Lancia Kappa Coupé (1997-2000) : baroque et raffinée, dès 7 000 €
Design original, moteur V6 Alfa Romeo, châssis typiquement Lancia, la Kappa coupé cumule les atouts mais n’a pas connu le succès. Aussi rare que sophistiquée, cette italienne se déniche encore à prix intéressant.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Lancia Kappa Coupé est-elle collectionnable ?
Dernier coupé fabriqué par Lancia, la Kappa est pour cette simple raison collectionnable. Mais elle ajoute dans la balance de superbes moteurs, surtout le 5-cylindres turbo et le V6 Alfa Romeo, des liaisons au sol peaufinées et une belle qualité de fabrication. En somme, c’est un peu l’apogée des Lancia modernes, que rend encore plus désirable la rareté du modèle, dans la lignée des coupés Flaminia et Gamma.
Après une Gamma anéantie commercialement par ses problèmes de fiabilité, Lancia a magnifiquement redressé la barre. Sa berline Thema, lancée en 1984, s’est taillé un joli succès grâce à ses grandes qualités et son design – dû à Giugiaro – réussi. Mais, contrairement à sa devancière, elle ne se déclinait pas en coupé. Lancia ayant une longue histoire avec ce type de carrosserie, il est décidé d’en doter la descendante de la Thema. Dévoilée au salon de Paris 1994, elle se dénomme Kappa. Malheureusement, elle déçoit quelque peu par le dessin assez pataud de sa carrosserie, due au studio de Design IDEA.
Un choix assumé par le constructeur, qui a par ailleurs soigné l’habitacle de sa grande berline. Celle-ci se pare par ailleurs d’une nouvelle génération de moteurs à 5 cylindres, fabriqués dans l’usine de Pratola Serra, non loin de Naples. Variant de 2,0 l à 2,4 l en essence, ils développent de 147 à 175 ch, tandis que le 2,4 l diesel s’en tient à 124 ch. On trouve aussi un virulent 2,0 l turbo Lampredi, similaire à celui de Delta Integrale, offrant 205 ch ainsi que le fabuleux V6 Alfa Romeo, en 3,0 l et 204 ch. Le châssis n’est pas en reste puisqu’il utilise la suspension arrière inventée par Lancia, composée de jambes de force ainsi que de tirants transversaux et longitudinaux, une épure utilisée sur les Gamma, Delta et Thema. Trois finitions sont proposées sur la Kappa, toutes dotées du double airbag, de l’ABS et des 4 vitres électriques. La LE, la LS, qui ajoute notamment la clim auto et les jantes alliage, et la LX dotée de la sellerie cuir à réglages électriques, de la radio CD et la direction à assistance variable. Réussite technique, la Kappa ne rencontre pourtant qu’un succès moyen, mais Lancia n’a pas dit son dernier mot. Il ajoute à la gamme un très beau break SW en 1996 ainsi qu’un coupé en 1997.
Développé en interne sous la direction d’Enrico Fumia, il se signale par sa poupe ciselée, où le couvercle de coffre et les feux sont en renfoncement par rapport aux ailes. Les portières se passent d’encadrement et il n’y a pas de montant central, ce qui a obligé les ingénieurs à raccourcir l’empattement de 12 cm, afin de préserver la rigidité de la caisse. En ressort un profil un peu curieux, certainement moins équilibré que celui de la berline mais pas inintéressant d’autant que ses lignes de caisse sont cintrées.
Uniquement disponible avec les 2,4 l, 2,0 l turbo et 3,0 l essence, uniquement conjugués avec les variantes LS et LX, il coûte nettement plus cher que la berline (+ 24 000 F). Les prix s’échelonnent de 234 000 F en 2.4 LS (soit 48 100 € actuels selon l’Insee) à 269 600 F en 3.0 LX (55 400 € actuels), cette dernière étant uniquement livrable en boîte automatique à 4 vitesses ZF. À titre indicatif, une Peugeot 406 Coupé V6 Pack auto coûte 246 300 F.
Certes moins cossue, la française propose une ligne autrement réussie, de sorte qu’elle se vend infiniment mieux que la Kappa Coupé. Modifiée dès 1998, celle-ci troque alors son 4-cylindres 2,0 l turbo contre un 5-cylindres de même capacité (celui du Coupé Fiat), mais développant 220 ch, alors que dans l’habitacle, le faux bois n’est plus mat mais verni et l’équipement enrichi (régulateur de vitesse, GPS…). La Kappa Coupé termine sa carrière en 2000, produite en tout à 3 271 unités. Petit score, 3 000 exemplaires annuels ayant été prévus…
Combien ça coûte ?
Malgré sa rareté, la Kappa coupé demeure très abordable. À 7 000 €, on s’offre une 2,4 l, contre 7 500 € à une 2,0 l turbo, alors que la V6 exige 9 000 € minimum. On parle là d’autos en bel état mais totalisant plus de 200 000 km. Pour des exemplaires restant sous les 150 000 km, ajoutez 2 000 € aisément, voire 4 000 € pour qu’ils ne dépassent pas les 100 000 km.
