Les tops/flops 2023 de la rédaction (8/11)
La fin d’année/début d'année est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro. Chaque jour pendant cette période des fêtes, les journalistes de la rédaction de Caradisiac vous font part de leurs enthousiasmes et de leurs coups de griffes. Aujourd’hui, Manuel Cailliot, chef de rubrique occasion et essayeur, vous donne son top/flop 2023.
Mon top : le leasing social pour les voitures électriques
Ce top "2023" est en fait un top "2024", mais annoncé en 2023... Depuis le premier janvier de cette année, les ménages les plus modestes ont accès à des modèles électriques en leasing (location avec option d'achat, ou location longue durée) pour moins de 100 € par mois. C'était une promesse de l'exécutif. Promesse désormais tenue. Et c'est pour moi une bonne nouvelle. Et je ne suis pourtant pas un défenseur fervent de la mobilité électrique, disons plutôt un défenseur prudent.
Alors bien sûr, on peut lui trouver plein de défauts à ce "leasing social". Le premier d'entre eux étant le nombre de dossiers très limités qui seront acceptés en 2024 (20 000 seulement), le second les conditions drastiques à respecter pour pouvoir en bénéficier (moins de 15 400 € de revenu fiscal de référence par part, une distance de plus de 15 km entre domicile et travail ou plus de 8 000 km effectués par an de manière professionnelle, par exemple), le troisième le nombre très restreint de modèles proposés, etc., etc.
Mais la formule proposée par le Ministère de l'écologie, si on la regarde dans le détail, est tout de même hyper intéressante pour ceux qui y sont éligibles. Une durée de 3 ans, renouvelable une fois d'ailleurs, une assurance décès/invalidité/perte d'emploi incluse, la possibilité parfois de racheter l'auto en fin de contrat, et surtout, un kilométrage annuel inclus fixé à 12 000 km, ce qui est la moyenne des Français, voire un peu plus.
Et qui est surtout plus élevé que beaucoup de contrats précédemment proposés par les constructeurs (souvent 10 000 km maximum). Le pire en la matière étant Peugeot, qui certes avait pu proposer des loyers pour la e-208 à 150 € par mois (ce qui était peu à l'époque), mais avec 6 000 km annuels et un km excédentaire à 0,07 €... Et il fallait bénéficier du super bonus de 7 000 € et de la prime à la conversion pour faire baisser un premier loyer à 12 650 €. Ici, l'apport est de 0,00 €.
Bref, avec ce leasing social, sponsorisé par l'État (oui, je sais, l'État, c'est nous tous...) jusqu'à 13 000 €, certains constructeurs arrivent à proposer leur petit modèle électrique à partir de 70 € par mois (la future ë-C3 électrique), voire 40 €/mois pour la Renault Twingo e-Tech (entretien inclus !). Imbattable. Ce qui pourra permettre aux ménages les plus modestes d'accéder à une auto, pour bien moins cher qu'avant, et pour bien moins cher que n'importe quel leasing sur n'importe quelle voiture thermique.
En vérité, un seul vrai regret me concernant : ne pas être éligible. J'aurais certainement sauté sur une ë-C3 à 70 €, ou même une Mégane e-Tech un peu plus chère, mais plus polyvalente. Bon, je ne me plains pas non plus de ne pas être éligible...
Mon flop : les autoroutes "sans péage"
Après une expérimentation sur l'A4 au niveau de la barrière de péage de Boulay, les premières vraies autoroutes sans péages, ou plutôt, bien entendu, sans "barrières de péage" (elles ne sont pas devenues gratuites, hein, ce serait trop beau...) sont en train de voir le jour.
La première d'entre elles est l'A79, entre Montmarault/Montluçon dans l'Allier et Digoin en Saône-et-Loire. Un tronçon de 88 km sur lequel les automobilistes n'ont plus besoin de s'arrêter pour entrer et sortir du réseau autoroutier. Suivront l'A13, l'A14, peut-être l'A4. Avant une généralisation à tous les réseaux ?
Sur le papier, l'idée est séduisante : pas d'arrêt, pas de redémarrage, donc moins de pollution. Et puis, pas de perte de temps.
