Essai - Ligier Myli électrique : l'anti-AMI à prix ennemi, mais avec autonomie
La Renault Twizy, mais surtout, la Citroën AMI, ont défriché le terrain de la voiturette électrique sans permis, accessible dès 14 ans. Ligier, le bien connu fabricant de petites voitures, se lance lui aussi sur le créneau, avec la Myli. Bien plus chère, certes, que l'AMI, elle en offre aussi beaucoup plus, avec le choix côté autonomies. Un essai décalé sur Caradisiac, de la version 8,28 kWh E.PIC.
Sommaire
EN BREF
Quadricycle léger
Accessible dès 14 ans avec permis AM
3 capacités de batterie possibles : 4,14, 8,28 et 12,42 kWh
De 63 à 192 km d'autonomie
De 12 499 € à 18 799 €
La voiturette, ce moyen de mobilité plébiscité à la fois par les personnes d'un certain âge, en zone rurale (souvent des veuves), et par les ados des zones urbaines (50 % de la clientèle), on n'en parlait pas souvent sur Caradisiac, et on n'en essayait encore moins. Mais ça, c'était avant. À l’époque des modèles thermiques, avant que la mobilité électrique ne fasse sa grande entrée sur le marché, avant que Renault ne sorte son modèle Twizy 45, mais surtout, avant que Citroën ne sorte son AMI, qui a posé une sorte de jalon sur le marché de la micromobilité électrique à quatre roues.
Du coup, On s'y est mis, et on a essayé, et même comparé la Citroën AMI. Mais il n'y a pas que nous qui nous y sommes mis. Les constructeurs historiques de voiturettes "sans permis" thermiques ont aussi rapidement emboîté le pas à Citroën, pour proposer des produits plus en rapport avec la tendance lourde à l'électrification du marché. Car oui, il n'y a pas que les autos "normales" qui s'électrifient, les voiturettes aussi désormais, avec des propositions donc chez Renault, Citroën, mais aussi Aixam (e-City, e-Coupé, e-Crossover), et désormais Ligier.
C'est donc la toute dernière nouveauté de cette marque familiale, qui produit 20 000 véhicules par an, que nous essayons aujourd'hui. La Myli, pour "My Ligier", se veut une petite auto "à la carte", que le client pourra adapter à ses besoins et à ses envies.
Comme la Citroën AMI, et contrairement aux modèles Aixam, qui sont des thermiques adaptés à l'électrique, la Myli est étudiée dès le départ pour être 100 % électrique, avec une bonne intégration de la (ou des) batterie(s), sous le plancher.
De quoi parle-t-on ?
La Ligier Myli est ce qu'on appelle communément une voiturette, ou voiture sans permis, ce qui est à la base un abus de langage. En effet, même si elle est accessible dès 14 ans, sans permis B, il faut tout de même disposer du permis AM pour pouvoir la conduire (ancien BSR). Il faut donc suivre une formation de 8h, théorique et pratique, avec apprentissage des bases du Code de la route, pour s'en porter acquéreur (pour tous ceux nés depuis le 1er janvier 1989).
Ensuite, les voiturettes, officiellement des quadricycles légers à moteur, de type L6 comme cette Myli, sont limitées à 45 km/h, le moteur ne peut dépasser 6 kW (8,2 ch), le poids ne peut dépasser 425 kg à vide hors batterie, deux places maximum et 3 mètres de long maximum.
La particularité de la Myli, c'est de proposer le choix entre plusieurs capacités de batterie, afin de répondre aux besoins de chaque client. En effet, pourquoi payer plus cher pour une grosse batterie, et une autonomie dont on n'a pas besoin ?
Concrètement, on aura le choix entre les capacités de 4,14 kWh, 8,28 kWh et 12,42 kWh. Vous l'aurez compris, c'est soit un, soit deux, soit trois packs d'un accumulateur identique.
Avec la plus petite capacité, l'autonomie annoncée est de 63 km. C'est un peu moins bien qu'une Citroën AMI, qui annonce 75 km avec 5,4 kWh de capacité, ou qu'une Aixam e-City, qui annonce 95 km avec 5,1 kWh de capacité.
