2. Essai sur route
Quand je disais « grimper », ce n'était pas qu'une façon de parler. Fidèle à la catégorie, la hauteur de selle culminant à 870 mm risque de gêner les plus courts sur pattes. Pour tous les autres, la position de conduite est tout à fait naturelle, bien droite, avec des cale-pieds plus bas que sur la Shiver, on est au top. Un coup sur le bouton start et le twin s'éveille dans un bruit rauque délicieux. Une nouvelle pression sur le bouton et vous passez en sélection de mode. On va laisser Touring pour l'instant, ne soyons pas trop gourmands.
Un demi-tour devant la concession pour se mettre face à la sortie, un bon coup de gaz et me voilà déjà en wheeling sur toute la longueur du parking. Combien de temps cela fait que je suis au guidon ? 30 secondes. On peut dire que c'est de la mise en confiance rapide ! Allons donc retrouver les virages de la route des Thermes pour qu'elle puisse s'exprimer sur son terrain de prédilection.
Sur le trajet, je passe en mode Rain et tout de suite, les relances deviennent lentes et calmes, parfaites pour bercer votre passager avant la sieste. Ca doit être rassurant lors des inondations mais par ce temps magnifique, c'est juste frustrant, alors illico presto, retour au monde Touring. Sur l'autoroute, bien que peu adaptée à la vitesse de pointe, la Dorsoduro vous fera très facilement sauter le permis au premier radar croisé donc restez vigilent, elle a de l'allonge. Un léger louvoiement se fait sentir à haute vitesse, donc pour les plus pressés, pensez à bien vous grouper autour du réservoir.
On arrive enfin sur du sinueux, il est grand temps de passer en mode Sport. Le mode Touring offre effectivement de bonnes relances, très souple, parfait pour le trajet maison-boulot ou pour aller chercher le pain. Mais si on veut plus de peps, il faut se focaliser sur le mode sport. Là, elle devient à la hauteur de sa tenue de combat : agressive et violente. Gros gaz sur les bouts de droit, on fait chanter le twin dans les tours et elle se manie avec aisance dans les courbes, comme avec un roadster sportif, assurant une précision et une rigidité très efficace. Avec cette cartographie, elle pousse gentiment en bas mais s'énerve vraiment au dessus de 6000 tr/min, et c'est sur cette plage qu'il faut l'emmener. Le freinage radial n'est pas un monstre de puissance mais donne un mordant très correct avec un excellent feeling.
Quand les virages deviennent serrés, on change de technique et on la couche à la façon supermot'. Dès lors, le frein devient totalement inutile, ça passe partout et à fond. On lui retrouve les qualités d'une vraie machine SM (rhooo tout de suite, bande d'obsédés), à savoir l'agilité et la vitesse de passage en courbe. Montée en Dunlop Sportmax Qualifier, elle colle littéralement au bitume et même avec le cale-pied qui râpe le sol, point de signe de décrochage. A chaque virage, on se permet un peu plus d'angle, un peu plus de vitesse, et elle répond systématiquement présent ! Quand on la malmène, elle finit par montrer des réactions un peu brutales, sur les changements d'angles notamment, mais faut vraiment y aller comme un goret. Et encore, tout reste contrôlable. C'est bluffant.
On n'est pas tout seul, quelques motards en sportives sont venus sur cette route pour travailler leurs trajectoires. L'occasion rêvée de voir si la Dorsoduro n'a d'agressif que l'habit. Alors qu'on s'apprête à partir, le gros 4 cylindres d'un ZX-9R passe en trombe devant nous, un coup de 1ère et je pars à la chasse. Je le vois au loin s'amuser à poser son gant au sol dans les courbes mais même s'il passe fort, je remonte sur lui comme une balle. Mes distances de freinages sont bien plus courtes et en essorant la poignée en sortie de courbe, le moteur me catapulte vers lui. En quelques virages seulement, j'ai refait mon retard et je suis dans sa roue. Je le vois donner des coups de regards dans son rétroviseur en se demandant quel est ce drôle d'engin qui vient lui coller aux basques.
Le virage d'après lui sera fatal, avec une corde prise un peu tôt, la Dorsoduro ne lui a laissé aucune chance. Elle lui a fait l'extérieur sur un doux bruit de raclement de cale-pied puis s'est envolé avec une virile montée de couple alors que la pauvre sportive était encore en train de se redresser péniblement. Pas de secret, sur ce type de tracé, ces bécanes légères et maniables sont intouchables. Et l'intérêt de l'hypermotard, c'est que ses aptitudes ne se limitent pas aux circuits de karting.
Faisons le point : une moto belle à tomber, un soin de finition impeccable, des équipements de qualité, facile à prendre en main, un moteur qui peut être soit pépère soit violent, très efficace dans le sinueux et tout à fait à son aise sur les routes plus rectilignes. Ajoutons à cette liste une consommation en mode "grosse arsouille" de 6 l/100 km et des intervalles de révision tous les 20 000 km, on dirait qu'on a là une belle réussite. Bien sûr, c'est moins pointu qu'un SXV 550, moins coupleux qu'un Supermoto 990 mais c'est surtout 3 000 € de moins qu'une Ducat' Hypermotard ! Sérieusement, pour 8 849 €, on peut difficilement trouver à redire sur cette moto qui distille du fun à chaque kilomètre parcouru, à part peut-être le fait que ce plaisir ne soit pas partagé avec un passager. Enfin, on a là largement de quoi réjouir bien des motards, même des plus exigeants. D'ailleurs, tous ceux qui l'ont essayé chez Méga Bike étaient ravis. Et je crois même qu'il y en a un qui cherche à vendre son Z1000 pour s'offrir une Dorso' flambant neuve… c'est dire !
Avec une telle qualité de photos, notre Shooter Mc Nico peut désormais s'afficher en public sous son vrai nom : Nicolas Muller. Merci Nico pour ces beaux clichés et merci aussi à Xavier de Méga Bike pour nous avoir permis l'essai.
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13100 AIX EN PROVENCE | |
Tel : 04 42 94 39 43 |
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