Les bilans 2024 - Olivier Cottrel : " sur l'électrique, séduire plutôt que d'imposer "
Spécialiste de l'actualité moto et scooter, Olivier Cottrel suit également attentivement le monde automobile. Une double casquette qui permet d'avoir une vision globale de tout ce qui roule sur les routes de France.
- Ta voiture coup de cœur ?
La future Mercedes CLA, que notre ami Manuel Cailliot nous a fait découvrir il y a quelques jours seulement, encore dans une version « prototype ». La troisième génération du coupé 4 portes allemand devrait être présentée au printemps prochain, avant une commercialisation espérée dans la foulée. Avec une autonomie annoncée de 750 km et 272 chevaux à disposition, le modèle allemand, a de sérieux atouts pour se faire une place sur ce segment du marché auto, reste à connaître son tarif.
- La voiture qui t'a déçue ?
Le Renault Scénic de nouvelle génération. En dehors de toute considération technique, ce qui me gêne le plus est son évolution façon SUV. Pour moi, le Scénic est l'incarnation du monospace, du véhicule familial. Le voir se transformer en modèle « à la mode » pour céder aux diktats du marketing est à mes yeux un non-sens. Cela semble une habitude du côté de Renault, qui a fait renaître les mythiques R4 et R5 dans la foulée, sans toutefois renier leur ADN pour ces deux modèles-ci. Pour le Scénic, la transformation se fait plus radicale, signant la fin des monospaces familiaux au bénéfice de SUV, souvent décriés, mais qui inondent aujourd'hui un marché auto de plus en plus formaté.
- Le modèle 2025 que tu attends avec impatience
Plus qu'un modèle précis, je dirai que j'attends avec impatience l'arrivée sur le marché des voitures électriques plus abordables financièrement. Pour convaincre les utilisateurs de passer à l'électrique et relancer le marché auto, il faudrait que les constructeurs soient plus en phase avec la réalité de celui-ci. Avec des tarifs prohibitifs pour une bonne partie de la population, les véhicules électriques restent encore trop chers à l'achat. L'arrivée de la Citroën e-C3, de la Fiat Grande Panda ou de la Volkswagen ID.2 toutes annoncées sous les 25 000 euros, prouve que ce marché n'est pas réservé aux véhicules chinois et pourrait contribuer à la démocratisation des voitures électriques moins « exotiques ».
- Dans l’actualité auto, qu’est-ce que t’a le plus agacé ?
L'électrification à marche forcée, avec des modèles peu en phase avec la réalité du marché. Les voitures électriques sont encore trop chères pour la majorité des foyers français, tout en ne répondant pas à leurs besoins. Un décalage qui devrait s'estomper au fil du temps avec des modèles moins chers et plus performants, mais qui va encore demander du temps. La réalité du marché auto actuel me semble encore déconnectée avec les volontés politiques et les ambitions commerciales des constructeurs. Si transition il y a, elle ne pourra être imposée. Il faudra séduire en cohérence avec les moyens des utilisateurs et leurs besoins. Ce qui n'est aujourd'hui pas le cas.
- Anne Hidalgo va partir : ton commentaire…
Ne vivant pas dans la capitale, mon regard est extérieur. Réélue par les Parisiens pour un second mandat lors des dernières municipales il me semble que l'édile a fait ce qu'elle avait annoncé lors de sa campagne, poursuivant sa politique anti véhicules motorisés, à l'image de la mise en place du stationnement payant pour les deux-roues. La désignation anticipée de son successeur, le sénateur Rémi Féraud, pour les prochaines élections municipales ne devrait donc pas changer la donne quant aux illusions sur la politique qui sera mise en place par la suite en cas d'élection. Les Parisiens décideront alors de leur avenir, feront leur choix entre les différents projets proposés pour l'avenir de leur ville. Pour tous les Franciliens, il faudra alors s'adapter, encore une fois.
- Le départ de Carlos Tavares : dommage ou tant mieux ?
Entre les polémiques entourant sa rémunération astronomique et la gestion du scandale des moteurs PureTech, Carlos Tavares a sans doute écorné l'image de Stellantis auprès du grand public, et peut-être plus grave encore, la confiance des clients envers les différents produits des marques du groupe. En marge, sa politique de réduction des coûts a vraisemblablement créé un malaise au sein même de l'institution Stellantis, des ingénieurs aux revendeurs. Son départ, pourrait donc contribuer à repartir sur d'autres bases, à condition de proposer des véhicules adaptés au marché actuel, fiables, et qui sauront redonner confiance aux clients. Il en va de l'avenir du groupe.
- Quand passeras-tu à l’électrique ?
Je suis déjà passé à l'électrique avec un modèle qui correspond à mes besoins : la Citroën e-C3. Profitant de l'opportunité de l'obtenir pour quelques années à moindre coût, j'ai franchi le pas sans a priori sur les véhicules électriques. Véhicule utilitaire, la petite citadine convient exactement à mes besoins quotidiens, qui sont relativement modestes en termes de kilométrage parcouru, combinant simplicité et accessibilité. Rechargeant à domicile, le coût d'utilisation de cette voiture reste bien en dessous d'un équivalent thermique. Et pour me faire plaisir, j'enfourche la moto.
- Ton souhait auto pour 2025
Que le marché auto (et moto dans une moindre mesure) soit plus connecté à la réalité. Vouloir imposer la mobilité électrique à une société qui n'est pas prête, quelle qu'en soit la raison, ne peut aboutir à un résultat satisfaisant. Je suis toujours plus adepte du " convaincre " et " séduire " plutôt que " d'imposer ".
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