Jerry Wiegert et son rêve de Vector
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Elle devait rivaliser avec Ferrari et Lamborghni, mais la marque américaine Vector n'a jamais réussi à prendre son envol. Malgré l'acharnement de son créateur.
Il a toujours été persuadé que l’Amérique pouvait faire aussi bien que l’Italie. Que Los Angeles valait bien Maranello ou Sant’Agata de Bolognese, et que ses autos pouvaient rivaliser avec Ferrari et Lamborghini. Cette idée fixe, il l’a eu en lui dès ses années lycée.
C’est à cette période que Gerald Wiegert gagne un concours de design. Le vainqueur remporte une bourse pour aller étudier le dessin à l’université. Il va s’y former pendant cinq ans avant d’aller faire ses armes chez Ford et GM. Mais à 26 ans, ses rêves sont beaucoup plus grands que le capot des Mustang et des Buick.
De "the Vector" à la W2
La solution est simple : monter sa propre boîte, et construire sa supercar à lui, capable de rivaliser avec les Européennes. C’est chose faite en 1971. Vehicle Design Force est né et Jerry se met au boulot. En 72, un premier concept est rapidement présenté. Il s’appelle The Vector, et l’effet waouh est garanti. L’auto ne ressemble à rien de connu, si ce n’est à une Countach, dévoilée quelques mois plus tôt. En plus, Wiegert fanfaronne au salon de Los Angeles : sa voiture disposera d’un moteur rotatif Wankel et ne coûtera « que » 100 000 dollars.
Tout le monde applaudi, le proto circule (sur sa remorque) se laisse prendre en photo, et fait la une de la presse auto. Du coup les amateurs, et les riches éventuels clients, attendent le modèle définitif. Ils devront attendre six ans, le temps qu’il faut pour changer d’option. Le Wankel devient Chevrolet. En l’occurrence un bon vieux V8 dopé par deux 2 turbos pour développer 600 ch. Sauf que ce n’est toujours qu’une auto unique, et elle s’appelle Vector W2. Un W pour Wiegert, bien sûr, et un 2 pour la paire de turbos.
Entre-temps, les affaires de l’entreprise, qui n’a toujours rien vendu, périclitent. Pas grave, Jerry en monte une autre : Vector Aeromotive Corporation naît en 1978. Mais pas la Vector de série. Pour l’homologation, il faudra attendre 11 ans de plus. En 1989, les clients peuvent passer commande de l’engin. Mais les 100 000 dollars du début de l’aventure vont se transformer en 448 000 dollars. Wieggert en fabriquera 19.
Jerry se sent alors pousser des ailes et développe un nouveau projet : l'Avtech WX-3. C’est un monstre. Le châssis est en fibre de carbone et epoxy. Au menu, trois puissances sont proposées, toujours sur une base de V8. « L’entrée de gamme » dispose de 600 ch, mais une version pimpée s’affiche à 800 ch, et le modèle premium s’offre carrément 1 200 ch.
Wiegert, à son habitude, voit les choses en très grand et expose l’engin au salon de Genève 1993 en coupé et en roadster. Mais derrière le stand clinquant, c’est la dèche. L’entreprise est au bord de la faillite, une fois encore.
Son sauveteur s’appelle Megatech. Mais les relations entre le groupe indonésien et Jerry sont exécrables et il finit par se faire licencier de l’entreprise qu’il a créée. Megatech est également propriétaire de Lamborghini à ce moment-là et décide de faire jouer les synergies entre les deux maisons.
Une Lambovector
La Vector devient un clone de la Diablo et hérite de son châssis comme de son V12. Quatorze de ces M12 sortent de la petite usine que l’Indonésien a transféré en Floride. Mais Wieggert ne l’entend pas de cette oreille. Devant les tribunaux, le dépossédé fini par retrouver ses droits, sa marque et ses actifs. Megatech, de son côté baisse les bras et cède l’entreprise à un groupe américain qui tentera de relancer Vector, sans aucun succès.
Jerry, lui, change de registre et se lance dans le développement de jet-skis, sans plus de baraka. En 2007, nouvelle tentative : il reprend les affaires de Vector en main et présente une AWX-8 qui renoue avec ses premières amours : le V8 Chevy. Elle ne verra jamais le jour. Wiegert abandonne définitivement sa création et meurt en 2021. Il avait 77 ans.
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