2. Interview : Sylvie : "ils m'ont tous pris pour une folle"

Le side car ressemble beaucoup aux courses de rallye automobile. En effet, lorsque Sébastien Loeb gagne une course, on parle rarement de Daniel Elena, son copilote. Et bien, il en est de même en side-car où l'équipier est souvent oublié. Pourtant, le résultat final d'un équipage dépend aussi du travail du singe dans le panier. Pour la course de Pikes Peak, le travail de Sylvie dans le panier a donc été primordial. Elle nous raconte son aventure.

Bonjour Sylvie. Alors comment s'était ?

C'était absolument grandiose, fantastique, géant. Tout comme le pays d'ailleurs. Quand on regarde la télé, on se dit que ce que font les américains, c'est du cinéma mais non, tout est vraiment géant. Et notre course à Pikes Peak était pareille. L'accueil a été extraordinaire même si on nous a un peu pris pour des petits "frenchies" qui débarquent là-dedans. Et avec la barrière de la langue, ça ne nous a pas aidé mais finalement, on s'en est très bien sorti.

Comment cela s'est passé pour toi ?

Tout a très bien été. Pourtant, physiquement, être passagère c'est assez difficile parce que je bouge beaucoup dans le panier mais j'ai bien suivi le programme que le coach nous a donné. Sur 2 mois, j'ai fait du vélo, de la course à pied, de la muscu mais aussi tout un programme de respiration pour m'habituer au manque d'oxygène. Et finalement, lors de la course, je n'ai pas eu de souci ni même de problème pour respirer. Même lors des reconnaissances, tout s'est bien déroulé. Je pensais qu'il n'y avait que 3 montées par section mais en fait, on en a fait 6. Malgré cela, je n'ai pas souffert physiquement. Le plus dur, a été le décalage horaire et le levé à 2 h du matin pour les recos.

C'est un joli cadeau pour tes 40 ans ?

Ca c'est sûr qu'il restera gravé. Et puis humainement, c'est une superbe aventure. Même s'il a eu quelques difficultés de préparation et d'organisation, une fois que le side a été monté sur la remorque pour aller faire les premiers essais, il n'y avait plus de souci. Avec Nono, nous avons une très grande complicité et nous sommes toujours détendus.

Que ressens-tu une fois arrivée en haut ?

Le but était d'arriver là haut sans se faire mal mais finalement on se prend au jeu. Lors de la course, les sides partent 2 par 2. Au 2e virage, je me suis retournée et il n'y avait déjà plus personne. Donc je savais que l'on était très performants. Une fois arrivé là haut, c'est très fort en émotion mais nous avions un peu les boules de ne pas être parvenu à battre le record. 2s sur plus de 13 minutes c'est rien.

En quoi ton travail dans le panier a une influence sur le chrono final ?

Il est bien sûr très important. Par exemple, dans un virage à droite, si je sors trop tôt, le side perdait de l'adhérence. Je n'ai pas eu l'impression de faire des fautes mais en regardant les vidéos, on a vu des endroits où effectivement, il y aurait des corrections à faire. Mais notre avantage, c'est qu'en rallye, on ne fait jamais de reconnaissance et on roule tout à l'aveugle. Avec Nono, nous avons un feeling, qui fait que l'on n'a pas besoin de se parler.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Il y en a pleins bien sûr. Le plus émouvant je crois c'est lorsque le dimanche, on redescend après la course. C'est noir de monde parce que les gens se mettent sur la route pour te féliciter. On nous tape dans la main et on ne nous lâche plus, c'est vraiment extraordinaire. On a l'impression d'être sur les champs Élysée un lendemain de victoire en coupe du monde. Sauf que là, c'étaient nous qui défilions. C'est vraiment magique.

Quand les autres pilotes ont vu une femme dans un panier, quelles ont été leurs réactions ?

Déjà, les gens étaient surpris de voir une femme dans un side. Et puis c'était difficile de parler avec eux mais en gros, ils m'ont tous pris pour une folle en me regardant avec des grands yeux. J'ai même fait peur à des quads ou à des motos lorsque je sortais du panier dans les virages à droite. Comme je sors par devant, ça donne une drôle d'impression et certains pilotes sont allés voir Bruno en lui demandant de faire attention.

As-tu eu des moments de peur ?

Aucun. Pourtant, nous avons fait 2 têtes à queue et le ravin n'était pas loin mais je ne peux pas dire que j'ai eu peur. Et puis, les recos nous ont bien aidé. En descente, nous prenions le temps de bien tout observer pour éviter les ornières ou les cailloux. Et puis sinon, les grandes courbes tout en glisse, c'est vraiment trop bon. J'ai même fait coucou à plein de photographes en lâchant une main. Il y en a qui sont venus me voir en se disant très impressionnés.