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2. L’interview d’Alexis, passionnant .....mais impensable

Un rappel du parcours de l’Albigeois

Veux-tu revenir tout d'abord sur la période Loncin ?


Chez Loncin je savais que ce serait un challenge difficile, j'avais signé une année plus une option pour la seconde, surtout pour travailler la 1ère année et partir dans la seconde avec de meilleures bases. C'était le meilleur choix pour moi, entre les deux années j'ai regardé si je pouvais aller dans une autre équipe mais cela n'a pas pu le faire.


La première année, malgré les résultats, j'étais content de ce que j'avais fait. J'avais progressé même si au chrono, ça ne se voyait pas parce que la moto marchait moins bien.


J'avais Jules Cluzel comme coéquipier, on se bagarrait ensemble et j'ai été le seul à marquer quelques points, quand on voit ce que fait Jules actuellement, c'est que je me donnais bien.


Il y a eu ce premier point avec cette moto au GP de France 2008, le jour de la victoire de Mike (Di Meglio) au Mans.


Qu'est-ce qu'elle avait de moins cette Loncin qu'une Aprilia « classique » ?


Le moteur moins performant, l'accélération moins bonne et donc la vitesse de pointe moins élevée. De plus la seconde année, on a cassé beaucoup, moins en fin de saison mais en GP, si tu perds une séance d'essais, tu ne te refais pas du week-enk, le retard est pris, c'est mort. Et si tu pars 25ème en 125 avec une moto moins puissante, c'est impossible de remonter.


Pour 2010, tu signes chez Ongetta, sur le papier un bon plan, avec une 10ème puis 9ème place aux 2 premiers GP.


C'était un très bon plan, ensuite le problème, nous étions 5 pilotes dans le team. Après les deux premiers GP, c'était le GP de France, je chute en qualif et je tords les tés de fourche et on ne s'en est aperçu que le week-end suivant au Muggelo, je ne comprenais pas ce qui se passait. Donc au Mans je suis 18ème sur la grille et je rate mon départ une nouvelle fois et avec ce train avant bizarre, impossible de bien faire, j'étais extrêmement déçu d'avoir raté mon GP national à cause de ça.


Après tes deux premiers résultats, tu devais être confiant ?


C'est clair, ce que les gens ne savent pas, c'est que j'avais fait de très mauvais départs, au Qatar, je pars 8 et je tourne 17ème au premier virage, et ça n'a pas été le pire. A Jerez, je suis 17 sur la grille et je tourne 28ème, pour finir 9ème en roulant plus vite que Koyama qui finit 5ème moins de 4 secondes devant moi.


Si tu ne pars pas dans le bon paquet, tu ne reviens jamais. C'est vraiment le problème que j'ai eu l'an passé, ces départs ratés au point que pendant la trêve estivale, on a fait des tests pour voir ce qui se passait, j'avais un mauvais timing entre l'embrayage et l'accélération et ma moto s'engorgeait, problème que je n'avais jamais rencontré.


Cela se jouait à rien, quelques dixièmes de seconde. Les équipes n'ont pas l'habitude de travailler sur les départs, c'était un peu bizarre pour moi avec les années de GP où je faisais de bons départs. Mais bon, on a trouvé mon problème.


La suite de la saison, ça se gâte, que se passe-t-il ?


Deux choses, j'ai eu beaucoup de problèmes mécaniques, soit par un manque de temps des mécaniciens de faire bien toutes les motos pour les 5 pilotes, soit un manque de budget, je ne sais pas exactement mais à partir de la 4-5ème course, les ennuis mécaniques sont apparus. Je me souviens de Silverstone, jusqu'au dimanche matin, pas de frein avant, je pars 17 et je me retrouve 30ème, en 2 tours je suis remonté 14ème et je m'accroche parce que, je veux faire l'extérieur à 2 pilotes, ça énerve. Une autre fois il y a quelque chose d'oublié, des casses aux essais donc tu prends du retard. Ca ne se voyait pas trop, je faisais quand même des places entre 12 et 14ème. Ajouté à mes mauvais départs, on perd la concentration.


Et aux Etats-Unis, grosse chute.


