2. Essai - Kawasaki Z400 : La souris qui joue au chat
En forme de Z et Z en forme. Si le moteur n’est pas immédiatement expressif par son échappement, sa sonorité métallique et ses médiums se renforcent une fois dans les tours, tout comme la poussée résolument agréable et pour tout dire surprenante, compte tenu de sa cylindrée. Le niveau de conversation s’élève, tandis que la Z soigne son langage et y met les formes. Et la forme, même ? Une forme qu’elle tient sans aucun doute possible ! Son éducation sportive -n'oublions pas qu'elle dérive de la Ninja 400- ne manque cependant pas de refaire surface, tout comme les vibrations. Communicative, la Z400 distille son lot de chatouilles mécaniques, principalement dans le guidon et les reins. Et cette caresse du point Z, ça refile le sourire. Indubitablement. On prend goût à ces échanges variés et à cette pointe de caractère. De quoi différencier deux comportements distincts et deux manières d’être de la belle Z. Deux manières d'être avec elle aussi : calme et sûr de soi ou bien excité et aventureux. Il y a dans un premier temps les (2) pattes de velours et le ronron, avant qu’elle ne sorte les griffes et ne feule. La Z serait-elle un peu chatte ?
Econome, sauf en sensations. Il faut dire que le 400 est capable de miauler agréablement. Après 6 000 tr/min, pour commencer, puis à l’approche des 8 000 tr/min, là où se trouve la valeur de couple maximale. Les vocalises ne s’arrêtent qu’une fois passé les 12 500, soit 2 500 tr/min après le pic de puissance. Discret en ville, donc, le moteur cause et s’adapte aux desideratums. La Z est une moto coupleuse, dans la mesure où un 400 peut l’être. On apprécie sa grande souplesse et la précision de son injection. Le mode « Eco » s’affiche d’ailleurs aisément sur l’instrumentation digitale, sans nuire à l’agrément de conduite. Il signifie une conduite apaisée et une consommation réduite. Consommation déjà naturellement contenue, celle de notre essai n’ayant pas dépassé les 4,6 l/100 en cycle mixte.
Performanz. Les sensations moteur sont autant de caresses pour l’âme motarde. Une madeleine de Proust un peu plus sucrée cependant. Les plus anciens d’entre nous se surprendraient à évoquer la CB 500 première du nom, ou encore la 500 GSE ou ER5. Le « gras » en moins. En agglomération, inutile de pousser les rapports, au demeurant bien étagés. On peut même aisément rouler en 6 aux alentours de 35 km/h et repartir sans heurt. Une Z400, cela tire même assez long. La 1ere, bien étagée, envoie rapidement au-delà de 70 km/h, tandis que les rapports suivants n’auront de cesse de surprendre par la vitesse atteinte. On peut rouler sur autoroute à fond de 3 et passer la 4 sans arrière-pensée. La vitesse maximale est estimée à plus de 190 sur le dernier rapport, mais un bon 175 semble la norme la plupart du temps. Il faudra d’ailleurs s’accrocher au guidon. N’oublions pas que la base de la Z n’est autre que la Ninja 400, laquelle profite de son carénage pour atteindre, voire dépasser les 200 sur circuit.
Ferme sur ses positions. Pour autant, on roule souvent sur la force moteur, en bénéficiant de la douceur du bicylindre, de sa souplesse et de celle de la boîte de vitesse. Comme nous le notions en préambule, les rapports sont une nouvelle fois passés avec une facilité déconcertante. Stable et agile, la Z400 s’emmène d’un rien et se place tout aussi facilement. S’il est bien un point redoutable, c’est sa tenue de route. Certes, les amortisseurs sont assez fermes et il vaut mieux s’attendre à rebondir, voire riper un peu sur les bosses, mais l’hydraulique travaille très correctement et les pneumatiques sont excellentes sur le sec. Les réactions restent prévisibles, tandis que l’on s’accommode aisément de suspensions non réglables. Seule la pré charge pourra être adaptée, mais même en duo et sans ajustement, la Z400 reste rigoureuse et saine. On se surprend à passer de plus en plus rapidement, à ne jamais appréhender un déséquilibre, tout en rapprenant à emmener une moto légère. Car il est bien question de cela. On commence à jouer, à s’amuser des réactions moteur tout en exploitant pleinement la partie cycle et sa simplicité. Efficace à souhaits, la Z400 ne montre aucune faiblesse particulière, si ce n’est sa position de conduite assez spéciale et peu agréable sur long trajet. Un petit ajustement des commandes pourra s’avérer nécessaire.
Le chat qui joue à la souris . Que l’on opte pour un style coulé ou plus agressif, la Z400 s’accommode des différents types de pilotage et de profils de conducteurs. Y compris expérimentés. Elle leur offrira de la simplicité innée, un paramètre devenu rare. Sa prestation revigorante leur permettra même d’envisager une longue collaboration. Qu’ils soient amateurs de deux temps ou de moteur expressif, ils seront en tout cas convaincus par cette nouvelle Z. D’aucun appréciera également son freinage à la hauteur de la prestation globale. L’ABS intervient peu et toujours à bon escient, tandis que l’on se réjouit du frein moteur et de l’amortissement du couple de bon niveau. Tomber jusqu’à trois rapports est possible pour bénéficier du meilleur ralentissement mécanique sans même risquer le blocage de roue arrière, tandis que les relances n’en sont que plus vaillantes. Objet de divertissement ou de trajet quotidien, la Z400 balaye large quant à ses possibilités et domaines de prédilection. Économique à rouler, très sympa dans un trafic chargé, où le chat joue à la souris - et inversement - et se faufile dans le moindre trou, elle se montre également prédatrice sur route, où elle ne rechigne pas à prendre en chasse du gibier plus gros qu’elle, avec un certain succès. Certes perfectible au niveau de la présentation de son compteur ou de quelques éléments d’habillage, elle avance en tout cas de sérieux arguments et joue les chattes pour vous séduire de son ronron ou de ses jeux. Finalement, seul un long trajet sur autoroute sera désagréable à son guidon…
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