Quelle version choisir ?
Aucune n’est à rejeter. Pour un usage calme, la 2,4 l convient très bien, les 2,0 l turbo s’adressant aux amateurs de performances fumantes. La 3,0 l V6, raffinée, constitue un milieu intéressant.
Les versions collector
Toutes, à partir du moment où elles se présentent en parfait état d’origine. Même à gros kilométrage, vu leur rareté.
Que surveiller ?
Fort bien fabriquée, la Kappa Coupé ne souffre pas de gros problèmes. Ses moteurs se révèlent très endurants, même si les suralimentés demandent à voir leurs temps de chauffe et de refroidissement scrupuleusement respectés, surtout le Lampredi. Sinon, on risque une casse du turbo, voire des soucis de coussinets de bielles sur ce dernier. Le 20 soupapes souffre pour sa part d’un collecteur d’échappement fragile. Tous exigent un changement de courroie de distribution avant 80 000 km (voire 40 000 km sur le 4-cylindres), ce qui revient aisément à 1 500 €. Sans oublier des vidanges en temps et en heure avec la bonne huile. Moyennant quoi, ils dépassent tous les 200 000 km sans ennui.
Pas de souci particulier à relever par ailleurs, hormis quelques pépins électriques. Peinture, habitacle et suspensions vieillissent bien, mais ne sont, évidemment, pas inusables. Attention à la disponibilité de certaines pièces…
Au volant
J’ai pu prendre le volant d’un coupé V6 automatique de 1998, affichant moins de 90 000 km. Une rareté ! La ligne passe bien mieux en vrai qu’en photo : elle se révèle en fait plutôt équilibrée et forte en caractère, tout demeurant discrète et élégante. À bord, on retrouve le tableau bien réalisé de la berline, alors que malgré l’empattement raccourci, les places arrière s’avèrent très spacieuses.
À l’avant, on est assis un peu haut dans le siège assez confortable à réglages électriques, mais la position de conduite dominante qui en découle demeure plaisante. Au démarrage, le miracle du V6 Alfa a encore lieu : quelle mélodie que celle de ce moteur ! En ville, la Kappa régale par sa douceur de conduite, à laquelle contribue la boîte auto, mais sur route, surprise. On retrouve un comportement typiquement Lancia, c’est-à-dire précis et plutôt vif, assez étonnant pour un coupé à vocation bourgeoise.
La suspension, plutôt ferme mais jamais inconfortable, contribue à ce dynamisme, tout comme la direction légère mais suffisamment consistante et informative. Sur autoroute, la Kappa file comme guidée par un rail et en silence, sans bruits d’airs parasites, malgré les vitres sans encadrement.
Besoin d’une reprise ? On enfonce l’accélérateur, la boîte rétrograde sans se faire prier et une belle poussée intervient, non pas linéaire mais progressive, typique du V6 Alfa, toujours fort en caractère. Bref, voici un coupé dynamiquement très efficace, performant, vif et confortable, auquel il ne manque qu’un régulateur de vitesse. Surtout, quelle exclusivité ! Côté consommation, comptez 11 l/100 km en moyenne, ce qui reste raisonnable quand on connaît la gourmandise du moteur Busso.
L’alternative youngtimer
Lancia Gamma Coupé (1977-1984)
Bien plus élégante que la berline dont elle dérive, la Gamma Coupé a pourtant comme elle été dessinée par Pininfarina. Vendue en France uniquement avec un flat-four 2,5 l de 140 ch (un 2,0 l de 115 ch était proposé en Italie), cette belle latine régale par son excellent comportement routier et ses belles performances, même si la sonorité n’a rien de raffiné.
Seulement, jusqu’en 1979, la fiabilité du moteur est très incertaine, la faute notamment à une courroie de distribution qui saute parfois quand on démarre roues braquées. Les ennuis seront progressivement éradiqués, mais pas assez vite pour empêcher la réputation de la voiture de sombrer. Le léger restylage de 1981, apportant une injection électronique, n’y changera rien : la Gamma est un échec commercial. 6 789 unités en 7 ans, pas de quoi pavoiser. À partir de 7 000 €.
Lancia Kappa Coupé V6 (1997), la fiche technique
- Moteur : V6, 2 959 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : Triangles, jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; jambes McPherson, bras transversaux et longitudinaux, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 4 automatique, traction
- Puissance : 204 ch à 6 300 tr/min
- Couple : 270 Nm à 4 500 tr/min
- Poids : 1 515 kg
- Vitesse maxi : 220 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 9,8 s (donnée constructeur)
> Pour trouver une Lancia d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* La Kappa 3.0 V6 de cet essai, une première main, est à vendre : appelez Thomas au 06 32 58 18 60
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