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Interview de Christian Sarron: une passion intacte...

Dans Moto / Sport

Jean Jacques Cholot

Interview de Christian Sarron: une passion intacte...

Bonjour Christian, merci de m'accorder un peu de temps. Tout d'abord, quel effet ça te fait de voir toutes ces machines qui ont fait l'histoire de la compétition moto ?


Pour moi, la moto c'est une famille, que ce soit la famille sur circuit, en compétition, ou les motards au quotidien, sur la route. C'est avant tout une passion que l'on partage, de la moto tout simplement. J'ai déjà croisé quelques vieilles connaissances et j'ai aperçu également quelques machines que j'ai piloté sur circuit.


Es-tu un nostalgique ou plutôt tourné vers l'avenir sans regarder en arrière ?


Non, je ne suis pas nostalgique, je n'ai même pas gardé pratiquement de motos anciennes. Je ne suis pas collectionneur. J'ai juste gardé une moto, mais j'ai tourné la page. J'ai beaucoup donné pendant quinze années en grand prix et puis voilà (entre temps Eric Saul nous rejoint…). Eric, qui organise un championnat d'Europe avec des motos de compétition anciennes me demande régulièrement de venir rouler…


Eric Saul : mais je ne désespère pas…


Interview de Christian Sarron: une passion intacte...


Tu es originaire de Clermont-Ferrand, ville célèbre pour ses gommes, mais aussi pour son passé motocycliste avec le MCA, les moteurs AMC, la firme GIMA, le circuit de Charade et plus récemment, l' « aventure » Voxan et GIMA. Quel est ton avis sur ce que beaucoup considèrent comme un gâchis ?


Je connais bien Alain Chevalier qui a participé à la conception de la Voxan. J'ai suivi la moto, je suis allé voir l'usine, j'ai trouvé que c'était une très belle et très bonne moto. Je regrette ce qui arrive aujourd'hui et c'est vraiment dommage. C'était une bonne initiative, quelque chose de bien fait, avec sérieux et c'est très regrettable. Au départ, il y a eu des problèmes avec les fournisseurs, notamment italiens, ce qui fait qu'il y a eu du retard de pris, etc... Je n'ai pas à juger. Personnellement, je suis toujours engagé avec Yamaha, j'ai fait toute ma carrière chez eux donc je n'allais pas m'impliquer dans la concurrence mais on déplore, même chez Yamaha, que Voxan doive s'arrêter. J'ai suivi l'évolution de la machine, je les ai encouragé et puis voilà.


Interview de Christian Sarron: une passion intacte...


Maintenant, parlons de ta carrière. Après avoir débuté en coupe Kawa, puis tu as couru sur Yamaha suite à ta rencontre avec Patrick Pons avec qui tu seras très lié. Tu ne quitteras plus la marque aux diapasons. Pour quelles raisons ?


Effectivement, j'ai commencé par la coupe Kawa puis je suis rentré chez Yamaha, enfin Sonauto, grâce à Patrick Pons qui m'avait repéré et qui m'a donné ma chance. Jean Claude Olivier a bien voulu jouer le jeu ce qui, pour moi, était complètement incroyable car j'ai débuté en 1975, je n'avais jamais mis les pieds sur un circuit avant et je me retrouve en 1976 à disputer les grands prix en 250, 350 et surtout 750. Ces dernières étaient des machines extrêmement puissantes qui prenaient déjà à l'époque plus de 300 km/h chrono. Patrick Pons, tout comme Jean Claude Olivier sont devenu des amis par la suite. Ce que je voudrais préciser, c'est qu'à cette époque là, les circuits étaient très dangereux. La plupart du temps, c'était des circuits naturels. On s'est battu contre ça. Mais les motos étaient également très dangereuses, les équipements n'étaient pas du tout comme maintenant, les dorsales n'existaient pas, par exemple, et malheureusement, il y a eu beaucoup d'accidents graves et beaucoup d'entre nous y ont laissé leur vie. Mais la course avait cela de particulier, c'est qu'on était vraiment teigneux sur la piste, on ne se faisait pas de cadeaux et on se donnait à fond et en dehors de la piste, il y avait un grand respect entre nous. C'était vraiment une grande famille. On était tous rivaux mais tous copains. Malheureusement, aujourd'hui, cela a beaucoup changé. Il y en a encore qui sont comme ça mais pas beaucoup. Revoir d'anciens pilotes, c'est pour moi à chaque fois revoir des amis, presque des frères. Voilà.


Vice champion du monde en 1983, la consécration arrivera l'année suivante, le 12 août 1984, 4 ans jour pour jour après la disparition de Patrick Pons. Obtenir le titre ce jour là doit être encore plus fort un grand prix avant la fin de la saison ?


J'ai dédié mon titre à la mémoire de Patrick Pons qui était devenu un ami très proche et qui était aussi pour moi un exemple, un modèle qui a marqué ma vie par sa noblesse dans la course. Mais c'est la vie et malheureusement, à cette époque, beaucoup d'autres pilotes français comme Olivier Chevalier, Christian Léon ou Michel Rougerie entre autres y ont laissé aussi leur vie.