Mais attention, les prix ne sont dans un cas comme dans l'autre pas du tout les mêmes. La Myli petite batterie démarre à 12 499 € avec le premier niveau de finition, quand la puce de Citroën démarre à 7 990 €. Il faudra donc que la Ligier arrive à justifier son surcoût par des prestations plus consistantes, mais nous le verrons plus tard.
Quant à l'Aixam, sa meilleure autonomie coûte cher, puisqu'elle démarre à 16 699 € !
Jusqu'à 192 km d'autonomie
La Myli peut donc améliorer son autonomie. En passant au second niveau de finition I.DEAL, on peut prendre en option le deuxième pack de batterie, qui porte l'autonomie à 123 km. L'ensemble sera facturé 14 699 €.
Les deux niveaux de finition supérieurs, E.PIC et R.EBEL embarquent d'office 8,28 kWh, et peuvent en option (contre 1 700 €) s'alourdir d'une trentaine de kilos et passer à 12,42 kWh, pour une autonomie annoncée de 192 km, ce qui est énorme pour une voiturette, et permettra des virées plus lointaines, ou de ne pas recharger tous les jours. Mais le prix devient alors tout de même très consistant (17 899 € pour la finition E.PIC et 18 799 € pour la finition R.EBEL, voir tableau).
Les prix
Version | Co2 (en g/km) | Prix |
---|---|---|
4.14 KWH G.OOD | 0 WLTP | 12 499 € |
4.14 KWH I.DEAL | 0 WLTP | 12 999 € |
8.28 KWH I.DEAL | 0 WLTP | 14 699 € |
8.28 KWH E.PIC | 0 WLTP | 16 199 € |
12.42 KWH E.PIC | 0 WLTP | 17 899 € |
8.28 KWH R.EBEL | 0 WLTP | 17 099 € |
12.42 KWH R.EBEL | 0 WLTP | 18 799 € |
On remarquera qu'arrivée à ces tarifs, cette auto, limitée à 45 km/h, coûte largement plus cher qu'une Dacia Spring électrique, une "vraie voiture", qui revient à 15 800 € bonus écologique déduit. Oui, c'est vrai. Mais il faut un permis pour la conduire... Disons que les choses ne sont pas comparables.
D'ailleurs, la Myli, en tant que quadricycle léger électrique, bénéficie elle aussi d'un bonus écologique, de 900 €, qui fait baisser un peu son tarif. Et pour finir sur les prix, on pourra aussi remarquer que les modèles Ligier thermiques, tout aussi limités en matière de performances, sont affichés tout aussi cher que la Myli. On en conclura tout simplement que... toutes les voiturettes sont hors de prix.
Mais ceci dit, qu'est-ce que cette Ligier offre de plus qu'une Citroën AMI, pour un prix 50 % plus élevé à autonomie comparable ?
Des prestations bien supérieures à celles de l'AMI, et heureusement
Ayant eu la chance d'essayer une AMI, je peux tout simplement dire que c'est comme passer de la VHS au Blue-Ray, ou du train à vapeur au TGV.
Ce n'est pas tant au niveau des performances que cela se joue. Avec son moteur de 6 kW (en réalité un alternodémarreur à courroie adapté en moteur, et fourni par Valéo), soit 8,2 ch, comme l'AMI, la Myli affiche une vivacité suffisante en ville. Elle se paye même le luxe, grâce à un poids légèrement inférieur (400 kg avec la batterie, merci le châssis tout aluminium) d'atteindre les 45 km/h réglementaires en 8 secondes, contre 10 pour la Citroën. Mais c'est finalement peu sensible. Un mode de conduite "éco" diminue les performances et permet de récupérer plus d'énergie à la décélération, et d'augmenter encore les autonomies annoncées. D'ailleurs, sur ce point, nous avions à l'essai une version E.PIC avec batterie de 8,28 kWh, donc 123 km d'autonomie théorique. Et après un parcours parisien de 25 km, il restait 93 km d'autonomie, soit 118 km en tout. Et en ayant roulé presque tout le temps "à fond". C'est beaucoup moins éloigné de la théorie que sur les VE classique.
Et ça ne se joue pas non plus au niveau du comportement routier. Il est certes un peu moins vif que celui de l'AMI, qui est un vrai kart, et son diamètre de braquage est un peu plus grand, tout en restant réduit et permettant une super maniabilité dans les petites rues, voire de se faufiler entre des autos bien plus grosses dans les encombrements. En utilisation purement citadine, l'une comme l'autre ne donneront jamais l'impression d'être en difficulté. Mais en manœuvre, grâce à la direction assistée optionnelle, la Myli est bien plus aisée à utiliser.
Une presque vraie voiture
Mais alors, où se joue donc la différence ? Eh bien, là où ça se joue, c'est qu'on a vraiment l'impression avec la Myli d'être dans une "vraie" voiture. Les suspensions sont bien plus confortables que celles de l'AMI (même si ça trépide sur les pavés), on dispose de vrais sièges plutôt que de strapontins à peine rembourrés, on a deux portes qui s'ouvrent dans le même sens, des vraies vitres, électriques en plus, une insonorisation bien meilleure, un freinage efficace et équilibré (merci les 4 disques) et puis aussi, un vrai coffre.
Et pas de petite taille en plus. Bien sûr, la Myli mesure 2,96 m de long, soit 55 cm de plus que l'AMI, mais cela lui permet d'offrir 459 litres de volume de chargement, soit une capacité digne d'une familiale !
L'habitacle est également, certes basique, mais beaucoup moins spartiate que celui de la voiturette aux chevrons. Matériaux basique, oui, finition légère oui, mais le dessin est agréable, on a en finition E.PIC des inserts couleurs carrosserie pour égayer l'ambiance, et surtout, on a des rangements, une grande boîte à gants, des bacs de portière, et un équipement qui n'a rien à voir.
En effet, on peut disposer, selon les finitions, ou les options souscrites, d'un équipement digne d'une bonne citadine thermique, avec la direction assistée (499 €), la climatisation (1 499 €), le grand écran multimédia tactile 10 pouces avec Bluetooth et connectivité Android Auto et Apple Car play, la caméra de recul, la radio numérique terrestre, les vitres électriques, le siège conducteur chauffant (199 €), le pare-brise chauffant, les jantes alu jusqu'à 16 pouces, etc. La Finition R.EBEL a même un look différent, plus baroudeur, avec capot spécifique, boucliers spécifiques et protections de carrosserie.
Pour la recharge, on a une prise de type 2, qui permet donc de se brancher sur les bornes publiques également. La puissance maxi admissible reste cependant à 2 kW, et il faut, selon la capacité de la batterie, entre 2h30 et 6h15 pour recharger complètement. Les batteries, au passage, sont garanties 5 ans.
Bref, avec la Myli, certes affichée très cher facialement pour qui se base sur le prix de la Citroën AMI, on peut rouler dès 14 ans dans ce qui ressemble à une vraie voiture. Elle n'est finalement pas plus onéreuse qu'une voiturette thermique, mais ses coûts d'utilisation seront divisés par deux annonce Ligier, entre économie sur le prix du "plein" et moindre usure des consommables.
Alors pour ceux qui ont les moyens, et pas envie de rouler dans la spartiate petite Citroën, cette Ligier sera une bonne proposition. Oui, même à plus de 15 000 €, aussi compliqué que ça puisse être à écrire...
Chiffres clés *
- Longueur : 2,95 m
- Largeur : 1,50 m
- Hauteur : 1,53 m
- Nombre de places : 2 places
- Volume du coffre : 459 l / 612 l
- Boite de vitesse : NC
- Carburant : Electrique
- Taux d'émission de CO2 : 0 g/km
- Date de commercialisation du modèle : Non communiquée
* A titre d'exemple pour la version 8.28 KWH E.PIC.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
Photos (49)
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération