La question qui tue – Visiter le Mondial de l'Automobile, est-ce un acte militant ?
L'édition 2016 du Salon de Paris s'ouvre dans un contexte particulier. Constructeurs absents, mesures anti-voitures… Se rendre au Mondial semble plus que jamais nécessaire pour rappeler aux marques et politiciens que les Français aiment l'automobile.
Paris accueille le salon automobile le plus visité au monde. Pendant deux semaines, plus d'un million de personnes devraient se presser dans les allées du Mondial. Mais contraste étonnant : Paris est devenu une ville anti-voitures.
Les portes de l'édition 2016 s'ouvrent quelques jours après l'organisation de la 2e Journée sans voiture et surtout juste après le vote de la piétonnisation de 3,3 km de voies sur berges rive droite. L'agenda officiel de la Maire, Anne Hidalgo, ne prévoit d'ailleurs (pour l'instant) aucune visite au Mondial. Il en est de même pour ses adjoints.
Que la place de la voiture dans une ville congestionnée soit réduite, soit. Mais le discours d'Anne Hidalgo reste globalement autophobe. Et il est en de même pour la majorité de nos dirigeants politiques, pour qui la voiture est une vilaine chose polluante, dangereuse et source de bouchons. D'ailleurs, plus d'un Français sur deux pense que l'auto est évoquée de manière négative dans le débat public.
Joli programme
Il y aura sûrement un changement de ton cette année, période électorale oblige. Ces hommes et femmes en campagne vont se découvrir à nouveau une passion éphémère pour la voiture, ayant en tête le fait que l'industrie automobile a un lien en France avec plus de deux millions d'emplois.
Jean-Claude Girot, le commissaire général du Mondial de l'Automobile, nous avait confiés à la rentrée qu'organiser cet événement dans une ville qui n'aimait plus l'automobile avait quelque chose de particulier. Mais ce n'est certainement pas sa principale préoccupation.
Le grand nombre de constructeurs qui ne viennent pas au Salon est un plus gros souci. À quel point la non-présence d'une dizaine de marques, dont des poids lourds du secteur comme Ford, peut influencer sur le succès du Mondial ? Comme nous l'écrivions il y a quelques semaines, les absences peuvent être le début d'un cercle vicieux : visiteurs moins intéressés, fréquentation en baisse, constructeurs qui hésitent à participer en 2018…
Le constat n'est donc pas encourageant. Mais pas question de sombrer dans la déprime, le Salon est une fête. Le programme des réjouissances, bien que marqué par quelques trous, reste très intéressant et mérite le déplacement. Cette année, visiter le Mondial a presque des airs d'acte militant. « Touche pas à mon auto ».
Les absents ont toujours tort
D'une part, un beau score de fréquentation rappellerait à nos dirigeants que nous aimons conduire. Ils peuvent le reconnaître sans en avoir honte ! Ils ne pourront jamais s'empêcher de voir la voiture comme un tiroir-caisse, mais rien ne leur interdit de dire que la voiture peut être un bel objet, source de plaisir et d'évasion, sans que cela ne passe pour une grossièreté.
D'autre part, un succès populaire du Salon prouverait aussi aux absents qu'ils ont toujours tort et que le marché français n'est pas à négliger. Si Bentley et Lamborghini peuvent s'en remettre de ne pas être à Paris, une marque comme Mazda, qui ne bénéficie pas de la meilleure des notoriétés chez nous, pourrait regretter de ne pas montrer ses modèles à plus d'un million de personnes. La réussite du Salon 2016, c'est aussi s'assurer de la tenue d'un Mondial 2018 et donc de la pérennité d'un grand show international en France.
Comme un sondage l'a récemment révélé, près de 9 Français sur 10 aiment l'automobile. C'est le moment de le prouver en allant Porte de Versailles !
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