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Sur la ligne d'arrivée, alors que tu n'as pas encore enlevé ton casque, un des premiers à te féliciter est bien sûr JCO, mais il y a aussi Barry Sheene. Peux-tu nous parler un peu de lui ?


Barry Sheene était tout d'abord une grande grande star internationale avec un cœur énorme. Ce qui m'a frappé chez Barry ou chez Agostini, c'est qu'ils étaient toujours très ouverts, très abordables par le public et par les passionnés. Je n'ai jamais vu Barry Sheene refuser ou tourner le dos à un passionné qui lui demandait un autographe. Il était toujours disponible, toujours là pour ça. C'était une autre époque. Pourtant, c'était une vraie star. Sur la piste, j'ai des souvenirs avec lui où on s'est vraiment tiré des bourres. A un moto journal 200, lui était pilote officiel Suzuki et moi, j'étais sur la 750cc Yamaha, on se doublait au moins trois fois par tour, et la course durait longtemps. On devait ravitailler puisque 200 milles, ça fait à peu près 320 kilomètres. On ne se faisait pas de cadeaux mais à aucun moment il y en a un qui a fait une crasse à l'autre. A la fin de la course, malheureusement, son moteur a cassé. Moi, j'étais sur le podium et il est venu me voir et il m'a dit : « super course… ». Et c'est vrai qu'on s'était vraiment bien amusé. Barry était un ami et aussi quelqu'un que je respectais beaucoup. C'était un passionné qui aimait la moto, qui aimait la course et qui aimait la vie.


A ton avis, qu'est-ce qu'il t'a manqué pour concrétiser en 500cc ? Tu étais intraitable sous la pluie, et un des meilleurs pilotes européens face à l'arrivée des américains ?


Je ne sais pas, certains ont dit ça, d'autres ont dit que j'aimais la pluie. J'aimais la conduite sous la pluie parce que ça permet d'avoir un pilotage plus coulé et j'essayais de bien soigner mes trajectoires. Quand on a un petit handicap au niveau moteur, ce qui a été souvent le cas durant ma carrière puisque je n'ai pas toujours eu les meilleures moto, hé bien il faut compenser et la pluie permettait un peu de gommer les différences.


Et qu'est-ce qu'il t'a manqué en 500 pour être champion du monde ?


D'abord, il y a eu les chutes, beaucoup trop de chutes. Si j'ai beaucoup chuté, c'était aussi pour compenser ce handicap moteur. Mais il faut savoir aussi qu'en 500, Michelin ne m'a jamais donné de pneus de développement. Mes adversaires de l'époque comme Spencer, Lawson ou Gardner avaient ces fameux pneus alors que moi pas. Et ça, très peu de gens le savent.


En 1994, tu gagnes le Bol d'Or avec ton frère et le regretté Nagaï. Encore un moment fort de ta carrière ?


Ça a été pour moi une victoire de l'équipe, une victoire de Yamaha car on avait fait beaucoup de tours en tête sur des Bol d'Or sans jamais concrétiser. Il y avait toujours un petit quelque chose qui venait se mettre en travers : crevaison, chute et puis là, cette année là, tout s'est bien passé. En plus, c'était avec mon frère et avec Nagaï.


Ensuite, tu seras directeur sportif chez Yamaha. Que penses tu de l'évolution des motos, du monde des GP et des pilotes ?


C'est un monde qui est devenu très professionnel. Il fallait que ça évolue mais là, c'est un peu trop. L'accès au paddock est interdit au public, les pilotes sont devenus inaccessibles. Je parlais tout à l'heure de stars comme Barry Sheene ou Giacomo Agostini qui étaient très disponibles. Aujourd'hui, celui qui veut avoir un autographe de Rossi, il faut qu'il se lève de bonne heure !!... Donc ça, je le déplore. Je déplore que les pilotes se soient exclus du monde des passionnés. Malheureusement, ce n'est pas propre au sport moto. C'est une évolution de la société et ça se retrouve en course.


Interview de Christian Sarron: une passion intacte...


Quelles sont tes activités actuellement ?


Maintenant, je m'occupe principalement de formation pour les jeunes et ça me plait beaucoup. J'ai toujours « un pied » chez Yamaha mais avec la conjoncture, il n'y a plus de département course. Yamaha France s'est retiré officiellement de la compétition. Ils aident quelques équipes, mais il n'y a plus de team directement engagé par Yamaha France.


De quoi est composé ton garage ?


J'ai un scooter, un T-Max, j'ai une XJR 1200 qui est « un peu » transformée, j'ai une 250 WR avec laquelle je fais un peu d'enduro mais rarement, j'ai aussi une petite 125 et j'ai gardé la moto avec laquelle Dominique, Nagaï et moi, nous avons remporté le Bol d'Or. Mais elle n'est pas chez moi. Elle est chez un collectionneur à Riom (Guy Baster ; si vous passez dans le coin, il faut absolument visiter sa collection NDR).


Souhaites-tu rajouter quelque chose ?


Je voudrai juste dire à tous les motards, que ce soit sur route ou sur piste, que la moto c'est une grande famille de passionnés et qu'il faut garder cet esprit de solidarité dans une société où tout n'est pas toujours rose. Voilà.


Merci Christian et à bientôt, en ICGP peut-être?


Rires...


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