L'étau se desserre pour les Crit'air 3
L'INFO DU JOUR. La métropole du Grand Paris annonce que les véhicules Crit'Air 3, théoriquement interdits de circulation à partir du 1er janvier, pourront en fait rouler librement 24 jours par an en plus des week-ends. Cet assouplissement des règles concerne aussi d'autres Zones à faibles émissions à travers le pays.
En Ile-de-France, les Crit'Air 3 pourront encore circuler librement 139 jours l'an prochain. PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPP
Retour sur terre pour les dirigeants de la métropole du Grand Paris. A quelques jours de l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 au sein de la Zone à faibles émissions, on apprend finalement que ceux-ci pourront finalement circuler 24 jours par an, contre 12 jusqu’ici, grâce à un "pass 24 heures" qui fonctionnera en plus des week-ends. "Une plateforme va être créée début janvier sur laquelle il faudra se connecter pour demander le passe qui sera valable pour trois ans. En cas de contrôle par la police, celle-ci consultera la plateforme à distance pour vérifier que le conducteur est en règle", détaille Patrick Ollier, Président de la métropole du Grand Paris, dans une interview au Parisien/Aujourd’hui en France.
Cela porte à 139 jours par an la possibilité de déroger aux restrictions, lesquelles s’appliquent du lundi au vendredi de 8 à 20h, et cela concerne tout de même quelque 1,1 million de véhicules, soit 18% du parc automobile de la région (chiffres AAA Data). De plus, les véhicules Crit’Air 3 (diesels pré-2011 et essence pre-2005) échapperont aux contrôles pendant 1 an, période qui correspondra à une "phase pédagogique" durant laquelle les maires seront tenus de distribuer des livrets d’information aux automobilistes. Rappelons aussi que des souplesses reglementaires s'appliquent à de nombreux professionnels.
Pas de contrôle, donc pas de sanction
On sait par ailleurs que les contrôles automatisés censés permettre de sanctionner les véhicules "sales" circulant dans un périmètre délimité par l’A86, le périphérique francilien, ne seront pas opérationnels avant 2026. Les pouvoirs publics n’étant pas en mesure de contrôler l’application de leurs décisions, dont le non-respect expose à une amende forfaitaire de 68€, ils préfèrent donc provisoirement botter en touche, ce qui apparaît comme une décision de bon sens, n’en déplaise aux élus écologistes franciliens qui déplorent une ZFE en passe de devenir uniquement "virtuelle" du fait de sa non-acceptabilité sociale.
Ces décisions sont dictées par le sévère rabotage des aides à l’achat annoncé par le gouvernement démissionnaire pour 2025, conséquence de finances publiques exsangues. L’enveloppe globale destinée au verdissement du parc auto va se voir réduite de moitié, pour s’établir aux alentours de 700 millions d’euros. Le montant maximal du bonus s’établira à 4 000 €, et celui-ci ne concernera que les ménages présentant un revenu fiscal par part (RFPP) inférieur à 16 300 €. Ce sera 3 000 € pour un RFPP compris entre 16 300 et 26 200 €, et 2 000 € au-delà, et uniquement pour l’achat de voitures électriques produites en Europe. La prime à la conversion passe à la trappe, et la métropole du Grand Paris ne sait pas encore, compte tenu des restrictions financières qui lui sont appliquées, dans quelle mesure elle pourra maintenir ses propres aides à l’achat, qui ont concerné 9 000 dossiers pour un montant de 35 millions d’euros depuis 2019. Seule certitude dans tout cela, les voitures Crit’Air 3 vont pouvoir encore circuler librement quelques mois, voire quelques années.
Notons enfin que la métropole de Lyon, qui interdit elle aussi la circulation des véhicules Crit’Air 3 (46 800 véhicules) à partir du 1er janvier, vient de décider la mise en place d’une dérogation d’un an, et renouvelable une fois, qui permettra aux travailleurs en horaires décalés de continuer à circuler au volant de leur voiture polluante. Ces assouplissements rejoignent ceux déjà décidés à Montpellier, Strasbourg ou Marseille. Simples mesures de bon sens, finalement.
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