Ca, c'est vraiment dommage, l'été j'avais bien bossé avec Mike, on avait roulé sur des 600, j'avais réglé mes problèmes de départ, au retour à Brno, la moto casse à 4 séances sur 5 et en course dans un endroit rapide. Là, j'ai tapé du poing sur la table, j'ai dit à l'équipe que ça suffisait de casser sans cesse. Ca m'énervait, je bossais comme un fou et au final je rentrais à pied, c'est frustrant.


A Indianapolis, bon début de week-end dans les 10, et à la sortie des stands, je ne me sentais plus bien avec les nouveaux réglages et je tombe, je ne me rappelle plus de rien. Gros trama crânien, et la saison s'est arrêtée là en fait. J'ai voulu rouler à Misano, mais j'ai vite compris que c'était dangereux, après 3 tours, je voyais noir, je n'avais plus de sensation dans les mains, j'ai arrêté la course après 4 tours, c'était trop dangereux pour moi et pour les autres. La saison s'est arrêtée parce qu'après, ce sont des raisons financières qui sont arrivées.


Dans un milieu assez fermé, c'était connu que tu avais des soucis financiers, que c'est-il passé ?


En fait, j'ai perdu un sponsor en fin de saison, qui devait m'emmener énormément. Etant blessé, l'équipe m'a remplacé le temps que je me remette ne pouvant pas rouler, j'avais du taper fort ça a mis longtemps à revenir. Ce qui était prévu avec l'équipe, c'est que je revienne pour les deux dernières courses, Valence et Estoril, moyennant finance évidemment, devant payer mes deux dernières courses. De mon coté, je me suis démerdé comme je pouvais pour trouver ce budget qui me manquait et une semaine avant la course, on m'a dit, tu ne peux pas venir, il y a un pilote qui amène plus d'argent que toi, donc tu ne viens pas. Ca s'est arrêté là, je n'ai pas trouvé de place pour rouler les deux derniers GP.


Tu parles de finances, il semble que peu de personnes savent que beaucoup de pilotes paient pour rouler en GP.


Hé oui, moi, j'ai du amener 200 000 € que j'ai donné au team pour monter sur la moto, après je devais payer tous mes déplacements et mon hébergement à chaque GP, environ 12 000 € supplémentaires.


Comment font les pilotes comme toi pour subvenir à leurs besoins de tous les jours ?


Moi j'ai eu la chance si je peux dire, pas au niveau des motos, de trouver, ou des places gratuites ou pas trop chères, puis chez Loncin j'ai été un peu rémunéré, et je ne me suis pas acheté une belle voiture. J'ai placé cet argent, et l'an dernier, tout ce qui me restait, j'ai tout réinvesti pour payer ma saison, j'ai fait un prêt, et essayé de trouver des partenaires.


Moi, quand je dis quelque chose, je le fais, quand je m'engage sur 200 000 €, et bien j'amène 200 000 € et je me suis mis sacrément dans la mer… pour faire ça, mais après voilà, j'aime mon sport, j'aime ce que je fais, je le fais à fond.


Dans ce sport, on est au plus haut niveau, on prend de gros risques, quand je vois ma dernière course, Shoya Tomizawa meurt. Quand on est mécanicien moto et qu'on fait son boulot, on est payé, et quand on est pilote moto, on n'y est pas.


Pour rouler en GP aujourd'hui, il faut être « riche » ?


Oui, (éclat de rire malgré tout) ... ou avoir fait des résultats comme Mike ou Jules (Cluzel ). Louis (Rossi ), il n'a rien, je le félicite, il se bouge pour trouver de l'argent, et puis d'autres se paient des places à 500 000 comme Valentin Debise, ils ont l'argent et pas forcément un meilleur niveau que certains, et grâce à cet argent, ils ont le temps d'apprendre et de progresser. Ca ne dévalorise pas Valentin pour autant, mais il faut mieux avoir un bon portefeuille qu'un bon coup de gâchette.


Jonas Folger était ton coéquipier, il finit 14ème et sera chez AJO cette année, ça t'inspire quoi ?


