Législatives : les ZFE bientôt remises en cause?
Faute d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale les projets du gouvernement en matière automobile risquent d’être fortement contrariés, à commencer par la mise en place des ZFE.
Avec 89 sièges pour le RN et 131 pour la Nupes, la coalition présidentielle Ensemble (245 sièges) va devoir composer avec des vents contraires, mais souvent convergents, dans le cadre du travail parlementaire.
Les débats s’annoncent houleux sur tous les grands thèmes du moment, de la réforme des retraites à la santé en passant, du côté automobile qui intéresse Caradisiac, à la mise en place des Zones à faibles émissions (ZFE) qui ont concentré contre elles un tir nourri durant la dernière campagne présidentielle.
Ainsi, tant le RN que la gauche fustigent cette mesure, qui pour Jean-Luc Mélenchon s’apparente à un « séparatisme social ». Marine Le Pen ne dit pas autre chose quand elle qualifie d’ « infâmie » l’interdiction des voitures diesel ou trop âgées dans les grandes villes.
On relève au passage que les Républicains, minoritaires avec 61 élus, partagent ce point de vue. Pendant la campagne présidentielle, Xavier Bertrand, porte-parole de Valérie Pécresse avait dit redouter que « les ZFE (et l’interdiction du diesel) nous mènent vers les “gilets jaunes” puissance 10 ».
Cette première unité de points de vue entre RN et Insoumis se complète d’une autre concernant les aides à l’achat.
La députée du Pas-de-Calais, dont on ignore si elle va rester favorable à la suppression des taxes sur le carburant qu’elle appelait encore de ses vœux au printemps, porte l’idée d’un prêt allant jusqu’à 1 000 € pour passer sa voiture au bioéthanol E85, carburant moins onéreux grâce à une taxation allégée.
De son côté, le leader insoumis plaide pour que la décarbonation du secteur automobile s’accompagne d’un accompagnement des foyers modestes, ce qui se traduirait notamment par la mise en place d’aides proportionnelles aux revenus des ménages.
En tous les cas, les deux leaders d’opposition sont d’accord sur le recours au carnet de chèques pour soutenir la transition écologique du parc automobile.
Le Pen au radar
Globalement, la gauche s’intéresse assez peu à la question automobile, contrairement au RN. Et si l’on se replonge dans les déclarations de Marine Le Pen sur le sujet, c’est prometteur pour la suite des événements. « Tout les Français savent que les radars ne sont pas là pour empêcher les accidents mais ils sont là pour remplir les caisses de l’Etat, voilà !», assénait-elle au micro de RTL en 2014, réduisant les cinémomètres à un « impôt supplémentaire habillé lutte pour sauver des vies. »
Favorable à une suppression pure et simple des radars, Marine Le Pen est aussi partisane d’un retour des autoroutes dans le giron de l’Etat. « Nous sommes confrontés à une véritable spoliation des Français. Cela permettra de faire baisser de 10 à 15 % le prix des péages, de livrer un milliard et demi d’euros par an au budget de l’Etat et ainsi permettre la mise en œuvre de politiques de réaménagement du territoire. »
Rappelons toutefois à la nouvelle candidate à la Commission des finances de l’Assemblée (ça date de ce matin) que la dénonciation des contrats liant l’Etat aux sociétés concessionnaires représenterait un coût évalué à 40 milliards d’euros. Et dans le même temps, précisons que les péages représentent une manne importante pour les pouvoirs publics : sur 10 € dépensés par l’automobiliste, 3,8 € sont des impôts et taxes.
Après l’euphorie de résultats permettant au RN de former enfin un groupe parlementaire, ce qui lui donne un poids politique plus important au sein du Palais-Bourbon, le plus difficile commence : soutenir une politique de mobilité réaliste, qui tienne compte à la fois des impératifs budgétaires et de la réalité climatique. Avec, comme évoqué plus haut, l'éventuel renfort de la gauche avec qui existent des convergences en matière de défense de pouvoir d'achat.
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