2. Le grand vainqueur

Après les premiers roulages sur le sec en amont de la phase finale de l’élection de la sportive de l’année puis ces deux journées souvent arrosées et de longues délibérations, il a donc fallu choisir. La BMW M2 ? Malgré un sérieux niveau d’efficacité sur circuit, de vraies bonnes sensations de pilotage et un confort d’amortissement plus que correct sur la route, la « petite » Allemande échoue en si bonne compagnie à cause de son caractère moteur moins généreux que celui de la M4, son addition élitiste et sa masse qui n’a plus rien à voir avec celle de la 1M originelle.

La Honda Civic Type R ? Il s’agit assurément de la plus performante des compactes tractions actuelles, comme le prouve son excellent chrono sur la piste club de Magny-Cours uniquement battu par la Renault Mégane RS Trophy-R disparue du catalogue et dotée de son très coûteux Pack Record avec des jantes en fibre de carbone hors de prix et des pneus plus radicaux. Malgré sa merveilleuse boîte manuelle aux débattements courts (la meilleure de tout le marché ?), il lui manque tout de même ce petit plus en caractère qui lui permettrait de s’imposer face à des machines bien plus sensationnelles ici. D’autant plus que l’ancienne était plus savoureuse sur ce plan.

Les chronos sur Magny-Cours (Club)

La M3 CS ? Jamais une BMW M3 n’avait atteint un tel niveau d’efficacité sur circuit (merci les Michelin Pilot Sport Cup 2 sur le sec) tout en se montrant à la fois joueuse et passionnante à piloter. On parle ici de l’une des meilleures berlines ultra-sportives de tous les temps, mais au prix d’un Porsche Cayman GT4 RS. Elle fait partie des meilleures surprises pour le jury cette année mais ne rentre pas dans la case des machines qui ont marqué tout le monde autant que les deux autos les plus appréciées de cette sélection.

L’Audi R8 GT ne fait pas non plus partie de ces deux machines ayant déchaîné toutes les passions du jury. L’Allemande possède toujours un V10 dont le caractère et les performances le placent parmi les plus beaux moteurs de toute l’histoire de l’automobile. Elle offre aussi un comportement dynamique franchement joueur mais malgré son positionnement « radical », elle se montre moins rigoureuse et performante que les déclinaisons à quatre roues motrices (R8 Performance en tête). Pour nous, il ne s’agit pas de la meilleure des R8 et elle rate donc le coche.

Alors, encore une année Alpine ? l’A110 R s’est montrée extraordinaire sur la piste Club lors du très relevé roulage nocturne, où elle mettait tout de suite en confiance tout en procurant un plaisir de conduire maximal. Dans ce cadre-là, elle s’imposait comme la meilleure machine à pousser à fond. Mais ses sensations de pilotage et ses performances restent aussi très proches de celles de l’A110 S, avec seulement un vrai avantage sur la route où son amortissement spécifique fait merveille. Pour nous, les plus de 30 000€ de différence avec cette dernière ne se justifient pas entièrement.

Nous voilà donc arrivés à la partie la plus difficile : choisir entre la Porsche 911 GT3 RS et la Chevrolet Corvette Z06, les deux machines ayant déchaîné toutes les passions du jury. La première respecte la longue tradition de ces 911 atmosphériques affutées au maximum pour la piste. Son flat-six à la sonorité frissonnante « plafonne » désormais en performances pures face aux blocs des machines les plus puissantes du marché, mais elle fait des miracles dès qu’il faut tourner le volant grâce à un arsenal aérodynamique délirant, des réglages châssis plus fins que jamais et une réelle impression de conduire une machine de course.

La seconde brise justement toutes les traditions : celle du gros V8 à deux soupapes par cylindres et culbuteurs, mais aussi du moteur avant que la Corvette conservait depuis sa toute première mouture. La Corvette C8 Z08 cache une mécanique qui n’aurait pas juré du tout sous le capot d’une Ferrari 458 Italia, un bloc atmosphérique capable de prendre 8 600 trs/min à la sonorité altière et mélodieuse, même étouffée par les FAP de la version européenne qui lui font perdre plus de 35 chevaux. L’Américaine surclasse la Porsche au tour chrono sur la piste, la bat en ligne droite et procure elle aussi de superbes sensations de pilotage au sec sur circuit en pneus semi-slicks (quoi que beaucoup plus filtrées). Surtout, elle peut jouer les vraies GT façon Audi R8 à l’inverse de l’Allemande grâce à un amortissement remarquablement souple et un intérieur presque luxueux !

La surprise était tellement éclatante pour cette Corvette surdouée qu’au nom de Caradisiac, j’ai décidé de lui donner notre voix. Le reste du jury a préféré sacrer la Porsche et je comprends tout à fait ce choix qui récompense la pistarde la plus accomplie de toute l’histoire de Porsche, une auto capable à la fois de faire progresser son pilote tout en l’enivrant avec un moteur sublime et sans jamais faiblir. Une certaine idée de la perfection pour ceux qui aiment la conduite automobile, en quelque sorte, même s’il s’agit hélas d’une auto infiniment moins accessible que l’Alpine A110 S victorieuse l’année passée. Reste qu’il faut bien rêver de quelque chose dans la vie et on espère que, comme nous, vous allez continuer à vous passionner longtemps pour ces autos à la mise au point si spéciale et aux sensations inoubliables. Parmi vous, d’ailleurs, on compte au moins un heureux propriétaire de cette Porsche 911 GT3 RS désormais auréolée du titre de « Sportive de l’année Motorsport 2023 ».