Le passage à l’électrique est acté, mais…
…beaucoup de travail reste à accomplir pour disposer d’un réseau de charge à la hauteur des ambitions, notamment sur long trajet.
Que cela plaise ou non, l’électromobilité s’imposera demain comme la norme. On compte plus de 1,1 million de véhicules électriques ou hybrides rechargeables en circulation dans le pays, dont près du tiers (346 000) ont été écoulés au cours de la seule année 2022, représentant au passage 18,3% des immatriculations de voitures neuves, contre 2,6% trois ans plus tôt.
On relève au passage que les 100% électriques, dont les ventes ont crû de 26,1% l’an dernier, dominent les hybrides rechargeables, en baisse de 10,4% sur la période.
S’agissant de modèles encore onéreux, et dans un contexte de pénurie de semi-conducteurs qui ralentit les livraisons de voitures neuves, on voit que la dynamique de l’électrification est bien là, soutenue par une offre qui s’élargit et, ne l’oublions pas, par de généreuses politiques d’aide à l’achat.
Mais vendre des voitures électriques est une chose, et alimenter celles-ci en énergie en est une autre. Au 31 décembre, l’Hexagone comptait 82 107 points de recharge ouverts au public. Si ce chiffre traduit une hausse de 53 % en un an, on est donc toujours en-dessous de l’objectif gouvernemental de 100 000 points de charge à la fin 2021.
L’Avere-France, association qui accompagne et promeut le déploiement de l’électromobilité, se veut toutefois rassurante : « Plus de 25 000 points de recharge sont sortis de terre en un an, soit plus qu’entre 2016 et 2020. Autre comparaison pertinente : entre 4 et 5 000 points de recharge étaient installés, par an, entre 2014 et 2020, tandis qu’environ 50 000 points de recharge ont été mis en place entre 2021 et 2022. Mais il nous faut maintenir l’effort afin de répondre aux besoins des utilisateurs », commente Clément Molizon, Délégué général de l’Avere-France. « Le passage massif à l’électromobilité sera notamment conditionné par la qualité du réseau de recharge et la facilité qu’auront les utilisateurs à brancher leurs véhicules électriques. »
Selon les projections de l’Avere-France, il faudra entre 330 et 480 000 points de charge ouverts au public d’ici à 2030, contre 82 000 aujourd’hui.
L'autoroute au coeur des préoccupations
Des chiffres encore timides par rapport aux besoins estimés par LCP Delta, cabinet européen de recherche et de conseil spécialisé dans la transition énergétique, qui estime lui que 650 000 bornes devront être présente sur le territoire d’ici là pour répondre aux besoins.
Et selon cet organisme, c’est sur autoroute que beaucoup reste à faire : « le plus gros frein à l’achat, c’est la peur de perdre du temps à recharger sur la route des vacances. On n’a pas envie d’attendre 2 heures lors des grands départs », tranche Arthur Jouannic, Directeur du Bureau Français de LCP Delta, interrogé par Caradisiac. « Le retour qu’on a, en France comme partout en Europe, c’est qu'il est encore très compliqué de recharger sa voiture électrique sur autoroute. Beaucoup de choses se font, mais pas assez rapidement au regard du potentiel de ce marché. »
Face un marché des voitures électriques qui accélère dans l'Europe entière, l’été 2023 constituera d’ailleurs LE premier grand test global pour l’électromobilité longue distance (du moins pour les électromobilistes ne circulant pas en Tesla, marque qui dispose d'un réseau de charge largement étoffé et fonctionnel). Pour ma part, et même si j'ai bien observé récemment que les aires d'autoroutes s'équipaient, j’éviterai malgré tout de voyager en électrique les jours de grands chassés-croisés l'été prochain...
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