Mais dans les faits, on est loin de l'idyllique. Et ces premières expériences concrètes cristallisent un réel mécontentement, tout à fait compréhensible. Car ce qui devait être simple, ne l'est en réalité pas.
Ok, on ne s'arrête plus, mais... On paye comment ? Il faut pour cela soit : 1/ posséder un badge de télépéage, qui on le rappelle n'est pas gratuit. Chez Ulys par exemple, le plus connu, c'est 2 euros par mois (sauf à ne réaliser aucun trajet sur autoroute dans le mois). Chez Bip&Go, c'est 1,70 € par mois circulé ou 16 euros par an. Chez Fulli, 1,70 € par mois circulé.
Ou alors : 2/ on s'inscrit avec sa plaque d'immatriculation sur le site de l'exploitant et on relie son compte en banque pour les paiements. Opération à répéter donc sur le site de chaque réseau de concessionnaire à emprunter.
Ou sinon ? Eh bien sinon : 3/ on doit payer au cas par cas chaque trajet sur le site internet de l'exploitant, dans les 72 heures. Ou bien : 4/ s'arrêter sur une aire de service de l'autoroute, et payer à l'une des 16 bornes disponibles pour régler par carte bancaire, ou en espèces. D'ailleurs, c'est la seule solution pour payer en espèces.
Belle solution pour un système qui prône l'avantage du "sans s'arrêter", n'est-ce pas ? Oui mais avec option "je sors sur une aire, je dois trouver une place pour me garer, sortir de ma voiture, avant de payer et repartir. Gain de temps : moins 5 à 10 minutes minimum...
Et si on ne paye pas dans les 72 heures (tolérance de 15 jours pour le moment, mais destinée à disparaître), on reçoit à domicile un avis de paiement, mais assorti d'une indemnité forfaitaire de 90 €. Au bout de 60 jours, le dossier est transmis à un Officier du Ministère Public, et l'amende peut grimper à 375 €. Depuis un an que cette portion est en service, ce sont plus de 180 000 usagers qui ont reçu un avis de paiement, dont 80 000 assortis d'une amende. Certains d'entre eux sont rouge colère, estimant que la signalisation n'est pas claire : ils n'avaient pas conscience d'être sur une portion autoroutière payante. D'autant que les itinéraires alternatifs non payants sont pour le moins mal indiqués.
Et quid des trajets effectués en voiture de location ? Et quid des véhicules en plaque étrangère ? Et pire, en cas d'usurpation de plaque, un phénomène qui risque fort de prendre de l'ampleur d'ailleurs, est-ce que ce sera aussi compliqué de se défendre que pour les autres infractions ?
Bref, un système qui de mon point de vue pose plus de problèmes qu'il n'en résout. Il fait par contre à coup sûr le bonheur des sociétés exploitantes, car l'investissement est bien moindre, et les frais de personnel réduits à presque zéro.
Mon souhait pour 2024 : arrêter d'emmerder les automobilistes
J'ai conscience de paraphraser un de nos anciens présidents. Pompidou disait en effet à Chirac en 1966 qu'il fallait "arrêter d'emmerder les Français", je limite ça aux automobilistes.
Prix du stationnement qui explose un peu partout, Zones de faibles émissions qui se mettent en place lentement mais sûrement, même si heureusement on fait un peu marche arrière à leur propos, ou qu'on ralentit. Mais aussi prix des péages qui vont augmenter encore d'environ 3 %, les primes d'assurance qui augmentent à cause du prix des réparations en hausse, le malus qui augmente encore et qui n'est plus plafonné à 50 % du prix de la voiture, les restrictions de circulation pour les Jeux Olympiques, le périphérique parisien qui pourrait passer à 50 km/h avec une voix réservée aux transports en commun et au covoiturage (avec radars à la clé).
Sans compter le prix des voitures neuves qui augmente toujours, la Loi Montagne qui impose de disposer d'équipements spéciaux lorsque l'on roule (ou traverse !) une zone concernée (dernière année de tolérance avant les PV). Ou enfin les errements toujours en cours concernant les limitations de vitesse sur départementales (80 ou 90 km/h ?).
Bref, les automobilistes sont écartelés, ce sont plus que jamais des vaches à lait pour les pouvoirs publics. Il faut revenir à plus de bon sens, de tolérance et de mesure. Sinon, ça va finir par péter !
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