Leapmotor : Carlos Tavares se justifie
Invité sur le plateau de l'émission politique L'Évènement sur France 2 ce jeudi soir, le patron de Stellantis a bien entendu été interrogé sur sa rémunération, mais aussi sur l'accord qu'il a signé en début de semaine avec le constructeur chinois.
S’il est un reproche que l’on ne saurait adresser à Carlos Tavares, c’est de refuser l’obstacle médiatique. Encore et toujours, il s’explique, même sur les sujets qui fâchent et ils sont nombreux. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à s’exposer au feu des critiques politiques et journalistiques de l’émission L’Évènement sur France 2 ce jeudi soir, consacrée à l’élection européenne du 9 juin prochain.
Une rémunération indexée sur les résultats à 90 %
Juste après l’invitée principale Marine Le Pen, le patron de Stellantis s’est notamment retrouvé face à Aurélien Pradié de LR, et Clémence Guetté de LFI. La gigantesque rémunération du franco portugais ne pouvait pas, évidemment, leur échapper. Mais, très étonnamment, l’attaque frontale n’est pas venue d’où on l’attendait, puisque c’est le député Les Républicains du Lot qui a interrogé le directeur général du groupe sur la répartition des valeurs dans son entreprise.
Une question que Carlos Tavares a quelque peu esquivée tout en reprenant sa défense habituelle. « Ma rémunération est indexée à 90 % sur les résultats de l'entreprise » a-t-il indiqué, tout en décochant des flèches à la concurrence : "si les résultats de Stellantis avaient été les leurs, mon salaire aurait été plus réduit ». Pour autant, il n’a pas évoqué la baisse récente en bourse des actions de son groupe.
Mais Carlos Tavares a aussi, et surtout, essuyé les feux de la critique en raison de sa récente signature d’un accord avec le Chinois Leapmotor. Stellantis va distribuer et produire des modèles du constructeur (troisième plus grosse marque non traditionnelle du pays) dans le monde entier, hormis chez lui. De quoi laisser les observateurs dubitatifs à l’heure ou l’on peut s’effrayer de l’emprise chinoise sur l’automobile occidentale.
Alors le patron de Stellantis s’est voulu rassurant, en indiquant que « toutes les voitures exportées par Leapmotor le seront à travers une entreprise contrôlée par Stellantis ». Une réponse étonnante, puisque l’accord prévoit une coentreprise cogérée par les deux entités.
Leapmotor permet à Stellantis d'apprendre plus vite
Il a également justifié cet accord en invoquant un gain technologique. Selon lui, le fait de distribuer et de produire des Leapmotor, « permet d’apprendre plus vite, tout en faisant du profit ». Le beurre de l’intégration de nouveaux process chez Stellantis, et l’argent du beurre des marges sur les autos chinoises fabriquées et vendues.
Mais quelle est son opinion sur l’offensive chinoise en général, et sur les ripostes que lui opposent l’Europe et les États-Unis ? Pour lui, la taxe de 100% sur les importations de l’Empire du milieu mises en place par Joe Biden est un « gros piège ». Selon Carlos Tavares, le protectionnisme est isolationniste et créer de l’inflation pour le pays qui se retranche dans sa bulle. Une position, et une conséquence, qui n’est pas forcément partagée par tous les économistes.
En revanche, il est un point sur lequel la plupart d’entre eux tombent d’accord, c’est le pouvoir européen, ou plutôt son manque de pouvoir. Pour le patron de Stellantis, l’UE ne peut pas concurrencer ni la Chine ni les États-Unis, « si on ne franchit pas une étape de consolidation supplémentaire ». Une ode au fédéralisme loin d’être unanimement partagé sur le plateau.
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