2. Essai - Moto Morini X-Cape 650 : l'efficacité sans chichi
C'est donc en Corse, sur les petites routes du Sud et les chemins du cru que nous avons fait connaissance avec les Moto Morini X-Cape 650. Les ? Chacune disposait de l'une ou l'autre des options possibles, allant de la bagagerie complète à la selle basse en passant par la couronne de 48 dents au lieu de 46 à l'arrière. De quoi jouer conséquemment sur les impressions et donner du fil à retordre à votre essayeur et néanmoins serviteur. Parlons tout d'abord de ce qui ne change pas : la qualité de la partie cycle.
Même avec son amortissement simple, le trail "middle size" Moto Morini tient le pavé et le pneu à pavés, même ! Précis dans ses trajectoires, aisé à emmener, il ne rechigne jamais à prendre un angle déraisonnable et à virevolter d'un angle sur l'autre sans jamais donner l'impression de devoir passer par une phase de transition ni même de peser lourd. Excellent. Et c'est une qualité d'autant plus grande qu'il est en mesure de se faire oublier littéralement entre les jambes ou entre les mains, acceptant volontiers d'être guidé comme on le ferait avec un supermotard (paix à leur âme…). Visez, tirez du câble droit et le tour est souvent joué. Le cadre italien d'origine tient son rang et fait honneur aux productions transalpines, démontant que l'on peut être beau et efficace.
Par contre, la X-Cape 650 n'est pas la moto la plus évidente pour les demi-tours, du fait d'un rayon de braquage assez important. Élargissez un peu, déclenchez en sens inverse et surveillez le passage de la roue avant. Là encore, il ne faudra pas hésiter à la jeter un peu et à lui faire prendre de l'angle : elle sait faire ! Rapidement cela dit, la selle rappelle combien elle est ferme, invitant à bouger un peu, voire à se lever. ET si l'on allait prendre le chemin des écoliers (en enduro soft) ?
En off Road, il convient d'adopter une conduite plus mesurée et même de jouer avec la pression des pneumatiques afin de mettre toutes les chances de son côté. Faute d'un débattement suffisant malgré les 175 et 165 mm, mais surtout d'un réglage approprié, la fourche à tendance à buter et à rendre le train avant fébrile. Il convient du coup d'éviter ornières et pierriers et de favoriser des terrains plus roulants. La roue de 19 pouces est ainsi plus agréable sur route que dans les cailloux... Un comble. Heureusement, il n'est pas à redouter que les 60 chevaux ne débordent les capacités de la moto. D'autant plus que le freinage est de suffisamment bonne qualité pour se montrer à la fois agréable à l'arrière et d'une puissance plus qu'honorable à l'avant, que ce soit avec ou sans ABS. Moto Morini propose un anti blocage au choix déconnectable ou déconnecté sur nos modèles de pré série, faisant apparaître la qualité du dispositif bien connu de nos services. La centrale Bosh M 9.1 fait en tout cas bon ménage avec les disques et les étriers Brembo, tandis que les pneumatiques ne sont pas en reste niveau profil ou encore grip, malgré la fraîcheur ambiante ou les routes rendues glissantes par la pluie orageuse et même la grêle d'autre part à un moment critique de notre périple (quand on doit attraper un avion par exemple et que mathématiquement, ça ne passe pas niveau horaire).
Concrètement, le plus délicat reste à trouver ses marques avec le levier froit, réglable en écartement. Il est le seul point pouvant être amélioré dans la chaîne de freinage. La tenue en mains est moins agréable qu'un levier estampillé Brembo, et le maître-cylindre ne dispose pas d'un feeling poussé, filtrant là encore les sensations. Décidément, cette X-Cape se met à portée de tous, et pour ce faire, lisse ses réactions et sa communication avec son conducteur/pilote. Si l'on se sent de retenir son poids finalement assez haut placé, il n'y a aucune raison de se priver. Elle met à portée de pied et de main un freinage de bonne qualité, mais sans excès, faisant le job avec simplicité. D'autant plus que le caractère moteur ne vient pas vraiment les mettre en défaut. Variable, le comportement du bicylindre affiche toujours les mêmes fondamentaux, quelle que soit la transmission finale, mais élimine plus ou moins une latence. C'est là le point changeant le plus le comportement de la moto !
C'est un fait, la X-Cape n'est pas la plus capée des trails en termes de puissance, mais elle est à la fois douce et sincère dans ses efforts à bas régimes, maîtrisable et bien dimensionnée pour aller chercher le plaisir autrement que dans l'excitation d'un moteur remuant et explosif, tandis que les mi-régimes jouent sur un couple disponible amenant progressivement et plus vigoureusement vers le haut du compteur et du compte-tours (vitesse max annoncée : environ 180 km/h). Il faudra donc plus de temps pour lire la phrase précédente sans respirer que pour passer du 0 à 100.
À mesure qu'arrivent les chevaux, avec rigueur et en ordre, on profite d'un comportement plus enthousiasmant. D'autant plus que la sonorité de l'échappement charme les oreilles sans les fatiguer, donnant le change à des relances logiquement moins aisées avec la couronne d'origine de 46 dents, notamment dans les épingles. Un petit palier de 1 000 tr/min environ crée même un creux à la relance et impose de jouer de la boîte de vitesses -très agréable- et de tomber un ou deux rapports pour offrir la réaction escomptée en pareille situation ou encore afin de permettre un dépassement rapide lorsque l'on est entre la 4 et la 6. En effet, il ne prend pas aussi rapidement ses tours dans la zone des 4 500 qu'en dessous ou plus encore au-dessus des 7 000. Un phénomène nettement atténué par l'adoption d'une couronne à 48 dents.
Attention par contre au rétrogradage : c'est assez peu amorti si l'on ne décompose pas suffisamment le geste. Sinon, c'est en enroulant que l'on passera l'épreuve, sans coup férir mais au prix de quelques protestations fugaces du moteur, surtout si l'on n'entretient pas suffisamment son régime. La mécanique d'origine Kawasaki (ou du moins fortement inspirée, même sans le dire) compte donc davantage sur ses vibrations communicatives que sur ses performances brutes pour séduire, collant parfaitement à l'esprit trail originel aujourd'hui bien galvaudé par les gros cubes et la course à la puissance. Après out, on n'a pas tous besoin de rouler vite, de s'envoyer des sauts et de n'user que le pneu arrière en envoyant souvent l'avant en l'air. Les amateurs de Transalp ou de KLX apprécieront en tout cas grandement le comportement de la X-Cape, tout en savourant une esthétique à la fois moderne et suffisamment protectrice.
Le pare-brise, relevable manuellement, est en tout cas un excellent élément évitant la pression de l'air sur une grande partie du corps. Il élimine les turbulences quelle que soit la hauteur. De même, les flancs de carénage sont suffisamment protecteurs pour le temps frais. En cas de pluie ou plus encore de grêle, la forme en cuvette de la selle sera par contre sans pitié pour l'entrejambe : la remontée de l'assise sur le réservoir fait office gouttière… Glagla.
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