2. Husqvarna Norden 901 "Expedition" (2023) - Aussi à l'aise sur route, que dans les grands chemins !

Une légère pression sur le démarreur et le twin LC8c (53,4 kg sans huile) issu des productions KTM, s’ébroue sans faire trop de bruit… Le début de notre périple, nous fera passer par la ville de Grenoble, puis Séchilienne et bientôt Le Bourg-d’Oisans avant d’attaquer les petites routes. Un biotope, dans lequel cette mécanique n’est pas la plus souple d’utilisation. En mode de conduite « Rain » pour adoucir un peu le ressenti à la poignée, vous devrez alors vous placer sur le 4e rapport, pour repartir correctement au pas, aux alentours de 2 600 tr/min sans que le bicylindre ne cogne. En cinquième, la manœuvre est aussi envisageable, mais le twin commence alors un peu à hoqueter. De plus, si l’embrayage anti-dribble PASC (Power Assist Slipper Clutch) est très doux au levier, la boîte de vitesses, elle, n’est pas la plus onctueuse aux passages avec un Shifter qui préfère être utilisé haut dans les tours.

De son côté, la partie cycle se montre-elle plus confortable à l’exercice, avec des réglages de suspensions un peu souples. L’Husqvarna préserve alors bien vos lombaires tout au long du parcours, en gommant dans la douceur les sections pavées et les chaos de la chaussée. La bonne disposition ensuite des 19 litres d’essence positionnés assez bas, joue un rôle important dans l’équilibre de la belle. Ceci facilite la prise d’angle dans les ronds-points et vous ferait presque oublier le grand gabarit de la Norden, pas toujours très à l’aise entre les voitures.

Alors que la Rampe des Commères se profile à l’horizon (D 1091), nous passons en mode de conduite « Street » pour avoir un peu plus de répondant. Efficace et pas avare en sensation, le bicylindre de 889 cm3, 105ch et 100 Nm de couple, demande alors à être utilisé haut dans les tours pour faire ressortir toute sa vigueur. À bon train, on ressent ainsi pour commencer des accélérations toniques dans la première partie du compte-tours, bien qu’un peu linéaire sous 5 000 tr/min. Passé ce cap, vous aurez alors droit au premier effet Kiss Cool, avec une courbe qui devient plus exponentielle et plus communicative, avant d’avoir le deuxième effet passé 6 000 tr/min et un vrai sursaut de fronde jusqu’à la zone rouge. Caractériel et alors bien rugueux à la poignée droite, le LC8c sort les crocs pour attaquer les petites routes sans ménagement. Sous couvert d’une mélodie un peu métallique au moulin et de certaines vibrations (malgré les deux arbres d’équilibrage dans le moteur), la guerre est lancée. Une guerre, que vous pourrez d’ailleurs envisager durant près de 350 km vus l’autonomie de l’engin.

Dans ces conditions, la souplesse des suspensions décelée plus tôt en ville, se confirme bien vite dès l’arrivée des premières grandes courbes. Dans le confort et avec certains mouvements d’assiettes aux freinages, vous augmentez pourtant facilement le rythme. C’est que les combinés WP XPLORE, montrent ici tout leur potentiel en réussissant le pari d’une certaine onctuosité d’utilisation, sans que la machine ne perde pour autant en précision de trajectoire. À très vive allure donc, en appuis en courbe, la Norden ne prend pas ainsi de roulis excessif et garde son cap sans broncher. Homogène en courbe, la belle vous permet alors d’attaquer sans arrière-pensée, bien protégé par la bulle Touring.

C'est que niveau protection du pilote, cette Husqvarna marque aussi de très bons points. Le bas du corps et vos bottes en particulier, sont ainsi spécialement bien abrités par les carénages et le réservoir. Plus haut ensuite, c’est aussi de bon niveau du côté des gants, avec des protège mains efficaces et une large bulle qui couvrira votre essayeur jusqu’en haut du casque pour les remous d’air. Seuls vos avant-bras seront un peu livrés aux éléments. Un Paris-Marseille en casque jet écran ouvert, est ainsi largement envisageable avec cette machine.

Pour l’heure, après les virolos au-dessus du Freney-d’Oisans, c’est le tour des chemins sur les hauteurs d’Auris. Le début de notre parcours tout-terrain, qui mettra en évidence tout de suite, le bon équilibre général de la machine et son homogénéité dans les graviers. Facile à emmener sur les pistes à bon rythme, cette Norden vous met alors rapidement en confiance, en se plaçant aisément au regard où bon vous semble. L’étroitesse du cadre à hauteur des repose-pieds et la bonne ergonomie à ce niveau, vous permet alors de correctement enserrer la machine pour jouer sur les appuis. Évidemment, le grand gabarit de la bête se fait plus percevoir à basse vitesse, où la Norden fait ressentir son embonpoint dans les enchaînements trialisants. Plus à l’aise donc dans les grands espaces, cette Husqvarna montrera alors d’autres qualités de son amortissement qui donnent un peu la sensation de chevaucher un grand tapis volant. Un tapis volant, qui surferait sur le relief en le nivelant sans heurt et mauvais retours dans le guidon (merci l’amortisseur de direction !). Avec 240 mm de débattement (Norden 901 : av. 220 mm / Ar 215 mm), il en faut ainsi beaucoup pour arriver en buté des suspensions. Qui plus est, leur réglage est facilité par les molettes présentes sur le dessus des fourreaux de fourche, alors que vous pourrez régler la compression sur l’amortisseur à haute et basse vitesse. Un plus !

Niveau mécanique enfin dans les sentiers, la relative linéarité du moulin que l’on décrivait auparavant sous 5 000 tr/min est ici plus appréciable. Ce trait de caractère vous permettra ainsi, de mieux doser vos accélérations pour plus d’efficacité. Et avec 105 ch au final, vous ne manquerez jamais de puissance pour mener bon train ! Reste à aborder la question du freinage, qui embarque un ABS efficace en courbe avec son unité Bosch 9.1 MP. Sur route, l’ensemble apporte de l’attaque à la prise du levier et une bonne dose de puissance quand les décélérations sont les plus franches. Amplement suffisant ensuite dans les chemins, vous pourrez en plus passer l’ABS en mode Off-road pour envisager de grandes dérives du train arrière.