne à 6,5 litres (bien loin des 16 litres de moyenne sur la piste). Finalement, le terrain de jeu idéal de cette Fiesta ST Line en 140 ch, en plus de la ville, ce sont les petites routes de col et les lacets. Ce que nous avons d'ailleurs pu vérifier dans les environs du circuit. Nous retrouvons les aspects positifs déjà évoqués dans notre premier essai de la nouvelle Fiesta, avec un des meilleurs comportements de la catégorie. 

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L'essai se termine par un petit tour du propriétaire : les jantes sont évidemment spécifiques à la version ST Line, et à l'intérieur, l'ambiance est "discrètement sportive" : l'habitacle est similaire à celui de la Fiesta classique si ce n'est la présence de rouge un peu partout (surpiqûres volant, inserts, sièges) et d'éléments comme le pédalier en aluminium ou le faux insert carbone sur la planche de bord.

Ce qui ne change pas, en revanche, c'est l'espace à bord : si les occupants de devant se sentent à leur aise, ce n'est pas la même donne pour les passagers arrière, un peu plus à l'étroit. Dommage, d'autant plus que le volume de coffre est tout juste moyen, à 292 litres, quand une Volkswagen Polo offre plus de 350 litres. La Fiesta est donc toujours idéale à conduire, mais moins accueillante que ses rivales les plus récentes.

Il n'empêche, au final, que la Fiesta ST Line avec ce moteur 140 ch est une proposition un peu unique. A 19 200 €, elle est en outre très bien placée face à des concurrentes qui, dans cette fourchette de prix, font souvent 20 ou 30 ch de moins et sont parfois moins bien équipées.