Déjà, je suis content pour lui parce que c'est un gars bien, il fait une fin de saison relativement correcte. Il connaissait à mi-saison son avenir 2011, il a eu la chance de passer par la Red Bull Académie, et c'est Red Bull qui paie sa place chez AJO. A Valence, Jonas me l'a dit, si Red Bull ne me paie pas ma place, je rentre en Allemagne faire du 600. Ce n'est pas difficile que pour les Français, mis à part les Espagnols ou un peu les Italiens, mieux vaut être Indien, Malaysien ou quelque chose qui sorte de l'ordinaire, sinon, c'est le chéquier.


Il y a quelque chose qui ne va pas, Zarco finit 11ème du 125, c'est pas normal qu'il paie encore sa place, il doit encore passer par là, quand je suis arrivé en GP, les 10 premiers ne payaient plus leur place.


Tu gagnes des courses, tu ne paies pas, si tu fais des podiums, tu as des chances de ne pas payer, au-delà si tu trouves quelque chose de gratuit, c'est merveilleux. C'est une belle maison ou une moto.


Pour 2011, avais-tu l'espoir de repartir en GP ?


En décembre non, c'était fini, j'avais fait un trait dessus, et début janvier, c'était presque fait, ça s'est joué d'un rien. Chez KTM m'ont fait une proposition très très basse, comparé à ce que j'avais vu avant, il me fallait trouver un budget de 60 000 €, et je l'avais trouvé. Avoir une proposition où l'on te demande « seulement » 60 000 €, on a l'impression d'être valorisé.


Et à une demi-journée près, un pilote Japonais a amené un budget plus important, j'avais demandé 2 jours, en disant dans 2 jours je vous rappelle, et c'était trop tard, ils avaient signé le matin.


Tu repars donc en championnat de France Supersport.


Rien n'est fait pour le moment, Sport-Bike en a fait l'annonce, je suis dans une situation difficile, à cause du fait que je me sois endetté l'an dernier. Je ne peux pas amener d'argent, ni avancer d'argent, je suis à la recherche d'un budget pour mes pneus, soit 20 000 €.


Je me suis trouvé des partenaires cet hiver, mais je dois payer mes pièces de casse, mes déplacements, et pour les pneus, je n'ai pas encore. Si je ne trouve pas ce budget, je ne vais pas rouler cette année tout simplement.


Michelin ne peut pas me fournir, Dunlop ne semble fournir personne, il reste Pirelli s'ils veulent faire un geste.


Espères-tu encore revenir en GP à très court terme ?


Mon seul objectif c'est les GP, revenir en championnat de France, ça me fait drôle sans dénigrer le niveau de ce championnat. J'ai beaucoup de contacts en GP, de nombreuses personnes ont confiance en moi et savent que j'ai du potentiel, mais les teams aujourd'hui si je n'amène pas de budget, ne peuvent pas me faire rouler. Pour l'instant c'est fini, je ne fais pas une fixation là-dessus, mais l'objectif, le top, ça reste les GP et être champion du monde. Mais si je peux rouler et vivre de la moto, ce serait déjà bien.


Le mondial Superbike ou Supersport, ça te dirait ?


Oui, bien sur, c'est un championnat du monde aussi, je ne les connais pas bien ces championnats.


Je n'ai presque pas roulé en 600, le championnat de France, je ne m'attends pas arriver et tout faire péter. Si j'y roule, avec des gars comme Vincent Philippe, Olivier Four, Gines, etc, ils sont affutés grave, des années de roulage en 4 temps, ils connaissent les circuits par cœur, ont de l'expérience, je ne compte pas arriver et tout exploser, j'ai trop peu roulé sur ces motos. Ma plus grosse expérience sur des 4 temps, ça a été la semaine dernière sur une 1000 d'endurance avec LMS. Je suis le 4ème pilote du team, on a roulé à Montpellier.


C'est complètement autre chose mais ça s'est bien passé. Je veux encore aller trop vite, trop loin, trop large, il faut que j'adapte mon pilotage. J'ai été aussi rapide qu'Anjolras et Napoléone sur la 1000, voir un peu plus, mais ils n'étaient pas forcément à leur maximum, on n'était pas en championnat.


Si je trouve l'argent pour les pneus, je me lance en championnat de France, si non, c'est impossible.


Merci Alexis, on ne peut qu'espérer que tu puisses rouler cette année et te revoir en mondial à ta place dès 2012.


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