Le président de Brembo Alberto Bombassei alerte sur l'électrification des gammes automobiles
Alberto Bombassei est le président de l’enseigne Brembo, spécialisée dans le dispositif de freinage des véhicules. Et il s’inquiète de l’accélération du monde automobile vers l’électrification des gammes des constructeurs à qui on a fait fondre un fusible. Il prévient du danger de cette ruée qui risque de donner les clés du marché à la Chine. Un avis d’autant plus intéressant que le même est également président de la Fondation Italie-Chine depuis juin 2018.
Alberto Bombassei n’a donc rien de viscéral contre l’empire du milieu. Mais la situation actuelle l’inquiète. Dans les colonnes de Tuttomotoriweb, il explique son point de vue sur les voitures électriques. Une voix dans le désert qui dit aussi tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais parler ainsi, c’est aussi politiquement s’exposer… Jugez-en : pour lui, les moteurs diesel actuels sont plus respectueux de l'environnement. Il regrette le fait que personne ne s'oppose aux lobbys de l'électricité qui élimine l’Europe du centre de l’industrie manufacturière, pour mieux y installer la Chine
Il déclare : « en Europe, si nous arrêtions de produire des machines à essence ou au diesel et que nous fabriquions plus que de voitures électriques, nous perdrions un travailleur sur trois. La batterie et 60% de la valeur de la voiture. Un million d'Européens n'auraient plus d'activité professionnelle ».
Le président de Brembo poursuit : « l’Europe a inventé le diesel. En Allemagne, en France et en Italie, cette spécialisation de la production s’est construite au cours des soixante dernières années. Comment est-il possible que nous ne réalisions pas que, dans leurs dernières versions, les moteurs diesel polluent globalement moins que les moteurs hybrides ? ».
Selon Bombassei, l'introduction de moteurs électriques, en plus d'être très coûteuse en termes d'emploi, n'apporterait aucun avantage réel en termes de pollution : « personne ne s'oppose aux lobbys de l'électricité, formés principalement par ceux qui produisent et distribuent de l'électricité. En Allemagne, même les Länder allemands préconisent des règles de plus en plus restrictives pour le diesel. Les mesures gouvernementales prises dans les pays ne prennent en compte ni l'impact environnemental réel des moteurs de dernière génération ni la fourniture d'électricité à partir du réseau. Pas plus que l’élimination des batteries ».
Il va plus loin en évoquant les équilibres des marchés national, européen et international : « la déclaration de guerre de la Chine pour la primauté de l'électricité est de plus en plus évidente. Une primauté qui se traduit par l’influence de Pékin sur les pays du tiers monde où se trouvent les matières premières permettant de produire des moteurs et des batteries ».
Le patron regrette un processus qui se réalise trop rapidement : « rien de si radical ne s'est jamais produit dans l'industrie automobile. Nous nous sommes tous trompés. Aucun de nous n'a pensé qu'il pourrait y avoir une telle accélération. Sans cette précipitation, nous pourrions être prêts dans dix ans Mais il n’y a pas de temps. Nous travaillons avec tous les grands groupes allemands pour préparer les freins des voitures qui ne seront pas disponibles avant cinq ans. L'un des trois constructeurs automobiles allemands prépare actuellement 30 modèles, notamment hybride et électrique. Les Allemands investissent, embauchent. Mais j’ai parfois l’impression qu’il manque de souffle : on les pousse à occuper tous les espaces possibles, sans savoir à quoi ressemblera le marché dans cinq, dix ou vingt ans ».
Il termine : « pourquoi, si l'industrie européenne repose sur l'industrie allemande et si l'industrie allemande se concentre sur la voiture et si l'industrie automobile est basée sur le diesel, l'Union européenne n'a-t-elle rien fait pour la défendre par rapport à l'électricité ? Une fois encore, l'Europe se révèle être un géant industriel et un nain politique ».
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération