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Les coûteuses conséquences du « giga-casting »

Dans Economie / Politique / Budget

Julien Bertaux

Le « giga-casting » est un procédé industriel qui vise à réduire fortement le nombre de pièces de carrosserie notamment. Cette nouvelle voie qu’empruntent les constructeurs automobiles ne sera pas sans conséquences pour le porte-monnaie des automobilistes, et voici pourquoi.

Les coûteuses conséquences du « giga-casting »

Il s’agit d’un mode de production récent permettant grâce à une très grande presse (ou giga-presse) de produire un élément qui habituellement en nécessite plusieurs. Tesla en a inauguré le principe avec la Model Y puisque la partie arrière du châssis regroupe 70 éléments sous un seul bloc en aluminium. Pour la firme, cette technique permettrait un gain économique de l’ordre de 40 % !

Avec un tel chiffre, l’idée fait son chemin dans le monde de l’automobile. Tesla pourrait également l’utiliser pour son Cybertruck, mais d’autres constructeurs y réfléchissent tels que Cadillac ou Zeekr. Toyota et Hyundai sont également intéressés par ce type de production. Cependant, une étape intermédiaire, nommée « mega-casting » devrait avoir lieu pour certains constructeurs.

Si ce procédé va dans le sens des industriels, ce n’est pas dans l’intérêt du consommateur final, l’automobiliste. La Feda (Fédération de la distribution automobile) alerte sur cette pratique en mettant en avant une étude réalisée par les assureurs. Elle indique que la réparation d’un choc arrière important sur un Peugeot 2008 coûte actuellement 12 154 € pour 6,5 jours de travail. La même intervention sur ce modèle conçu par méga-casting serait facturée 15 402 € avec 11 jours de travail.

En plus d’un coût plus élevé de la réparabilité, c’est aussi son taux qui serait impacté. Devoir remplacer un sous-ensemble complet plutôt que quelques pièces impactées pourrait rendre une voiture économiquement irréparable : le coût de la réparation est plus élevé que la valeur de l’auto. Il faut donc s'attendre également à voir grimper les primes d'assurances des modèles fabriqués de la sorte.

Une tendance de fond

Si Tesla pousse ce procédé à son maximum, la réduction du nombre de pièces et du temps de production est en pleine tendance. Lors de son dernier Capital Market Day accès sur Ampère, Renault a précisé que lorsqu’une voiture classique nécessite environ 2 400 pièces, la Mégane E-Tech en utilise 1 100 et que la prochaine génération se limitera à 700 pièces. Le but affiché du group Renault est aussi une réduction des coûts de l’ordre de 40 % d’ici à 2027/2028.

La Feda estime que « le giga-casting, synonyme d’amélioration des marges pour les constructeurs, ne doit pas se traduire par des conséquences négatives sur l’environnement ni sur le budget des consommateurs. » Elle en appelle le gouvernement à « encadrer au plus tôt, par voie législative ou réglementaire, ce processus de fabrication pour éviter la généralisation des méga-pièces et l’avènement de la voiture jetable. » Cependant, de nombreux constructeurs semblent déjà séduits par les fortes économies que cela engendre. Difficile d’imaginer qu’ils fassent marche arrière.

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