Les tops/flops de la rédaction (5/14)
La fin d’année est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro. Chaque jour pendant cette période des fêtes, les journalistes de la rédaction de Caradisiac vous font part de leurs enthousiasmes et de leurs coups de griffes. Aujourd’hui, Pierre-Olivier Marie, rédacteur en chef adjoint, vous donne son top/flop 2022.
Mon top : l’automobile se réinvente
On aura beaucoup glosé sur le caractère trop électrifié du Mondial de l’automobile 2022, mais cela illustrait le fait que le mouvement vers le « zéro émission » est désormais enclenché.
Or, l’enjeu du moment est l’électrification de masse, laquelle va pouvoir prendre des formes variées. On pense notamment à la Citroën Ami, qui malgré des prestations limitées s'est écoulée à plus de 30 000 exemplaires dans 9 pays d'Europe depuis son lancement fin 2020. Cet engin minimaliste montre la voie à suivre, qui est celle d’une simplicité légère et accessible que l’on retrouve d’ailleurs à travers le concept-car Citroën Oli, dévoilé à l’automne.
On pense aussi à la Dacia Spring, petite voiture low-cost écoulée à près de 33 000 unités entre janvier et novembre, soit presque 3 000 de plus que la Renault Zoé. Et que dire de MG, dont les tarifs serrés donnent des sueurs froides aux constructeurs généralistes ?
Il y a donc une véritable demande pour des véhicules accessibles. Les marques doivent en conséquence lutter contre cette manie du « toujours plus » qui les amène à présenter des tanks surmotorisés, suréquipés, et bien trop lourds pour prétendre à quelque efficience énergétique. La généralisation d’énormes batteries de 100 kWh n’est pas la solution.
La réalité de l’automobile est ailleurs. Elle se situe dans les trajets du quotidien qui représentent la quasi-totalité des usages. On verra apparaître dans les prochains mois et années des véhicules simples, propres et sûrs, dont la légèreté est la clé du rayon d’action. On peut et on doit faire confiance aux constructeurs automobiles pour travailler en ce sens. L’automobile commence tout juste à se réinventer, et on n’en est qu’au début.
Mon flop : électrique des villes contre diesel des champs
Oui, l’automobile est source de pollution atmosphérique. Oui, il est compréhensible que les pouvoirs publics cherchent à tordre - un peu - le bras à des automobilistes qui ont trop tendance à l’utiliser pour de très courts trajets, au détriment de leur propre bilan carbone et de la congestion du trafic dans les centres-villes.
Telle est donc la raison d’être de la mise en places des Zones à faibles émissions mobilité, ou ZFE-m, qui favorisent les mobilités dites « douces » (oui, on parle bien des cyclistes et trottinettes qui multiplient les infractions au code de la route) et réglementent sévèrement la circulation des véhicules considérés comme les plus polluants.
Onze de ces ZFE-m sont actuellement déployées (Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Reims et Saint-Étienne), et l’objectif est que les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants disposent de la leur d’ici 2025.
Seulement voilà, cela signifie que les véhicules arborant les vignettes Crit’Air 5, 4 et 3, toujours très prisées sur le marché de l’occasion, risquent a minima voir leurs accès limités en cas de pic de pollution.
Cela signifie aussi que les moins fortunés d’entre nous, qui ne peuvent s’offrir les véhicules récents considérés comme « propres » (ou moins sales), vont progressivement se voir interdits d’accès aux centres-villes, appelés à devenir des sortes d’archipels pour riches.
Il y aura d’un côté les automobilistes qui ont les moyens, et de l’autre ceux des classes populaires pour qui l’automobile est indispensable au quotidien, qui roulent en diesel parce que c’est moins cher à l’usage et parce que les pouvoirs publics ont favorisé pendant des années cette technologie qu’ils vouent maintenant aux gémonies.
Les moins aisés se verraient en quelque sorte dépossédés de ces territoires auxquels ils n’ont plus librement accès. On se dirigerait donc vers une fracture sociale pure et simple.
Or, ce mouvement va totalement à l’encontre de la démocratisation opérée depuis le début du XXème siècle par cette merveilleuse invention qu’est l’automobile.
Mon souhait pour 2023
Des bornes électriques plus nombreuses en ville, et qui ne soient "squattées" ni par des propriétaires de voitures thermiques indélicats, ni par des voitures hybrides rechargeables ou électriques qui jouent les prolongations alors même que leur plein d'électrons est terminé depuis longtemps. Bref, juste un peu de savoir-vivre, sans me bercer de trop d'illusions malgré tout.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération